Le pacte germano soviétique (par le blog PCF des Pyrénées atlantiques)

mercredi 22 mai 2019.
 

L’objectif de ce travail sur le Pacte Germano soviétique est de rétablir la réalité historique sur cet évènement ou du moins tenter de s’en approcher en combattant tous les mensonges que l’idéologie bourgeoise nous enseigne comme LA vérité...Car nous avons pu nous apercevoir que bien souvent la vérité historique a été tronquée voire cachée, dissimulée, falsifiée par les dominants et leurs représentants pour ne pas éveiller le peuple, la classe travailleuse sur les aspects sombres de notre régime « démocratique » (entendre ici démocratie bourgeoise) et sur les soi- disant « régimes totalitaires communistes » qui seraient l’égal du nazisme.

Le pacte germano-soviétique signé le 23 août 1939 fait partie de ces traits d’histoire modifiés par les classes dirigeantes pour discréditer les communistes mais aussi pour faciliter la rapprochement nazisme= communisme. Pour la bourgeoisie, l’URSS aurait signé un « traité d’alliance » avec le IIIème Reich (il ne s’agit en fait que de non agression), en faisant son « allié », notamment pour la « conquête » de la Pologne...Ceci bien sûr jusqu’à ce que Hitler lance son opération offensive sur l’URSS en juin 41 date à laquelle l’URSS aurait alors rejoint les « alliés », le bon côté. Cette version pourtant bien ancrée chez tous les hommes vivant dans nos puissances occidentales ne semble pas être vraie, car l’histoire a été tronquée, on oublie de savoir ce qu’il s’est passé avant le pacte, quel était le véritable contexte historique...Quelles ont été les relations entre URSS démocraties, URSS- Reich et Démocraties- Reich ? En analysant ces 3 relations, on se rend compte que l’Urss n’a pas eu le choix si elle voulait ne pas subir les attaques fascistes voire impérialistes...Ce pacte de non-agression lui a permis l’armement et la préparation de ses défenses permettant ainsi la victoire finale et totale sur le nazisme...N’Est-ce pas le conservateur et anticommuniste anglais, Churchill qui affirmait dans son ouvrage sur la Seconde Guerre Mondiale :

« Le gouvernement soviétique était convaincu, à la suite de l’affaire de Munich et pour beaucoup d’autres raisons, que ni la Grande Bretagne, ni la France ne se battrait avant d’avoir été attaquée, et qu’alors elles ne pourraient pas faire grand-chose. L’orage approchait et aller éclater. La Russie était obligée de veiller à ses intérêts. » [1]

Voila comment Churchill analyse la situation dans laquelle était l’URSS...face au pacifisme bourgeois sympathisant envers les nazis, l’URSS était bien seule...D’où la nécessité, pour sauvegarder les acquis de la révolution de 1917, de signer un pacte de non-agression avec le pire de ses ennemis...Pourtant auparavant, l’URSS avait multiplié les gestes pour une alliance avec la France, l’Angleterre, se faisant même insulter de « traître » au prolétariat par les Trotskystes, mais toujours, elle s’était heurtée à des refus. Les élites bourgeoises (banques, grandes entreprises) qui dirigeaient ces pays avairnt un plus grand intérêt à flirter avec le fascisme...La pression sur les salaires était pour eux d’un bien plus grand intérêt, surtout en période de crise...

Tout cela, nous essayerons de l’analyser dans cet essai.

Le début des années 30 : entre crise et fascisme

Le contexte socio-économique du début des années 30 est très difficile pour les puissances capitalistes et impérialistes. En effet, ces états connaissent entre 1929 à 1933 une crise économique sans précédent, la plus désastreuse que le monde capitaliste ait jamais connue encore de nos jours. Le nombre de chômeurs dans les grands pays impérialistes s’élevait à plus de 30 millions de personnes. La production descendit même à 50% de son niveau d’avant crise[2]. Du fait de cette crise généralisée à l’ensemble du monde capitaliste, la lutte pour les débouchés, pour les matières premières était devenue une âpre lutte entre différents états impérialistes qui se disputaient les différentes zones d’influence, les différents pays dépendants (colonies).

Les régimes les plus agressifs pour arracher les zones d’influences étaient les régimes dits fascistes tels que l’Italie, l’Allemagne, le Japon. Avant d’aller plus loin, il nous faut définir le concept de « fascisme » pour que le lecteur comprenne bien ce que par « fascisme » nous désignons.

Pour Staline, la dictature fasciste était « la dictature des éléments capitalistes les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes »[3].

