Les socialistes et la nation 1 (textes de la direction du PS dans le cadre du forum sur ce sujet)

mercredi 5 décembre 2007.
 

Le forum sur "Les socialistes et la nation" s’est tenu à Avignon le 24 novembre 2007. Ce débat étant effectivement pertinent à l’heure actuelle, nous reproduisons ci-dessous quatre autres textes dont celui de François Hollande. Deux autres contributions ( Darriulat et Ruscassie) seront mis en ligne séparément. Que nous soyons d’accord ou pas, ils pourront contribuer à nos propres débats dans les temps à venir.

1) Présentation du forum - Note de cadrage de la direction du PS

LES SOCIALISTES ET LA NATION : CITOYENS DANS LA FRANCE DU XXIEME SIECLE : CONSTRUIRE UN NOUVEL ESPRIT PUBLIC, DEFINIR DE NOUVEAUX DROITS ET DE NOUVEAUX DEVOIRS, APPROFONDIR LA DEMOCRATIE

Il faut sans doute partir de ce que veut dire aujourd’hui l’internationalisme. C’est une valeur fondatrice du socialisme. Elle avait pour sens (elle l‘a toujours) de viser à une émancipation de l’ensemble des hommes de la terre..... et de toutes les générations à venir. La question sociale et la question environnementale sont donc liées aujourd’hui. Comment s’organise et se traduit cette valeur au niveau de la nation, de l’Europe et du monde ? Vaste question qui suppose que l’on articule ces différents niveaux. Cela repose le sens de l’engagement européen et il faut sans doute revenir sur la notion de Fédérations d’États nations.

Mais pour ne pas rester abstrait, il faut interroger l’identité nationale sous un deuxième angle. Celui sur ce qui unit la société française aujourd’hui dans sa diversité. Le rôle des cultures différentes et des mémoires parfois antagoniques doit être abordé. Ce qui conduit à revenir sur le rôle de la laïcité et du sens que nous lui donnons. Mais il faut en même temps s’interroger sur les conditions politiques et sociales qui permettent d’avoir une société qui est nécessairement ouverte sur le monde. Les rapports entre Français ne peuvent pas être envisagés sans une réflexion sur le rapport à l’autre, à l’immigré et à l’étranger.

Le troisième angle porte sur la citoyenneté politique proprement dite. Les socialistes (et la gauche) définissent la France essentiellement par une volonté de vivre et d’agir ensemble. La réalité de la citoyenneté dans une démocratie que certains qualifient d’opinion doit donc être aussi interrogée. Car, le lien ne peut qu’être consubstantiel pour nous entre la nation et la démocratie.

Notre conception de la nation doit résulter des réponses que nous donnerons à ces trois questionnements.

Ce premier forum de la rénovation se tiendra "physiquement" le 24 novembre à Avignon

2) Note de cadrage de la direction du PS pour la journée du 24 novembre

La commission « Les socialistes et la nation » soumet aujourd’hui à réflexion un diagnostic cernant les points d’accord, mais aussi les interrogations que ses travaux, les auditions auxquelles elle a procédé1 ,ont permis de mettre en évidence.

La nation est une notion vaste, aussi cette note ne saurait-elle prétendre à l’exhaustivité. Bien des thèmes n’ont été qu’effleurés ; nous aurions pu par exemple traiter de la question de la sécurité, de l’éducation ou encore des médias.

Mais il nous semblait que nous devions en priorité répondre à trois questions :

- Quelle nation voulons-nous ?

- Quelle République voulons-nous ?

- Quelle Europe voulons-nous ?

1. Quelle nation voulons nous ?

A priori, au plan philosophique ou politique, la notion de nation, comme beaucoup de formes politiques, n’est ni un mal, ni un bien. Tout dépend de l’usage qui en est fait. Elle est d’ailleurs dans le monde d’aujourd’hui, un ressort politique au moins aussi puissant que la démocratie sinon plus. Les deux notions sont très liées dans la mesure où la nation politique moderne a été pour le meilleur et pour le pire, le berceau de la démocratie moderne.

Elle est aussi une des plus souples entités politiques car on y met presque tous les contenus possibles et ceux-ci s’avèrent même parfois contradictoires. Cette diversité, ces contradictions, s’expliquent par le fait que la conception de la nation est profondément ancrée dans la culture des peuples, leur histoire, et qu’elle intègre les éléments fondamentaux de leur identité. Elle est, en outre, étroitement liée aux idéologies politiques qui en ont fait usage et en ont transformé le sens originel.

Dans certains Etats européens, le concept de « nation » sert à indiquer la citoyenneté, c’est-àdire un lien juridique entre un Etat et une personne, indépendamment de l’origine ethnoculturelle de celle-ci, tandis que dans d’autres, il renvoie à une communauté précise parlant une langue donnée et caractérisée par un ensemble de traditions culturelles et historiques analogues, par une même conception de son passé, par les mêmes aspirations et par une même conception de son avenir.

Cette infinie diversité est sans doute une des sources de vitalité, de continuité et de régénération des creusets nationaux. Sauf qu’en France, le terme est lourd de sens.

Le concept moderne de « nation » a émergé à la fin du XVIIIe siècle, à la faveur d’une part de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis de 1776 et de la Constitution américaine de 1787, et d’autre part de la Révolution française, qui s’est largement inspirée des conceptions de Rousseau et de l’abbé Sieyès.

La gauche et la nation sont toutes les deux filles de la Révolution. Dans notre pays, c’est bien la gauche qui fonde alors la Nation, lorsque révolutionnaires et « patriotes » se confondent exactement. Elle devient le fondement du pouvoir ; elle repose sur l’affirmation du citoyen qui remplace alors le sujet. Évoquer la nation en France, c’est donc toucher à l’essentiel : au pouvoir du souverain, au pouvoir du peuple et à la façon de vivre ensemble. Car la France est l’un des rares Etats dans l’Histoire à se définir de manière politique et non territoriale ou ethnique.

La nation, en France, ne se caractérise pas tant par une histoire commune que par l’ acceptation d’un vivre ensemble. Elle exprime la volonté de construire un avenir commun.

Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à un délitement du lien social qui participe du délitement du lien national, si bien que la République n’est plus vécue en mouvement mais plutôt figée et attaquée de toutes parts.

La droite a su s’engouffrer dans la brèche. Elle a développé une conception statique et « subie » qui puisait sa légitimité dans l’origine, l’héritage, le sang, la langue maternelle...

Elle s’en est servie pour imposer une certaine histoire de France et délivrer une réponse nostalgique, une solution de repli face à la mondialisation. Plus ostensiblement encore, elle a choisi de lier son récit national à la question de l’immigration. Le message se révèle alors d’une clarté absolue, - la nation est exclusion de l’autre... Une idéologie brutale, discriminatoire, qui autorise et légitime du même coup des dérapages verbaux - « la France, tu l’aimes ou tu la quittes » - qui ont vite fait de pénétrer les esprits. L’appartenance à la nation s’apparente alors presque à une fatalité, relève d’une espèce de prédestination qui ne laisse aucune place à la volonté d’adhérer et de participer. Le passé est alors tout et le droit n’est rien. On ne peut pas être français parce qu’on le décide, parce que l’on adhère à un « pacte national », mais seulement parce que l’on est dans son âme, parce que l’on est né Français et que nos morts sont ensevelis dans le sol de France. Le sang prend le pas sur le droit et la citoyenneté. Dans ce cadre, historiquement, de manière récurrente en période de crise, ce nationalisme se croit menacé par un danger intérieur.

Et nous quelle réponse, quel récit national allons-nous construire ? Nous sommes les héritiers d’une conception dynamique, volontariste de la Nation. Nous avons su rappeler que celle-ci s’hérite moins qu’elle ne s’enseigne, qu’elle demeure un projet à parfaire, un horizon.

Ségolène Royal a su le formuler clairement : « La Nation (...) ne demande pas aux gens d’où ils viennent, mais où ils veulent aller ensemble. » Au message de Nicolas Sarkozy, nous voulons en opposer un autre : « Nous aimons la France, construisons-là ensemble ! ». Le projet de la nation, pour les socialistes, c’est la République.

Mais nous nous sommes aussi heurtés à une difficulté, celle de mettre un contenu dans le projet auquel nous souhaitons rallier les Français. A plusieurs reprises, nous leur avons parlé à eux, et non à la nation. Or la gauche est attendue aussi sur sa capacité à formuler un récit national. Nous avons indiqué, à juste raison, où nous voulions aller ; les Français voulaient aussi savoir qui ils sont.

La question de la mémoire et de l’histoire se révèle fondamentale dans la mesure où leur transmission est un élément constitutif d’une nation. Elle y puise son identité, son caractère.

Et si aujourd’hui la République peine à transmettre ce socle qui fonde une communauté de destin, n’est-ce pas parce qu’elle développe une vision idéalisée de son histoire ? On pense évidemment au colonialisme et aux guerres coloniales, à la collaboration, voire même à la France d’avant la Révolution... Dès lors, n’est-il pas temps de renouer les mémoires blessées et de les reconnaître afin de permettre la réconciliation ? C’est peut-être le meilleur moyen d’inculquer des références, une mémoire commune, alors même que pour un nombre croissant de Français, l’histoire familiale ne correspond pas à l’histoire nationale, et que le récit qui en est fait renvoie chacun à ses origines plutôt qu’à un processus d’appropriation collective. Comment procéder pour que l’histoire ne divise pas la Nation au travers de débats tel que celui portant sur la colonisation ? Comment répondre à la perte de la transmission d’une représentation commune ?

L’absence d’histoire commune, de références communes semble aujourd’hui - alors que ce n’était pas toujours le cas dans le passé - devenir un obstacle, ou du moins un facteur d’éclatement, voire de repli communautaire.

La question de savoir comment on devient Français est également posée par l’entremise de l’évolution de notre code de la nationalité, qui a donné lieu, à plusieurs périodes de notre histoire, à des affrontements révélateurs entre la droite et la gauche. Au début de la législature 1997/2002, nous avons remporté une victoire politique nette sur la droite en revenant au principe de l’automaticité de l’acquisition de la nationalité française pour les enfants d’étrangers nés en France (automaticité à 18 ans, par la volonté du jeune à 16 ans ou des parents à partir de 13 ans) qui avait été supprimé par la réforme de 1996. Il y a aujourd’hui un débat entre socialistes : faut-il en rester là ? Ou convient-il de revenir au principe de l’automaticité dès la naissance ?

La question de savoir « ce qu’être français veut dire » s’est toujours réglée au travers du dépassement des individus et des groupes sociaux par quelque chose qui les transcende.

Comment, aujourd’hui, refonder le contrat républicain ?

Comment construire une histoire partagée pour une mémoire commune ? Comment assurer la promotion pour chacun des valeurs collectives ? Ces trois questions sont au coeur de la réponse que nous devons apporter aujourd’hui pour refonder notre République : quelles sont les valeurs collectives que nous voulons transmettre ? Que voulons-nous construire ensemble ?

La République et la nation sont indissociables pour les socialistes. La première est en quelque sorte promesse de l’autre. Dès lors, la nation pour la gauche, c’est la République.

2. Quelle République voulons-nous ?

Non seulement la République ne parvient plus à transmettre les valeurs autour desquelles se retrouvait la Nation dans le passé, mais d’autres interrogations se font jour aujourd’hui concernant l’Etat, autour duquel s’est forgée cette Nation. Le constat de son affaiblissement nécessite sans conteste de définir un nouveau point d’équilibre entre centralisation et décentralisation, uniformité et diversité (jusqu’où ?). Cette réflexion ne peut en aucun cas être éludée.

En effet, derrière la question de l’Etat, il y a aussi, pour la gauche, le risque d’un ensemble de mutations profondes qui pourraient porter atteinte à ses valeurs et à son projet de transformation de la société. Avec un Etat faible, difficile de transformer le pays comme nous entendons le faire. L’apparition de politiques locales dans des secteurs sensibles (comme le social) entraîne ainsi l’émergence de nouvelles formes de discriminations : on est traité différemment selon que l’on naît dans le Calvados ou dans les Landes. Jusqu’où peut-on aller dans cette voie ? Certains réclament pour les collectivités locales le droit d’édicter des normes qui leur seraient spécifiques. Faut-il aller dans ce sens ? Jusqu’où ?

Depuis 1791, la République est une et indivisible, ce qui sous-entend qu’un seul pouvoir politique exerce sa souveraineté sur l’ensemble du territoire. Le monde moderne apparait plus fragmenté, des pouvoirs locaux existent dont les compétences varient selon les lieux. Décentralisation, déconcentration, la France est-elle encore une République indivisible ? Fautil revoir la forme de l’Etat ? Comment garantir l’égalité de tous sur le territoire ?

De même, comment, garantir la diversité culturelle dans notre pays ? Chacun s’accorde à considérer que la nation n’est pas synonyme d’uniformité. Mais la montée en puissance des revendications identitaires, encouragées par la droite, marque à l’heure actuelle le recul de l’universalisme. Les valeurs universelles que nous portons depuis la Révolution, l’égalité ou la laïcité par exemple, posent dès le départ le paradoxe de ne pas être universellement reconnues. Ainsi, alors qu’on aurait pu croire que la mondialisation constituerait un facteur d’harmonisation, elle a au contraire contribué à exacerber les différences, poussant certains, à l’image des néo-conservateurs américains, à entrer dans une logique de conflit de valeurs frontal.

Mais comment procéder afin que la prise en compte des diversités culturelles propres à chaque société ne conduise pas à la reconnaissance de groupes distincts ? Faut-il forger des rites d’intégration républicaine ? Il faut réfléchir sérieusement à cette question car les cérémonies d’accueil dans la Nation organisées par les maires ont su donner une solennité bienvenue à l’acquisition de la nationalité française. Convient-il d’aller plus loin dans ce sens ?

La clé de voûte de ce « vivre ensemble », c’est la laïcité, qui est plus qu’une simple valeur, - le principe même de l’organisation de notre République, un principe juridique d’une totale modernité couvrant un large domaine d’applications. La gauche ne peut laisser cette garantie de liberté et de diversité des expressions être abusivement caricaturée ou détournée. Le principe de laïcité n’est pas une idéologie particulière mais un cadre, celui qui rend possible l’inclusion de tous dans le projet national. La laïcité reste un élément fort du discours socialiste, car elle vient en appui d’une approche équilibrée et égalitaire de la nation. Le dépassement des particularismes autorise la liberté de chacun, l’expression du pluralisme. La laïcité rend libre.