Le fascisme est donc la dictature terroriste exercée par la frange la plus réactionnaire de la bourgeoisie visant à anéantir toute opposition de la classe ouvrière et des éléments progressistes, à pousser l’exploitation des travailleurs de façon plus aiguë. La dictature fasciste est caractérisée par la suppression des libertés du démocratisme bourgeois, la suppression des organismes ouvriers et progressistes. Mais malgré tout, la base économique des régimes fascistes reste la même, c’est-à-dire le capitalisme, la propriété privée des moyens de production, l’exploitation des travailleurs. Le fascisme se caractérise aussi par une agressivité conséquente en politique extérieure notamment pour se réapproprier les territoires, les zones d’influences, les richesses. En effet, pour combler cet objectif, il fait la guerre dans « le but d’asservir les peuples indépendants et de conquérir la domination mondiale. » [4] Sur le plan idéologique, le fascisme s’appuie sur la théorie raciste de race supérieure ou inférieure...En clair, le fascisme est l’ennemi juré de la classe ouvrière puisqu’il est le dernier recours qu’ont trouvé les capitalistes les plus réactionnaires pour faire face à la crise en exerçant des pressions salariales sur le prolétariat (en interdisant les partis ouvriers et les oppositions) et en déclarant des guerres rapines pour se réapproprier les zones d’influence.

Grâce à ce nouveau type de régime, l’Italie, l’Allemagne et le Japon (en 1931, ce dernier a d’ailleurs envahi la Chine et se positionne sur les frontières avec l’Union Soviétique) ont réarmé leurs pays pour préparer la guerre, et ont pu facilement étouffer la classe laborieuse, contrairement aux états capitalistes démocratiques « classiques » où la classe ouvrière veillait à ses intérêts et où les cliques bourgeoises les plus réactionnaires étaient adeptes du fascisme et ne voulaient en aucun cas la guerre contre les fascistes allemands, italiens, japonais même si ces derniers avaient des prétentions dans ces pays[5].

Le fait qui montre que les puissances impérialistes comme la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis avaient des intérêts avec les puissances fascistes est qu’ils employèrent une politique de non-intervention face aux agressions fascistes même si cela allait contre leurs intérêts économiques immédiats (nous verrons cela notamment pour le cas de l’Espagne).

Le monde apparaissait donc coupé en deux : -d’un côté, il y avait les Etats capitalistes, basés sur la propriété privée des moyens de production, la domination de la minorité bourgeoise sur la majorité de travailleurs. On y retrouvait les puissances bourgeoises « traditionnelles » comme la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, mais aussi les régimes de type fasciste comme l’Italie de Mussolini, le Japon ou encore l’Allemagne nazie. Tous ces Etats sont caractérisés par les mêmes rapports de production. Les dominants et dominés y sont les mêmes contrairement à ce que la presse et l’enseignement bourgeois nous apprend. Le national socialisme malgré son nom de « socialisme » et ses slogans mystificateurs « anti-libéralisme » ou « anticapitalistes » ont favorisé plus que jamais le capital. Et ce mensonge, Staline et les soviétiques l’ont très vite compris : « La bourgeoisie allemande voyait que les libertés démocratiques bourgeoises qui subsistaient dans le pays pouvaient lui jouer un mauvais tour, que la classe ouvrière pouvait disposer de ses libertés pour développer le mouvement révolutionnaire. Aussi, elle avait décidé que pour maintenir son pouvoir en Allemagne, il n’y avait qu’un seul moyen : anéantir les libertés bourgeoises, réduire à zéro le parlement (le reichstag) et instaurer une dictature terroriste de la bourgeoisie nationale. » [6] Les Soviétiques avaient donc bel et bien compris le danger du fascisme dès ses débuts en Allemagne, dénonçant d’ailleurs l’utilisation du mot « socialisme » pour séduire les travailleurs allemands : « La bourgeoisie allemande appela au pouvoir le parti fasciste, qui pour tromper le peuple, s’intitule Parti National Socialiste. » [7]

Ils avaient aussi compris dès le départ que les fascistes auraient des vues agressives contre la patrie du socialisme et qu’il fallait que cette dernière se protège, se lance dans le perfectionnement de ses défenses : « On conçoit que l’URSS ne pouvait passer outre à un fait aussi grave. (...) Elle se mit à suivre avec vigilance le cours des évènements en Occident, en renforçant sa capacité de défense sur ses frontières occidentales. » [8] Qui oserait dire que Staline n’avait pas senti le danger venir ? Que les soviétiques n’ont pas préparé leurs défenses ? La lecture de l’histoire du PC (b) de l’URSS sur la politique qu’elle a pratiquée éclaire à la lumière toutes les calomnies déversées par les bourgeois de tout temps.