Au final, des questions sensibles ont déjà trouvé des réponses dans nos engagements de congrès. Notamment celle de l’immigration pour laquelle le Parti socialiste, refusant l’alternative entre immigration choisie et subie, a mis au coeur de ses orientations les notions essentielles de droits et devoirs des résidants. Là encore, on retrouve le contrat social : que voulons-nous faire ensemble ? Quels droits, quelles garanties, mais aussi quels devoirs pour les citoyens ? Il nous faut redonner du sens au contrat social pour redonner du sens à la République, un sens au mot nation.

Quelle République voulons-nous ? Il s’agit bien de refonder une République nouvelle qui saurait accueillir en son sein ceux qui veulent la construire, une République métissée.

3. Quelle Europe voulons-nous ?

Jusqu’à une période récente, la souveraineté et la démocratie s’exerçaient exclusivement dans le cadre national. Longtemps, les organisations internationales ont émané des Etats. C’est toujours le cas pour les Nations Unies et beaucoup d’autres institutions.

Parce que la nation est le fondement de la souveraineté, le cadre européen pose aujourd’hui question. Et ce à double titre :

- Quelle est la légitimité des décisions prises à Bruxelles ?

- Dans quelles conditions la démocratie et la souveraineté peuvent-elles s’exercer dans un cadre supranational ?

En effet, les titulaires de la souveraineté nationale se sont peu à peu exonérés de leurs responsabilités, se réfugiant derrière des contraintes externes telles que la mondialisation, la construction européenne et le pouvoir de Bruxelles. Et le citoyen s’interroge de plus en plus sur la légitimité d’une autorité supranationale qui semble habilitée à prendre des décisions en dehors de tout contrôle démocratique.

Notre conception d’une « fédération d’Etats-nations » était censée permettre de répondre au double besoin d’Europe et de Nation. Reste-t-elle pertinente à l’heure de l’élargissement de l’Union ?

Comment faire fonctionner la démocratie dans le cadre européen ? Peut-on parler de la constitution d’un espace politique dans une Europe à 27 ?

Il n’y aura pas de citoyenneté européenne sans souveraineté populaire. Comment parvenir à cet objectif ? Ce sera d’autant plus malaisé qu’il n’existe pas aujourd’hui de peuple européen, - pas même de véritables partis politiques européens constitués. Du point de vue de la démocratie et de la souveraineté, les hésitations de la construction européenne pose la question de savoir si la nation reste l’horizon indépassable du cadre démocratique. L’affirmer, et bien que cela puisse sembler contradictoire eu égard à notre aspiration en faveur d’une véritable démocratie européenne, c’est s’appuyer sur le constat que la nation demeure aujourd’hui un cadre non dépassé, essentiel si l’on veut être efficace sur des sujets tels que le social, l’environnement ou la résolution de conflits.

Bien sûr, la situation actuelle dévoile une crise de l’identité européenne qui marque, dans la perspective de l’approche française, la fin de l’idée selon laquelle l’Europe serait « la France en grand », - idée qu’avait en son temps exprimée François Mitterrand : « La France est notre patrie, l’Europe notre avenir ». Pour les Français, trop souvent l’Europe est une projection, la transposition à l’échelle européenne d’aspirations sociales nationales. D’ailleurs, une étude d’opinion réalisée lors de la campagne pour l’élection présidentielle a montré que plus on est fier d’être français, plus on l’est également d’être européen. Mais en chargeant l’Europe de toutes les vertus, on lui a aussi imposé d’assumer tous nos échecs.

On voit bien le problème qui est devant nous, le noeud qu’il nous appartient de dénouer. C’est pourquoi, il nous faut dire clairement que :

- l’Europe n’est pas et ne peut pas être un substitut à la Nation ; ce n’est pas non plus « la France en grand ». Dès lors, la meilleure définition de l’Europe demeure probablement encore la « fédération d’Etats-nations ».

- Même si notre projet pour l’Europe ne peut se résumer à l’Europe des projets, celle-ci doit très vite, pour prétendre incarner l’intérêt général, investir des domaines qui touchent au quotidien de nos concitoyens ou qui ont un impact très concret sur leur vie : salaire minimum, nouvel Erasmus....

- l’Europe, ce sont aussi et surtout des valeurs et des principes communs, expressions d’une même civilisation (justice, solidarité par la régulation et la redistribution), mais également une voix dans le monde et la mondialisation. Au XXe siècle, elle a su répondre à la grande peur du moment, celle de la guerre, en devenant le symbole de notre volonté de construire la paix. Aujourd’hui, il lui revient de répondre aux enjeux et aux inquiétudes que suscitent la mondialisation.

Voilà esquissé un avenir pour l’Europe, un avenir pour la France.

3) Qu’est-ce que la Nation ? Discours de François Hollande, lors du forum le 24 novembre 2007

Cette question nous oblige à répondre à trois interpellations :

Quelle est notre conception de la Nation

Cette interrogation a toujours été au cœur de chaque grande confrontation politique depuis l’histoire même de la République puisque, à chaque grand moment de notre Histoire, il s’est agi d’un choix, d’un projet pour la Nation, de deux conceptions qui s’affrontaient sur l’idée même de la Nation. Et les citoyens, lorsqu’ils ont voté, ont fait un choix qui n’est pas simplement un choix de personne mais aussi un choix de projet qui valait pour toute la Nation.

Lors de la précédente élection présidentielle, le débat a été plus centré sur les valeurs que sur les propositions ; et l’identité nationale que l’on croyait gommée -pour ne pas dire effacée- par la mondialisation, par l’Europe, par l’individualisation, a ressurgi presque comme par effraction. Nous ne devons pas laisser à Nicolas Sarkozy le monopole de la France et l’idée même de Nation. Parce qu’en définitive, nous aimons la France tout autant que les autres, nous ne dénions pas aux autres le fait de l’aimer, mais nous disons simplement que la France que nous aimons peut avoir deux visions de sa propre Histoire et deux visions de son avenir.

Nous avons donc le devoir de parler non pas au nom de la France, mais pour la France et au nom d’une conception de la Nation. La Nation n’a jamais été une valeur consensuelle dans notre pays ; le clivage politique s’est longtemps fait autour de la Nation que chaque camp cherchait à s’approprier. Il faut donc dire que c’est la gauche qui a reconnu la Nation : c’est la Révolution française qui a associé Nation et citoyenneté, qui a considéré que la communauté des citoyens formait Nation. Jules Michelet disait que « le Dieu des Nations avait choisi la France », parce que la France avait fait éclore l’idée même de Nation -la Révolution française ; elle avait donc permis de passer du sujet qui était l’individu sous la monarchie au citoyen dans la République.

Ensuite, toute la République a porté l’idée de Nation quand ceux qui n’aimaient pas la République contestaient la Nation elle-même. Les choses ensuite se sont troublées : les guerres coloniales ont été aussi faites par des Républicains au nom de la Nation, en pensant porter les valeurs civilisatrices. Jules Ferry -qui n’est pas le plus mineur de nos Républicains- croyait défendre la République quand il la projetait dans les colonies, alors que d’autres Républicains -heureusement- affirmaient que cette conception supérieure de la civilisation était contraire à l’idée même de la République.

La gauche a donc toujours été hésitante ; tantôt elle retrouvait la Nation, la République : la Libération, le Conseil National de la Résistance ; tantôt elle s’en méfiait tant elle pensait que la Nation pouvait dériver vers le nationalisme. Mais chaque fois que la gauche a oublié la Nation, la droite s’est enfoncée dans la brèche et a imposé alors sa propre conception.

Il y deux définitions de la Nation selon la droite ou selon la gauche :

* Pour la gauche, la Nation se confond avec la citoyenneté ; elle est un contrat entre des hommes libres, définissant par leurs représentants la volonté générale. Elle est donc une universalité, un combat commun. C’est l’idée de la Nation ouverte, de la Nation qui se donne aux autres, qui donne à voir son modèle. Dans la conception de la gauche, c’est l’idée de la Nation comme chance pour les autres et qui ne voit pas en eux un ennemi.

* Pour la droite, en revanche, la Nation puise sa légitimité dans l’origine, dans l’héritage, dans le sang, dans l’histoire, dans la langue. La réponse est donc identitaire ; c’est l’idée d’une Nation qui se méfie des autres, qui se méfie de l’étranger, de l’immigré, du voisin. Nous voyons bien que cette conception de la Nation est fondée sur le danger.

Si bien que, lorsque nous regardons le débat d’aujourd’hui avec les définitions d’hier, on se rend compte que, pour certaines de ces définitions, elles sont dépassées et, en même temps, le retour se fait. C’est pourquoi l’idée même d’un Ministère de l’identité nationale, abstraction faite de l’immigration ajoutée à ce Ministère, est contraire à la conception que nous avons de la Nation. La Nation n’est pas un ministère, la Nation c’est la République. De plus, La Nation ne peut pas être un ministère de l’identité et de l’immigration, car la Nation ne se définit pas au contraire des autres, mais avec les autres.

C’est pourquoi aujourd’hui, en ce début du XXIè Siècle, je pense que nous avons besoin de redéfinir ce qu’est pour nous le récit national.

Le monde a changé, le capitalisme est là, le marché s’est imposé, l’Europe s’est bâtie, les courants migratoires ont créé des générations de Français aux différentes couleurs aujourd’hui et aux différentes religions, d’autres identités locales, culturelles se sont imposées. Que signifie donc pour nous, socialistes, la Nation ?

Plusieurs options s’ouvrent :

* La première est de considérer qu’il faut dépasser la Nation et que l’Europe serait le nouvel horizon.

* Le second choix que nous pouvons faire est de nous replier dans le cadre national en considérant que la souveraineté doit être rétablie avec des protections autour de nous.

* Et il y a la troisième option, la nôtre, celle d’une dynamique nationale et qui finalement emprunte à la fois à l’Histoire et au présent de la campagne présidentielle.

Renan affirmait que « la Nation, c’est la volonté de continuer à faire valoir l’héritage que l’on a reçu en indivision ». Mais pas simplement faire vivre l’héritage, mais porter une volonté d’avenir et la porter ensemble. C’est à la fois ce qu’il appelait le « plébiscite de tous les jours que de vivre dans la même Nation » et le désir d’une vie commune, de poursuivre l’engagement commun.

Et, si l’on songe à ce que disait Ségolène Royal pendant la campagne, c’était une forme d’actualisation de Renan : « la Nation ne demande pas aux gens d’où ils viennent, mais où ils veulent aller ensemble ». Pour nous, la Nation est à la fois une mémoire et un projet communément partagé. Il faut partager la mémoire et partager l’avenir.

Sur la mémoire, si l’on ne la traite pas on ne peut pas traiter l’avenir. La transmission de la mémoire est un élément constitutif de la Nation. C’est tout le sens que nous donnons à l’histoire, toute l’histoire, pas une vision idéaliste de l’Histoire, l’Histoire avec ses gloires et ses manquements, ses drames.

C’est pour cela que nous avons un débat avec la droite. Pour la droite, il s’agit de repentance dès que l’on évoque des pages douloureuses de l’Histoire (la colonisation, l’esclavage, les guerres de décolonisation, sans parler de Vichy ou de la déportation). Pour nous, nous ne sommes pas responsables de notre Histoire, nous en sommes les héritiers et en même temps, nous devons en donner le message. Il ne peut donc, en ce sens, y avoir d’avenir commun s’il n’y a pas reconnaissance de l’Histoire dans son ensemble, y compris des mémoires blessées, des mémoires flouées. Oui, nous devons reconnaître le colonialisme, les guerres, la collaboration, les déportations comme étant, hélas, dans notre Histoire et qui comptent encore aujourd’hui. Nous devons renouer avec les mémoires blessées, les reconnaître afin de permettre la réconciliation.

Nous n’avons rien à craindre de notre conception de la Nation à rappeler les moments tragiques de notre Histoire ; nous n’en serons que plus fiers pour rappeler les moments glorieux (le combat de la République, l’affaire Dreyfus, la Résistance, la capacité qu’a notre peuple à se soulever face au racisme, à l’antisémitisme et au fondamentalisme). C’est aussi cela qui nous permet d’être ensemble. Mais, ce travail de mémoire qui rejoint ce que disait Renan : « c’est un héritage de gloires et de regrets à partager ». Il faut partager les regrets pour partager les gloires.

À cette mémoire doit correspondre un projet républicain. C’est cela le projet de la Nation, son avenir. Il est fondé sur un contrat social qui unit les citoyens avec des droits, des garanties, des devoirs. C’est pour cela que, suite à notre forum et pour lui donner un prolongement, ce que nous avons à écrire maintenant, c’est le projet de la République, c’est le projet de la Nation. Nous écrirons donc une Charte de la citoyenneté du XXIè Siècle : que signifie être Français aujourd’hui ? Que signifie être résidant France ?

Quelle est notre conception de l’Etat

Fallait-il considérer que l’Etat n’était plus la forme appropriée, que c’était l’Europe, la gouvernance mondiale ou les collectivités locales qui devaient être notre cadre de référence ?

Il faut évacuer un malentendu. Il a été dit que les socialistes gagnaient toutes les élections locales et territoriales et qu’ils perdaient l’élection présidentielle (trois fois). Je ne voudrais pas que l’on imagine qu’il y aurait comme une forme de « division du travail » politique où on laisserait le gouvernement et la Présidence de la République à la droite, au prétexte qu’elle aurait quelques compétences -je ne les vois pas-, et que la gauche pourrait apaiser les maux de notre société, assurer la solidarité et que les citoyens auraient, finalement, trouvé la combinaison : à la droite le pouvoir d’Etat, à la gauche le pouvoir territorial. Nous sommes d’accord pour accepter tous les suffrages pour les prochaines élections municipales et cantonales prochaines. Mais, il me faut vous dire que nous jouerons toute la partie et je souhaite que tout ce que nous faisons dans nos villes, dans nos départements, dans nos régions, soit au service de notre crédibilité nationale.

Mais, il faut répondre à la question suivante : qui, aujourd’hui, est le plus à même de régler les grands sujets de la Nation ?