Nous en arrivons à l’autre côté : -le camps socialiste de l’URSS où les moyens de production sont collectivisés et appartiennent aux travailleurs, érigés en dictature du prolétariat. Ce camp n’étant pas capitaliste, il n’était donc pas frappé par la crise économique que subissaient les puissances impérialistes et les pays soumis à sa botte. Son but étant de créer les conditions de la révolution socialiste dans les pays impérialistes tout en luttant pour la paix entre nations pour éviter aux travailleurs de s’entretuer comme ce fut le cas durant la 1ère Guerre Mondiale impérialiste.

Le milieu des années 30 : De la lutte antifasciste à la guerre civile espagnole

Dés 1934, Staline comprenant bien le danger, et les prétentions des régimes fascistes sur le pays des Soviets avançait au XVIIème congrès que « si les intérêts de l’URSS commandent un rapprochement avec tels ou tels pays qui n’ont pas intérêts à voir violer la paix, nous le ferons sans hésitation. » (Rapport au XVIIème congrès) [9]. Voila comment se positionnait l’URSS face aux puissances fascistes et/ou impérialistes : préserver la paix, et éviter une guerre qui coûterait cher au prolétariat des pays capitalistes qui s’entretueraient entre eux. Contrairement aux affirmations de beaucoup d’historiens bourgeois, Staline avait bien compris que les pays fascistes voudraient violer la paix et attaquer l’URSS.

Pour faire face à ce danger du fascisme, l’Internationale Communiste dut faire un travail de réflexion pour développer des moyens efficaces pour combattre le fascisme. En effet, en Allemagne le PC avait échoué dans son combat pour empêcher le parti national socialiste d’accéder au pouvoir et beaucoup de ses militants avaient été jetés dans les geôles de ces hommes à la croix gammée, avant d’être massacrés. La réaction des communistes eut lieu lors du VIIème congrès de l’Internationale communiste en 1935 où fut présenté par Dimitrov le programme de lutte contre le fascisme. Et il est clair que la question du fascisme et de la lutte à adopter pour le combattre est une problématique très difficile car derrière le fascisme se cache le capital financier le plus chauvin et violent, le plus réactionnaire : « le fascisme, c’est le pouvoir du capital financier lui-même. C’est l’organisation de la répression terroriste contre la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et des intellectuels. » [10]. Autrement dit, la nature de l’Etat bourgeois ne change guère, le fascisme est sujet au financement des capitalistes les plus réactionnaires qui finançaient aussi les partis de droite dit « plus traditionnels », comme on a pu le voir pour un pays comme la France[11]. Le fascisme ça n’est pas que la haine des étrangers, le racisme, ça n’est pas que le renforcement du pouvoir d’un seul homme, c’est le pouvoir du capital, la puissance de la finance face à la classe ouvrière ; le fascisme en fin de compte, c’est un aveu de faiblesse de la part de la bourgeoisie (celle-ci renonce clairement aux illusions de la démocratie bourgeoise) mais l’instauration d’une dictature fasciste est aussi un indice de faiblesse du prolétariat, des travailleurs (la classe ouvrière n’est en fait pas assez forte pour empêcher le fascisme de triompher).

C’est pour empêcher cette faiblesse de la classe ouvrière, désarmée, que l’internationale communiste a développé le concept de front unique, pouvant amener au « front populaire antifasciste ». Le front unique consistait à une unité d’action des partis socialistes et communistes (IIème et IIIème Internationale), à une lutte commune contre le fascisme, une alliance de circonstance contre l’ennemi immédiat : le fascisme. Pour mettre en œuvre cette tactique, les communistes n’imposèrent qu’une condition pour former un gouvernement de front unique avec d’autres organisations antifascistes : « l’Internationale communiste ne pose à l’unité d’action aucune condition, à l’exception d’une seule, qui est élémentaire, acceptable pour tous les ouvriers. A savoir que l’unité d’action soit dirigée contre le fascisme, contre l’offensive du capital, contre la menace de guerre, contre l’ennemi de classe, voila notre condition. » [12]. Cela a-t-il été appliqué dans toute les sections de l’Internationale Communiste. Cette tactique a-t-elle été employée dans certains pays où il ne figurait pas de danger fasciste réel, afin de masquer l’opportunisme, le révisionnisme de certaines sections de l’I.C. ? C’est une question à laquelle nous ne sommes pas en mesure de répondre pour l’instant (ceci devrait faire l’objet d’une étude plus approfondie). En tous les cas, ce dont nous sommes sûr, c’est que l’Internationale a donné le mot d’ordre de lutte contre le fascisme...Et, rapidement, cette tactique a été utilisée, notamment en France après la tentative de coups d’Etat des forces d’extrême droite (action française, jeunesses patriotes, croix de feux...etc.) le 6 février 1934 et où un front populaire a été élu en 1936 comprenant, radicaux, radicaux-socialistes, socialistes et communistes.