L’Etat-Nation est encore aujourd’hui le cadre essentiel, la communauté politique fondamentale. Notre conception de la Nation exige un Etat présent et respecté. C’est en ce sens que nous avons, là encore, une opposition avec la droite. Elle démantèle l’Etat, sauf dans sa fonction régalienne ; le marché n’a plus besoin d’un Etat redistributeur, n’a plus besoin d’un Etat présent avec ses services publics, n’a plus besoin d’un Etat qui organise la prévention, qui promeut l’Education... Tout cela peut se faire par le marché ! En revanche, plus le marché prendra sa place, plus le besoin d’ordre se fera sentir. Et c’est là qu’il peut y avoir un défi considérable. La droite désorganise la Nation par le marché, au point de faire appel à un Etat fort pour régler le désordre.

Dès lors que nous savons limiter le marché tout en le reconnaissant et que nous affirmons le besoin de services publics et de mécanismes de redistribution, c’est l’Etat qui doit assumer cette fonction.

Trois interrogations existent :

La première : la décentralisation jusqu’où ? La France est une République indivisible, les mots sont encore inscrits dans notre Constitution et ils ont perdu leur sens. Nous avons souhaité la décentralisation, elle a été dévoyée. Aujourd’hui, selon le département où vous vivez, la commune même, vous n’avez plus les mêmes droits sociaux, pas les mêmes droits à la solidarité, pas les mêmes droits pour les personnes handicapées, pas les mêmes droits pour les personnes âgées, pas les mêmes droits pour les Rmistes. Comment peut-on accepter cette discrimination territoriale ?

Autant nous devons considérer la décentralisation comme une autre façon de décider au plus près des citoyens, autant nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait aujourd’hui des règles différentes selon les territoires. C’est pour cela que nous faisons deux propositions : il faut un ordre social avec des droits fondamentaux qui valent partout sur le territoire de la République et que nulle collectivité ne peut s’en exonérer ; et il faut spécialiser les collectivités locales, clarifier leurs compétences, de façon à ce que l’on sache les limites mêmes des compétences qui sont accordées aux différentes collectivités locales tout en leur accordant les moyens financiers correspondants.

La deuxième interrogation : jusqu’où aller dans la diversité culturelle ? Quelle place pour les langues régionales ? Quelle place pour la reconnaissance des communautés ? Des religions ? Là, nous devons apporter des réponses adaptées, mais claires. Pour nous la laïcité est ce qui rend possible l’inclusion de tous dans le projet national. La laïcité est la réponse, y compris à la question la plus difficile de la diversité culturelle et de la présence de plusieurs religions. La laïcité permet à la fois la reconnaissance des croyances et leur organisation, tout en assurant la séparation entre l’Etat et les cultes. Tout en évitant aussi qu’il y ait une atteinte à la liberté individuelle lorsqu’une religion ou des familles font porter sur leurs enfants des contraintes que la République n’accepte pas. La laïcité est, pour nous, la réponse.

Ensuite, nous devons aller beaucoup plus loin sur les rites républicains. Nous nous en étions éloignés. Il est très important que ceux qui accèdent à la nationalité française soient accueillis dans la République par les élus de la République. C’est aussi important qu’il y ait des signes tangibles à la naissance, au moment des unions (mariage, pacs) car ce ne sont pas seulement des actes d’état civil, mais aussi des actes républicains que nous portons. Les rites républicains ne sont pas une vieillerie, ils ne sont pas superflus ; ils sont essentiels si nous voulons conserver l’unité indispensable.

Et est née la notion de République métissée qui n’est pas simplement affaire de visages ou de couleur de peau. La République métissée, c’est de prendre la France telle qu’elle est, de la reconnaître telle qu’elle est, à travers des individus qui ont justement des identités, mais aussi l’appartenance à la République qui dépasse tout. Nous ne devons donc pas à avoir peur de la diversité, car nous avons la laïcité, les rites républicains et les signes ainsi qu’une conception de la République. À la condition aussi que la représentation politique soit à l’image de la société française. Le Parti socialiste en est encore loin, même s’il fait des progrès. Nous aurons plus de personnalités venues de la diversité de la société française que nous n’en avons jamais eues lors des prochaines élections municipales et nous y veillerons jusqu’au bout.

La troisième interrogation est celle de l’immigration. Nous devons accueillir des résidants nouveaux. Nous devons le faire à la fois par rapport à la tradition de la ville, mais aussi par rapport aux besoins de l’économie française et aussi aux besoins de développement dans un certain nombre de pays par des accords négociés. Nous devons le faire en maîtrisant les allers et les retours ; c’est le rôle de la République, c’est le rôle de l’Etat. Nous devons aussi intégrer les citoyens. Nous continuons à dire qu’il faudrait, lors de la prochaine réforme de nos institutions, inscrire le droit de vote des étrangers aux élections locales ; c’est bien le moment de le faire. Nous devons refuser l’idée d’immigration choisie (comment, lesquels) et développer l’idée d’une immigration partagée entre pays d’origine et pays d’accueil. Et, enfin, nous devons poser comme principe républicain pour tout résidant dans la Nation qu’il doit accepter les lois de la République, et donc les droits et les devoirs qui en découlent.

Quelle est notre conception de l’Europe

Nous avons accepté les transferts de souveraineté depuis 40 ans de la France vers l’Europe. L’Europe est-elle devenue pour autant une nouvelle Nation. Non. L’Europe n’est pas une Nation ; l’Europe n’est pas constituée comme une Nation. Est-ce à dire que l’Europe ne doit pas être un espace démocratique ? Bien sûr qu’elle doit l’être. La démocratie précède la Nation. Nous devons donc revendiquer le contrôle démocratique de l’Europe, mais nous devons éviter aussi la confusion des projets et l’ambiguïté des notions.

Confusion des projets : nous avons bâti une Europe sans qu’il soit clairement indiqué quelle était la responsabilité de l’Union, qu’est-ce qui relevait de l’Etat-Nation. Si bien que la défausse s’est opérée et que l’Etat-Nation renvoie sur l’Europe sa propre responsabilité et l’Europe s’exonère aussi des siennes -notamment sur la gestion de l’économie.

Forme d’ambiguïté : nous avons nous-mêmes donné à l’Europe un rôle qu’elle ne pouvait pas jouer, surtout avec l’élargissement et aujourd’hui avec l’Europe à 27. Nous avions nous, les Français, pensé que l’Europe serait une « France en grand », que finalement en Europe il y aurait 250 millions de Français ! C’était une idée de la conquête démocratique, mais elle ne pouvait être acceptée par nos partenaires qui, eux, ne voyaient pas forcément leur avenir ainsi. Nous avions donc une autre conception qui consistait à dire que l’Europe sera notre avenir, ne parvenant pas à définir ce qu’est aujourd’hui la Nation. Nous pensions que l’Europe prolongerait la Nation. Tel n’est pas le cas. Soyons clairs : l’Europe est un cadre politique qui doit être organisé ; l’Europe est un espace qui doit être démocratisé ; l’Europe est un levier, et notamment dans la bataille contre la mondialisation. L’Europe est aussi un continent solidaire, mais l’Europe n’est pas une Nation.

C’est pourquoi il faut revenir, à propos de l’Europe, à cette idée de Fédération d’Etats-Nations. On s’était moqué de nous quand Jacques Delors avait trouvé la formule. Elle est la bonne. Etat-Nation, parce que nous sommes dans ce cadre-là de la volonté politique, mais fédération parce que nous devons bâtir un ensemble cohérent qui doit devenir démocratique.