En Espagne, la république a été instaurée en 1931 et en 1936, un front populaire a été élu comprenant le PSOE, le PCE, et le POUM, ce front étant soutenu par la CNT. Mais face à ce mouvement populaire, un soulèvement réactionnaire se développa en juillet 1936 sous l’impulsion du général Franco et mena à la guerre civile entre républicains et monarchistes fascistes. Cette guerre dura 3 ans (1936-39). Franco fut soutenu par les fascistes (Italie et Allemagne nazie) qui provoquèrent des massacres comme à Guernika. Face à cette guerre civile, les grandes puissances ne bougent pas, la France et l’Angleterre adoptent une position de non-intervention laissant ainsi les mains libres aux fascistes pour écraser les « rouges ». Le front populaire français n’intervient pas et la SFIC quitte donc le gouvernement. En effet le gouvernement de Blum a choisi de laisser s’étouffer la république espagnole en lui refusant de fournir des armes (il refusa ainsi de livrer les commandes d’armement contractées avant le conflit[13]). Ainsi la France avec sa stratégie de non intervention se retrouve encerclée de régimes fascistes...Les républicains espagnols se sont retrouvés seuls face aux puissances fascistes et aux puissances impérialistes qui voulaient rester « neutres ». Face à cette situation, seule l’URSS est venue en aide aux républicains. Et qu’importe sur ce que peuvent dire les Trotskistes, que les commandes avaient du « retard »...etc., [14] ce fut néanmoins la seule nation solidaire des Espagnols en lutte. Les brigades internationales sont créées en fin d’année 1936 par le Komintern, pour venir en aide aux républicains, regroupant communistes, anarchistes, progressistes...Ainsi de nombreux communistes « staliniens » participèrent et périrent dans les combats. Mais en vain puisque les Franquistes remportèrent la guerre civile et prirent le pouvoir.

Au même moment, en novembre 1936, les puissances fascistes (Japon, Allemagne) signèrent une alliance anti-communiste : le pacte anti-komintern. L’Italie fasciste les rejoint en 1937. En cas d’attaque soviétique sur l’un d’entre eux, les deux autres se devaient de lui porter assistance. Ce pacte était un acte essentiel pour la lutte contre le bolchevisme, montrant aux yeux du monde que communisme et fascisme étaient diamétralement opposés.

Au milieu des années 30, s’était donc constitué un puissant front fasciste, proposant une lutte violente et agressive contre l’agitation ouvrière et paysanne (c’est le cas en Espagne) et menaçant le seul pays où le socialisme avait triomphé : l’URSS.

La fin des années 30 : de Munich au pacte germano-soviétique

En 1934, l’Urss est entrée à la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) ; sachant bien que cette institution ne serait qu’un fantoche si les intérêts économiques des puissances impérialistes nécessitées une 2nde guerre mondiale. Fin mai 1935, avait été conclu entre la France et l’URSS un pacte d’assistance mutuelle contre l’attaque éventuelle des agresseurs. Trotsky, dans cette alliance contre une éventuelle attaque d’un pays fasciste, voyait une trahison envers le prolétariat français...Mais que fallait il faire ? Laisser l’URSS isolée ou former des alliances militaires pour éviter toute agression ? Jamais l’URSS n’a laissé se réinstaller l’économie de marché durant cette période. Bien sûr si on juge impossible la construction du socialisme, avant que tous les pays n’aient effectué leur révolution, évidemment, que cela peut être vu comme une « trahison », mais avoir une telle conception (la conception trotskiste), c’est nier l’inégalité de développement des pays, et surtout reculer devant les difficultés de la construction du socialisme, repousser aux calendes les perspectives de socialisme ! En même temps que ce pacte d’assistance avec la France a été signé un autre pacte avec la Tchécoslovaquie, et « en août 1937, un pacte de non agression a été signé entre la Chine et l’Urss. » [15]. Voila donc les alliances diplomatiques effectuées par l’URSS pour préserver la paix.

Depuis son arrivée au pouvoir, Hitler avait comme ambition de réaliser sa conception de pangermanisme et pour cela il avait en premier lieu besoin de s’emparer de l’Autriche. Avec la coopération pacifique des démocraties bourgeoise, cela est chose faite le 13 mars 1938 : en effet Berlin annexe l’Autriche après l’avoir envahie le 12 mars sans qu’aucune puissance impérialiste n’ait bougé. D’après Ludo Martens, l’URSS aurait pris la défense de l’Autriche[16]. En tout cas il apparaît clair que l’URSS avait complètement pris conscience du danger fasciste envers ses intérêts, contrairement à ce que veulent nous faire croire les historiens bourgeois réactionnaires. Dans l’histoire du PCUS, écrit en 1938 est clairement avançé que le plan des nazis consistait en ceci : « d’abord occuper l’Autriche, porter un coup à la Tchécoslovaquie, et puis, vraisemblablement à la Pologne où l’on trouve un territoire entier peuplé d’Allemands et limitrophe de l’Allemagne, et puis...et puis, « on verra » » [17]. C’est exactement ce qui s’est produit : prise de l’Autriche puis de la Tchécoslovaquie et enfin de la Pologne, et là avec le « on verra », les soviétiques ont compris qu’ une fois la Pologne prise viendrait leur tour. Que fallait il faire alors ? Engager des alliances militaires, d’assurance mutuelle avec des puissances impérialistes non fascistes, opposées aux intérêts du bloc impérialiste fasciste. Cela pouvait être le cas de la France ou de l’Angleterre qui n’étaient pas encore des régimes fascistes. Mais en même temps il fallait soutenir les luttes révolutionnaires du prolétariat et des différentes sections de l’internationale communiste dans ces pays là. Est-ce que cela a été fait, ou les intérêts de l’URSS sont-ils passés au dessus de toute perspective révolutionnaire dans ces pays impérialistes ? Là encore, nos recherches sont à approfondir. Mais en tout cas les intérêts du socialisme étant clairement menacés, il fallait, pour survivre concrètement, rechercher des alliances objectives afin d’endiguer le danger.

Deux mois après l’annexion de l’Autriche par les nazis, vers la mi mai, la Tchécoslovaquie, seule démocratie bourgeoise de toute l’Europe centrale devient la nouvelle cible d’Hitler. Rappelons que la Tchécoslovaquie est liée à l’URSS ainsi qu’aux autres démocraties bourgeoises (notamment la France depuis 1919 !). Face à cette nouvelle menace de la part du Reich, le nouveau membre de la Société des Nations , l’URSS, tente d’influer pour créer un plan de défense de la Tchécoslovaquie mais celui-ci est...refusé ! Et le 29 septembre 1938, la France abandonne son alliance avec Prague. De même cette dernière est aussi lâchée par l’Angleterre et livrée au Nazis. Ce jour là, les accords de Munich sont signés entre la France, l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie : ces accords prévoyaient « la cession à l’Allemagne des territoire des allemands de Sudètes » [18]. Au final, c’était la Tchécoslovaquie qui était abandonné aux nazis, sans défense, à part l’Urss qui jusque au bout a insisté pour prêter main forte à ce pays comme le rappelle le 22 août Vorochilov : « Chez nous, non seulement les troupes étaient prêtes, mais le Gouvernement et tout le pays, tout le peuple, voulaient porter secours à la Tchécoslovaquie, remplir les obligations découlant des traités » [19]. Les parlements français et anglais ratifièrent ces accords (la SFIO avec !)...Le 30 septembre, c’est-à-dire, le lendemain des accords de Munich, l’Angleterre et l’Allemagne signent une déclaration stipulant leur désir « de ne jamais entrer de nouveau en guerre, l’un contre l’autre » [20]. Et en décembre de cette même année, la France rejoint l’Angleterre [21].