4) Eléments de réflexion sur l’universalisme : Adrien Abécassis, économiste

Propos liminaire de Adrien Abécassis, économiste, le 23 octobre, dans la cadre de la commission « les socialistes et la nation ». Invité à traiter du thème de la l’universalisme, il commente les « deux grandes croyance, selon lesquelles l’Etat nation serait dilué et dépassé. »

L’Etat nation dilué ?

Ce sont toutes les thèses nées à la fin des années 1990 sur la fin de la souveraineté, très bien synthétisées par Fukuyama dans son ouvrage sur la fin de l’histoire. Les démocraties occidentales auraient alors gagné par KO. On allait dans un monde post-national et post-conflit. Les nations souveraines allaient être supplantées par la société civile et l’opinion mondiale. On parlait de village global.

On y a cru pour 3 raisons.

• Les valeurs universelles posent un paradoxe, celles de ne pas être universellement reconnues. L’exemple éclatant aura été la conférence de Durban, en 2001, sur le racisme et l’esclavage. On a même pas réussi à se mettre d’accord sur le début d’une déclaration finale sur laquelle tout le monde se serait retrouvé. C’est aussi l’échec de la démocratisation à marche forcée, dont l’exemple le plus flagrant est l’Irak. Idée que la démocratie peut être exportée. Or la démocratisation est un processus interne long, qui n’est pas forcement démocratique.

• Le fantasme de la société civile. Il y a eu tout un discours sur les ONG (alors que dans la plupart des pays du monde il n’y en a pas), que dans beaucoup de sommet et forum les ONG auront été des faux nez des gouvernements. Cette opinion publique mondiale était en réalité introuvable et très évanescente. Parallèlement on a pu croire que la mondialisation allait être un facteur d’harmonisation, alors qu’au contraire elle a participer à exacerber les différences. Sur ce point, la réflexion à dépassé la gauche. Stieglitz a parlé de « fanatisme des marchés ». Si ça pu choqué à l’époque, ça ne choquerais plus aujourd’hui, ou l’on recherche des stratégies nationales dans la mondialisation (cf rapport Védrine).

• Enfin, en s’accrochant à une moralisation au nom de l’universalisme, on rentre dans la logique de ceux qui poussent à un conflit de valeurs frontal. C’est la logique des néo-conservateurs américains, qui reprennent la tradition de Wilson : « on veut faire du monde un endroit sûr pour la démocratie ». Bush, le lendemain des attentats du 11 septembre a dit « nous avons trouvé notre mission ». C’est cette théorie du « Wilsonisme botté » d’imposer la démocratie, y compris par la guerre. Ce radicalisme des valeurs tels les droits de l’homme conduit à l’effet inverse que celui recherché.

L’Etat nation dépassé ?

Il le serait par des cadres plus grands, l’Europe, la communauté internationale... Les Nations n’en sont pas.

Il n’y a pas de communauté internationale au sens intérêt général supérieur ou « gouvernement » mondial qui dépasserait l’Etat nation. Il n’y a pas de gouvernement mondial. Il y aurait un problème de légitimité à vouloir s’ériger comme tel. Les Nations Unies restent l’expression des Etats. Les Nations Unies sont une réunion de copropriétaires sans fin (Védrine).

Le deuxième cadre de dépassement de l’Etat nation est l’Europe. Si elle a bien dépassé les Etats nations, en les intégrer dans une nouvelle entité. Mais peut-on parler de la constitution d’un espace politique et démocratique dans une Europe à 30 ? Cela semble difficilement envisageable. On parle depuis longtemps de déficit démocratique, qui n’a toujours pas été réglé. Il n’y a pas de partis politiques européens constitués, il n’y a pas de peuple européen. L’idée fédératrice d’intégration est en déclin, même en Allemagne. On dépassera difficilement l’équilibre définit par Jacques Delors de fédération d’Etats nations.

En conclusion :

• Le cadre de l’Etat-nation reste nécessaire. Aucune construction démocratique ne s’est imposée au dessus de l’Etat nation. L’Etat nation reste essentiel si l’on veut être efficace sur des sujets comme le social, l’environnement, ou la résolution des conflits. • On ne construira rien sur des entités malades. Historiquement, tous les exemples d’intégration réussis ont touchés des entités en phase d’expansion, en bonne santé politique, administrative... Faire croire l’inverse, c’est préparer des échecs, des désillusions et créer de la défiance.

5) LA NATION ET APRES ? (texte extrait du forum)

La Nation, une très vieille dame

« La nation, une idée neuve ? ». Non la nation est une très vieille dame, fatiguée, épuisée qui regarde le monde s’agiter autour d’elle sans comprendre où il va ce « monde ».

La Nation eut ses heures de gloire, la Nation a pesé sur l’histoire mais aujourd’hui la nation n’a plus de force car le monde bouge trop vite pour elle et a pris une autre dimension. Le monde s’émancipe de la nation, joue dans une autre cour beaucoup plus vaste - au moins à l’échelle de la nation française. Respectons la « Nation » comme nous devons respecter nos anciens. Ecoutons la « Nation » comme nous écoutons nos anciens ... mais tout est à construire !

L’Etat-Nation : pivot de la puissance publique

La puissance publique serait limitée à l’Etat-Nation et aux collectivités territoriales inférieures (régions, départements, intercos, communes). Au-dessus de l’Etat-Nation, rien ou presque, une délégation « light » des « Etats-Nations » au niveau européen, une délégation des « Etats-Nations » encore plus légère au niveau mondial dans l’ONU. Dans cette vision l’Etat-Nation reste le pivot fort de la vie publique.

Cette vision de la puissance publique est très populaire en France et même dans le Parti Socialiste mais tous les jours, elle prouve ses limites. Parce que la France est un espace trop moyen pour que l’Etat reste le pivot de l’action politique. Parce que la puissance relative - j’ai bien dit relative - de la France ne peut que décliner. La France a frisé la première place mondiale disputée par l’Angleterre puis par les Etats-Unis et demain la Chine ou/et l’Inde.

La France a été une très grande puissance économique, elle l’est encore mais de la 4ème place dans les années 1980, elle ne fait que glisser vers le bas au fur et à mesure où d’autres Etats-Nations plus peuplés tendent à augmenter leur propre production et niveau de vie.

La France avait un énorme capital politique et culturel avec un point culminant : le siècle des lumières et la Révolution Française, capital sur lequel nous avons surfé pendant des décennies avec bonheur. Mais depuis ... disons 1968, la France s’ingénie à détruire ce capital par pans entiers. Il fallait voir comment la France était respectée, admirée dans le monde et maintenant, il suffit d’une simple rencontre amicale de football France - Maroc pour que notre hymne national soit sifflé !

Pourquoi ? Parce que le monde s’internationalise, se construit et que la France n’a pas pris la mesure de la mutation et qu’elle est restée trop fermée sur elle-même. Certains Etats-Nations de taille subcontinentale sont en train d’émerger ou de s’affirmer, certaines entreprises privées, les firmes multinationales (FMN), ont plus de puissance financière mais aussi culturelle et politique (l’émergence d’une culture d’entreprise, fondation qui financent certains artistes, pressions politiques ...) que certains Etats.