En fait en 1938, ce que craignait l’URSS s’était réalisé : les pays démocratiques bourgeois, impérialistes, comme la France, l’Angleterre s’étaient ralliés, avaient du moins pactisé avec les pays fascistes ! En clair, on pouvait observer la création d’un front impérialiste qui pourrait à tout moment s’en prendre à l’URSS une fois qu’ils en auraient eu fini avec la Tchécoslovaquie. Le 15 mars 1939, cela et chose faite, puisque l’armée allemande est à Prague. Il ne reste plus qu’un seul rempart avant que l’Allemagne ne puisse s’attaquer à l’URSS : la Pologne, alliée de la France et de l’Angleterre. L’attitude de la France a d’ailleurs été jugée de façon très sévère par l’ambassadeur soviétique à Paris : « la France a) a perdu son plus fidèle allié en Europe centrale b) a perdu une armée, qui en temps de guerre aurait pu atteindre un million ou 1,5 million d’hommes et qui s’appuyant sur les fortifications abandonnées aurait été capable de stopper une armée allemande de non moindre dimension. c) a perdu maintenant tous ses alliées, a détérioré ses liens avec l’Urss et a notablement déprécié, même aux yeux de l’Angleterre, son importance et son rôle d’alliée. » [22] . Le conservateur anticommuniste anglais, Winston Churchill fait la même remarque que la France l’Angleterre auraient dû s’allier à l’URSS contre les ambitions allemandes. Il exprime cela dans son ouvrage, la deuxième guerre mondiale : « j’avais insisté sur les perspectives d’un projet d’alliance entre la Russie, l’Angleterre et la France où je voyais notre seul espoir de contenir la ruée nazie » [23].

Après la prise de la Tchécoslovaquie, l’URSS consciente du danger, entame des négociations avec la France, l’Angleterre en vue d’une alliance antifasciste. Il fallait aussi que la Pologne, en cas de conflit, laisse entrer les troupes soviétiques sur son territoire pour repousser la menace nazie. La menace se précise dès la fin mars, en effet l’Allemagne occupe le seul port de Lituanie (Memell) et le 7 avril 1939, l’Italie envahit l’Autriche. Le 17 avril, l’URSS fait donc des propositions pour une alliance sovieto-britannico-française[24]. Mais le 22 mai, la proposition faite par l’URSS est rejetée par les démocraties bourgeoises. A ce propos, Churchill montre toujours dans son même ouvrage, le ridicule et le sans gêne des propositions avancées par la France et l’Angleterre : « Le gouvernement des Soviets, disait le communiqué, a reçu des contres propositions anglaises le 8 mai : celles-ci ne mentionnent pas l’obligation pour l’Union Soviétique d’une garantie séparée pour chacun des Etats voisins mais elle précise que l’URSS sera tenue d’apporter un secours immédiat à la Grande Bretagne et à la France au cas où elles se trouveraient entraînées dans une guerre par suite des garanties données à la Pologne et à la Roumanie. Aucune mention, en outre, n’était faite d’une assistance de leur part à l’Union Soviétique au cas où celle-ci se trouverait entraînée dans la guerre par suite de ses obligations envers une quelconque puissance de l’Europe centrale. »[25]

Toujours au mois de mai 1939, la Mongolie liée à l’URSS est attaquée par le Japon, mais l’Armée Rouge repousse cette attaque et le 30 mai 1939, le Japon se retire...La menace contre l’URSS ne fait que se confirmer, de juillet août 1939 ont lieu des rencontres entre dirigeants allemands et britanniques et voila à quoi elles aboutissent le 31 juillet 1939 : « La Grande Bretagne se déclare prête à conclure avec l’Allemagne un accord délimitant les sphères d’intérêts (...) : 1) l’Allemagne s’engage à ne point s’immiscer dans les affaires de l’Empire britannique. 2) La Grande-Bretagne s’engage à respecter entièrement les sphères d’intérêts allemandes à l’Est et au Sud-Est de l’Europe. Cela aurait pour conséquence que la Grande-Bretagne renoncerait aux garanties qu’elle a accordées à certains Etats situés dans la sphère des intérêts allemands. La Grande-Bretagne s’engage ensuite à travailler pour que la France répudie son alliance avec l’Union soviétique et renonce à toutes les attaches qu’elle possède dans le Sud-est de l’Europe. 3) La Grande Bretagne s’engage à mettre fin aux conversations actuellement menées avec l’Union Soviétique en vue d’un pacte » [26]. Voici donc une preuve de la complicité entre Reich et britanniques. Ces derniers laissant aux premiers le champ libre pour attaquer l’URSS. Et la France dans cela suivrait donc la même voie que les britanniques malgré le fait qu’elle soit liée à l’URSS. Dans son journal, le ministre des affaires étrangères des Etats-Unis, Harold Ickes, écrivait que « l’Angleterre caressait l’espoir de provoquer un affrontement entre la Russie et l’Allemagne pour ne pas se compromettre elle-même. » [27]. C’est pour cela que Staline et les dirigeants communistes faisaient tout pour éviter le moindre incident avec le Reich, ou tomber dans une provocation. Mais à la mi août la situation semble se retourner, le 21 août, les négociations sont stoppées entre l’URSS et les démocraties bourgeoises, Vorochilov renvoyant les interlocuteurs car leur mandat était très flou et empêchait de signer des accords[28]. Du coup l’URSS accepta la proposition de Ribbentrop de signer un pacte de non agression (Ribbentrop avait entamé cela depuis le 14 août sentant qu’un accord URSS démocraties bourgeoises serait dangereux !), et dans la nuit du 23 au 24 août 1939, le pacte germano soviétique est signé ! L’URSS se préservait ainsi d’une agression allemande pour une durée théorique de 10 ans, ainsi le danger d’attaque fasciste avec l’appui silencieux des puissances impérialistes comme la France ou la Grande Bretagne était évité et ceux qui avaient eu une politique à « court terme » (Staline) allaient le payer[29].

Le 1er août, l’Allemagne attaquait la Pologne, consciente que l’URSS n’allait pas réagir du fait de son pacte avec elle ; l’Angleterre et la France liées à la Pologne étaient cette fois obligées de réagir face à l’agression de son alliée. D’après beaucoup d’historiens, c’est le début de la seconde guerre mondiale...Mais cette guerre comme le soulignaient les bolcheviks en 1938 dans l’histoire du PC (b) US avait déjà débuté bien avant...par les agressions répétées des puissances fascistes et la non-intervention de la France et de l’Angleterre...Le 9 septembre l’URSS obtient les territoires qui lui revenait d’après son protocole secret et le 17 septembre, elle entrait en Pologne...La stupeur envahit l’Europe et le monde entier face à ce pacte ! L’URSS a trahi ! La Pravda affirme le 23 septembre 1939 : « La seule chose qui était encore possible, c’était de préserver de l’invasion allemande l’Ukraine occidentale, la Biélorussie occidentale et les pays baltes. Le gouvernement soviétique a fait prendre l’engagement de ne pas franchir la ligne formée par la Thasse, le Narew, le Boug, et la Vistule. » [30]. De même que Churchill avait bien compris que cette alliance n’était que temporaire et de circonstance et que les deux signataires du pacte ne tarderaient pas dans un futur certain à entrer en conflit et signalait que les deux régimes étaient diamétralement opposés : « On se demande qui de Hitler ou de Staline avait le plus d’horreur pour le traité qui venait d’être conclu. Tous deux n’ignoraient pas qu’il ne s’agissait en l’occurrence que d’une expérience temporaire. Il existait entre les deux empires et les deux systèmes un antagonisme mortel. » [31]

CONCLUSIONS

Contrairement à ce que prétendent les historiens bourgeois, La 2ème Guerre Mondiale n’a pas débuté le 1er Août 1939 à cause de « l’alliance » du Reich avec l’Union Soviétique. En effet, elle avait débuté bien avant, avec l’arrivée des régimes fascistes en Italie, en Allemagne ou encore au Japon, qui cherchaient à s’ approprier violemment des zones d’influences déjà partagées. Durant cette période, les grandes puissances impérialistes telles que la France ou l’Angleterre ont usé de leur tactique de non-intervention pour ne pas se confronter à l’Allemagne, lachant l’Espagne, l’Autriche, la Tchécoslovaquie aux mains des fascistes...Rejetant toutes les propositions d’assistance mutuelle avec l’URSS... Mais payant finalement pour leur politique à court terme comme l’avait remarqué Staline.

Comme nous l’avons vu dans cette étude, l’URSS et l’Internationale communiste ont bel et bien mené la lutte antifasciste durant ces années 30 comme elles la mèneront durant les années de guerre des années 40...

Le pacte a permis d’offrir à l’URSS quelque temps de répit afin de préparer ses défenses : c’est un des paradoxes du pacte ! Il a permis à l’Urss de préparer les conditions de la victoire sur le fascisme, en préparant ses défenses, en développant une économie de guerre !

L’étude que nous avons menée ici n’est que la prémisse d’une recherche plus approfondie sur cet évènement comme sur toute la période stalinienne. Cette recherche est bien entendu incomplète mais néanmoins, les aspects les plus importants y sont traités en attendant une version allant plus dans les profondeurs des évènements...Nous pouvons d’ores et déjà envisager une étude sur la montée du fascisme, la crise économique des années 30, la guerre civile espagnole, l’histoire du Front Populaire...etc. Camarades, au travail !