La question n’est donc pas de militer « pour la réhabilitation de l’Etat », la réponse à la question « y-a-t-il trop ou pas assez d’Etat » n’est pas « pas assez ». Le constat est qu’il y a trop d’Etat mais pas assez de puissance publique. Trop d’Etat parce que peu à peu ses compétences et domaines d’actions sont transférés vers les collectivités territoriales (politique de décentralisation à poursuivre) et vers l’Union Européenne (politique à renforcer). Pas assez de puissance publique au niveau Européen : l’Union Européenne doit devenir une puissance politique majeure pour affirmer nos valeurs et nos intérêts sur la scène mondiale. La puissance de la France passe par l’UE sauf à avoir une politique qui nous déconsidère complètement vis-à-vis de nos partenaires (cf. le comportement de Sarkozy après celui de Chirac)

Transformer le PS et le PSE en ONG ?

Certains ont une vision du monde qui pourrait aboutir à cette conclusion. C’est la vision libérale : le moins d’Etat possible, globalement le moins de puissance publique possible, l’espace « Europe » serait limité à la définition d’un marché unique. Le monde est un espace ouvert où des puissances privées agissent, se confrontent voire s’opposent. Les grands acteurs de cet espace sont les FMN mais elles peuvent avoir leurs contrepouvoirs : les FMN concurrentes entre elles (Total face à Exxon-Mobil) ou les FMN face aux ONG (Green Peace face à Areva). La déconstruction de la puissance publique peut aller très loin. La gestion de la guerre en Irak par l’administration Bush en est un exemple frappant. Avant la guerre était l’expression régalienne de l’Etat par excellence. Jusqu’au XXè siècle, la guerre était le fait d’armées nationales qui s’auto-organisaient avec des soldats-fonctionnaires. Aujourd’hui l’organisation de la guerre se privatise aussi. Ainsi, en Irak, l’armée américaine a eu tout d’abord recours à des sociétés privées pour ses approvisionnements en carburant, pour l’alimentation des soldats ... mais l’administration américaine a maintenant recours à des sociétés privées mercenaires. Imaginons l’armée française versus libérale Sarkozy-Bush : location du matériel militaire à Dassault Finance, service restauration des soldats fourni par la Sodhexo, l’hébergement des troupes confié à un GIE Accor-Algeco-Intersport et, cerise sur le gâteau, les soldats en contrat d’intérim auprès d’Adecco. Le contrat d’assurance-vie est en cours de négociation, deux candidats restent en lice : Generali et la Lloyds. HSBC a obtenu que tous les tanks soient labellisés avec son logo ! L’ONG Handicap International a même pu faire graver sur chaque bombe : « non aux bombes anti-personnelles ». Magnifique ! Et qui se préoccupe de normes techniques, environnementales, sociales, fiscales ? Mais au fait, pourquoi normer ? La grande concurrence mondiale généralisée, le conflit comme règle de base. Au diable la fraternité, l’intérêt général, la démocratie, la citoyenneté, la laïcité ...

Dans cet univers-là, le PS pourrait être la filiale française de l’ONG PSE ? Cela tente-t-il quelqu’un ? C’est une certaine vision mais pas la mienne et normalement pas la nôtre.

Pour une nouvelle démocratie - citoyenneté

Certains dirons qu’il s’agit encore d’une utopie, d’un rêve et pourquoi pas, sourire en coin, d’une chimère. D’autres - combien ? - penserons qu’il s’agit d’une vision stratégique qu’il convient de phaser « step by step ». Quelle vision du monde avons-nous ? Du monde d’aujourd’hui et du monde de demain ? Où voulons-nous aller ? La France, les socialistes français ont-ils encore un message universaliste à proposer au reste du monde ? Sinon avec Max Gallo, Henri Guaino et bien d’autres encore moins fréquentables, nous pouvons toujours continuer à agiter nos petits drapeaux bleu-blanc-rouge et à chanter au garde-à-vous la Marseillaise, notre hymne national à la phraséologie si insupportable, fiers de notre passé et droits dans nos bottes !

Je suis prêt à tous les compromis - presque - au cours d’une campagne électorale mais pas lors d’un débat sur la rénovation.

Notre Parti devrait se fixer un objectif : offrir une vision du monde « socialiste » à laquelle puisse souscrire :

- Guillaume, jeune diplômé de HEC à qui Danone vient de proposer un contrat pour aller s’expatrier pendant 2 ans à Shanghai

- Aziz, jeune zonard de banlieue qui a passé 6 mois à la prison de Bois d’Arcy pour trafic en tout genre

- Mme Denis, 103 ans et veuve de guerre

Les pistes de réponses ?

- la multi-citoyenneté, la pluri-identité, se sentir « Citoyen du monde » mais être aussi fier d’être né à Casa, d’habiter le val-Fourré, de s’amuser à Mantes-en-Yvelines, de voyager franlicien, de jouer au hand en National 2 à Chaville (92). Donner à chacun le choix de son échelle de valeur, le choix de ses projections personnelles du global au local ! Dépasser le régionalisme, le nationalisme, le retour identitaire étroit, agressif, vindicatif.

- Elargir l’espace démocratique vers le haut, l’Union Européenne et le monde, et remodeler notre espace démocratique territorial du quartier à la Nation. Donc repenser globalement notre architecture institutionnelle en :

o Réduisant les niveaux institutionnels : pourquoi pas en créant des binômes institutionnels transitoires intercommunalités renforcées/communes-quartiers, régions/délégations départementales, U.E./Etats-Nations ?

o Démocratisant par l’élection directe du local au niveau mondial en passant par U.E. Je vois les sourires au mieux sceptiques au pire moqueurs. Camarades, un peu d’ambition ! Après l’échec de la SDN, nos pères ont bien créé l’ONU, pourquoi ne passerions-nous pas de l’Organisation des Nations Unies à l’Organisation des Citoyens Fédérés ou l’Organisation Mondiale des Citoyens Unis ? De l’ONU à l’OCF ou l’OMCU (pour éviter OCU Organisations des Citoyens Unis) ? Un Congrès mondial avec une double chambre : un Sénat représentant des territoires, Nations ou Etats fédéraux (ou confédéraux) et une chambre des représentants élus par un (ou des) scrutin de liste. Une liste montée par l’Internationale Socialiste avec une élection le même jour partout dans le monde ! Le même modèle pourrait être reproduit à tous les niveaux institutionnels intermédiaires. Est-ce si utopique quand on voit l’état lamentable actuel de nos institutions : l’OMC avec son cycle de Doha en panne, le FMI contesté par les puissances émergentes, le G20 face au G8, les belges qui éclatent, les corses qui s’enfoncent dans leur corsitude, U.E. qui se paie le luxe de se faire retomber sur le pied son traité constitutionnel ... La crise est là partout. Monnet et Schuman ont bien lancé l’idée de l’Union Européenne au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Il fallait être sacrément inconscient !

- réaffirmer le rôle du politique, la culture publique de l’intérêt général, le modèle de la laïcité avec sa double dimension :

o tolérance vis-à-vis des cultures et entre les cultures, les philosophies et les religions

o neutralité républicaine de l’espace public

- mettre en avant le développement durable c’est-à-dire :

o l’idée d’un développement équilibré qui ne laisse personne sur le bord de la route et qui ne détruise pas notre environnement naturel,

o l’idée que l’économie de marché et d’entreprises doit être régulée par des normes techniques, sociales, fiscales et environnementales

o l’idée que les territoires sont certes peut-être en concurrence raisonnée et raisonnable mais aussi en liens de coopération !

Cette nouvelle démocratie étendue et approfondie est indispensable face à la puissance des intérêts privés aujourd’hui et aussi à celle de certains territoires qui pourraient être en mesure demain de peser au-delà du raisonnable. Pensons aux FMN mais aussi à des Etats-subcontinentaux comme la Chine ou la Russie. La guerre en Irak s’est chargée de plomber pour quelques années les ambitions américaines mais restons vigilants !

L’être mondial ou le néant

La Nation comme espace indépassable, comme espace infranchissable de notre action politique ? Certainement pas. La nation est datée surtout les nations moyennes à la française. Ce fut un moment de notre histoire. Cette idée nationale a eu du mal à s’imposer en France, il lui a fallu plusieurs siècles pour y mettre à bas les féodalités et l’aristocratie. Quelques images d’Epinal :

- la bataille de Louis XI contre le Bourguignon Charles le Téméraire

- la fronde des parlementaires contre le jeune Louis XIV et Mazarin qui va déboucher sur la monarchie absolue de Louis XIV

- la tentative de révolution aristocratique et parlementaire sous Louis XVI qui va ouvrir la voix de la grande Révolution française de 1789 avec la fin de la monarchie absolue

- cette Révolution française de 1789 qui va en fait durer jusqu’à la Commune de Paris de 1871. Encore un siècle pour que la République arrive à s’installer définitivement en France !

Une longue bataille en France pour imposer l’unité nationale dans sa forme démocratique et républicaine ! Une longue bataille pour adapter la vie politique aux nouvelles dimensions de la production et des échanges. Comme il a fallu une très longue bataille pour imposer la laïcité.

Aujourd’hui, il faut tourner la page, intégrer :

- la dimension mondialisée de la production et des échanges, les nouvelles révolutions technologiques (NTIC, biotechno ...),

- le risque environnemental que fait peser sur notre monde notre mode de production et de développement traditionnel

- la pauvreté qui hante encore tant de personnes et tant de territoires

Les socialistes ont depuis le XIXè siècle visualisé, pensé l’internationalisme. Ils ont été précurseurs parfois voulant même aller trop vite (erreur de phasage) et faisant finalement machine arrière (« le socialisme dans un seul pays »).

Car les mutations culturelles et politiques sont lentes et progressives même si à certains moments l’histoire s’emballe (la révolution française).

Il y a quelques millénaires, les hommes vivaient les uns à côté des autres sans même le savoir. Les grandes découvertes du XVè et XVIè siècle ont unifié le monde (la terre ! nous sommes toujours très prétentieux, la terre n’est pas le monde !). Aujourd’hui, le monde - la terre est en voie de globalisation sous l’impulsion des forces productives et d’échanges. Mais aussi l’histoire s’accélère, les mutations sont de plus en plus rapides. Une course est engagée entre les puissances privées et les puissances publiques. Depuis 1973 (le premier choc pétrolier), les FMN prennent de l’avance, elles évoluent très vite à coup de révolutions technologiques, de mutations organisationnelles, de fusion-absorbations, de capitaux hyper mobiles. Les puissances publiques, elles, tentent de freiner souvent ces mutations, parfois avec raison mais surtout elles ont beaucoup de mal à se restructurer elles-mêmes au même rythme que les acteurs économiques. Les mutations idéologiques, culturelles et in fine politiques sont beaucoup plus lentes, trop lentes. En France, l’Etat-Nation a été particulièrement puissant et abouti avec une longue tradition d’abord monarchique puis républicaine. Aussi la mutation culturelle et structurelle est-elle particulièrement difficile à réaliser.

La rénovation du PS

Très rapidement après 1981, le PS a du revoir ses fondamentaux, ce fut le débat de 1983 : ouverture ou pas ouverture vers le monde ? Ce fut le virage à 180° des nationalisations dans la foulée de mai 1981 aux privatisations progressives jusqu’à Jospin.

Notre mutation idéologique et politique, nous hésitons à la faire franchement. Les termes du débat autour de ce premier forum en est une nième manifestation.

L’hebdo des Socialistes sur ce forum illustre parfaitement la situation. Que ce soit :

- la première phrase d’Urvoas : « En 2006, le Conseil de l’Europe concluait à la difficulté, voire l’impossibilité de définir à l’échelle de notre continent le concept de « nation ». » Faut-il y renoncer ?

- ou la double page centrale avec d’un côté l’article de J-Y Le Drian « pour une réforme de grande ampleur », et, celui de D. Simonnet, en face « pour une réhabilitation de l’Etat »

Un dernier mot pour conclure sur cette idée de « réhabiliter l’Etat ». Cette idée peut séduire parce qu’elle est séduisante pour un français de gauche :

- les socialistes français ont poussé à la construction de cet Etat républicain puissant. En en réaffirmant sa nécessité, nous nous inscrivons dans une continuité historique agréable.

- le moins d’Etat signifie mécaniquement moins de puissance publique et donc plus de puissance aux intérêts privés et donc moins d’intérêt général et derrière moins de solidarité et moins de cohésion sociale. Cela fait frissonner d’effroi les humanistes que nous sommes.

- affirmer la réhabilitation de l’Etat quand la droite libérale elle-même veut le détruire, n’est-ce pas la meilleure façon de se différencier et de s’opposer à la Droite ? Argument imparable.

Sauf que, malgré toutes ses bonnes raisons, la réhabilitation de l’Etat est obsolète, inadaptée à la situation actuelle. On fait dans la facilité intellectuelle et politique pour ne pas dire dans la paresse intellectuelle et politique voire dans l’opportunisme électoraliste pur et simple parfois. La solution ? Oui moins d’Etat mais plus de puissance publique, une puissance publique mieux répartie du local au global. L’Etat n’est pas à détruire (on verra plus tard) mais il est à relativiser.

A nous d’inventer, à nous de proposer, à nous d’avancer. Ce n’est pas si facile, c’est vrai car nous sommes un parti d’élus, c’est-à-dire que beaucoup d’entre nous participent à la vie politique territoriale et nationale. Comment proposer de faire disparaître les structures départementales quand tant d’élus socialistes sont conseillers généraux ! Faut-il se faire hara-kiri ? Quadrature du cercle ? Et pourtant ... Si nous sommes timorés l’abstention regagnera du terrain tout comme les extrémismes ou le zapping politique. Ou nous acceptons d’évoluer fermement et rapidement ou nous mourrons ... la seule question étant de savoir si ce sera de mort lente et par infarctus. Et attention, si pendant des années la Droite française a été aussi voire plus timorée que nous, le petit caporal Nicolas Sarkozy a décidé de faire bouger les lignes à Droite.

La France est encore une grande puissance économique et jouit encore d’un grand prestige dans le monde, c’est le moment où jamais de faire notre propre révolution culturelle et politique après, il sera trop tard docteur ...

Philippe Marguerit, le 16 novembre 07 (fédé des Yvelines)


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