Aujourd’hui, les travailleurs sont confrontés à la crise, une crise que beaucoup d’économistes bourgeois comparent à celle de 1929, avec toutes les conséquences qu’elle a pu avoir sur la classe ouvrière. Les marxistes léninistes véritables se doivent d’en tirer les leçons et lutter efficacement pour que le pire ne se reproduise pas, en l’absence d’un camp socialiste, en l’absence d’un véritable Parti communiste !

CAMARADES, REJOIGNEZ LES RANGS DE CEUX QUI LUTTENT CONTRE LE FASCISME, CONTRE L’EXPLOITATION DE LA CLASSE OUVRIERE ET DE LA PAYSANNERIE, POUR LE SOCIALISME !!!

« Pour supprimer l’inévitabilité des guerres, il faut détruire l’impérialisme » [32]


[1] HARTMANN M, Staline, Paris, éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[2] HARTMANN M, Staline, Paris, éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[3] COMISSION DU COMITE CENTRAL DU PCUS (b), Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’URSS en 1938, Moscou, éditions en langues étrangères, 1949, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[4] ROSENTAHL (M.) et IOUDINE (P.) (Dir.), Petit dictionnaire philosophique, Moscou, édition en langues étrangères de Moscou, 1955, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[5] LACROIX RIZ (A.), Le choix de la défaite, Paris, Armand Colin, 2007, très intéressant sur le financement et les liens du Grand Capital français avec le fascisme.

[6] COMISSION DU COMITE CENTRAL DU PCUS (b), Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’URSS en 1938, Moscou, éditions en langues étrangères, 1949, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[7] Idem

[8] Idem

[9] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[10] DIMITROV, Œuvres choisies : Le septième congrès de l’internationale communiste, Paris, éditions sociales, 1952, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[11] LACROIX RIZ A., Le choix de la défaite, Paris, Armand Colin, janvier 2007.

[12] DIMITROV, Œuvres choisies : Le septième congrès de l’internationale communiste, Paris, éditions sociales, 1952, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[13] HARTMANN M, Staline, Paris, éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[14] MARIE, J. J., Staline, Paris, Flammarion, Librio, 1ère édition : 1995 (PUF), réed : 2003.

[15] COMISSION DU COMITE CENTRAL DU PCUS (b), Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’URSS en 1938, Moscou, éditions en langues étrangères, 1949, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[16] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[17] COMISSION DU COMITE CENTRAL DU PCUS (b), Histoire du Parti Communiste Bolchevik de l’URSS en 1938, Moscou, éditions en langues étrangères, 1949, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[18] MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERE DE L’URSS, Documents et matériaux se rapportant à la veille de la deuxième guerre mondiale (tome I novembre 1937-1938, archives du ministère des affaires étrangères de l’Allemagne, Moscou, édition en langue étrangère de Moscou, 1948, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[19] LACROIX RIZ (A.), Le choix de la défaite, Paris, Armand Colin, 2007, pages 453/454

[20] MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERE DE L’URSS, Documents et matériaux se rapportant à la veille de la deuxième guerre mondiale (tome I novembre 1937-1938, archives du ministère des affaires étrangères de l’Allemagne, Moscou, édition en langue étrangère de Moscou, 1948, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[21] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[22] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[23] HARTMANN (M.), Staline, Paris ( ?), éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[24] WERTH (N.), Histoire de l’Union Soviétique, Paris, PUF, Thémis histoire, 2001 (5ème éd.)

[25] HARTMANN (M.), Staline, Paris ( ?), éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[26] MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERE DE L’URSS, Documents et matériaux se rapportant à la veille de la deuxième guerre mondiale (tome II - 1938-1939 – Archive Dirksen), Moscou, édition en langue étrangère de Moscou, 1948. http://communisme-bolchevisme.net/d...

[27] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[28] WERTH (N.), Histoire de l’Union Soviétique, Paris, PUF, Thémis histoire, 2001 (5ème éd.)

[29] JOUKOV (G.), Mémoires (tome I), Paris, éditions fayard, 1970, pages 250-251.

[30] MARTENS (L.), Un autre regard sur Staline, Anvers, EPO, 1994, http://communisme-bolchevisme.net/d...

[31] HARTMANN (M.), Staline, Paris ( ?), éditions éclectiques, 1979, numérisé sur http://communisme-bolchevisme.net/d...

[32] STALINE (J.), De l’inévitabilité des guerres entre pays capitalistes, 1952, http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0..., extrait de STALINE (J.), les problèmes économiques du socialisme en URSS, Paris, éditions sociales, 1952.


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