Saignée de l’emploi, concurrence accrue : l’automobile en France, un secteur en danger

dimanche 27 octobre 2024.
 

Chaque année, le salon de l’Automobile est l’occasion de rappeler la réalité de ce secteur, derrière la vitrine futuriste et tape-à-l’œil de ce salon. Celle-ci n’est pas rose, loin de là. Entre 2006 et 2021, 114 000 emplois ont été supprimés dans le secteur, soit un passage de 289 000 à 175 000 salariés. Entre septembre 2023 et septembre 2024, la CGT a recensé un total de 6 581 emplois directs sur 28 sites supprimés ou menacés. D’ici à 2030, 70 000 emplois sur 300 000 sont menacés chez les fournisseurs de l’automobile.

Le secteur de l’automobile français souffre du cadre de la concurrence accrue du néolibéralisme avec son lot de délocalisations d’usines. Mercredi 17 octobre, une délégation de députés LFI, dont Aurélie Trouvé, présidente de la commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale, s’est rendue Porte de Versailles à Paris, là où se tient le salon annuel automobile. Ils se sont tenus aux côtés des salariés de ce secteur, qui faisait autrefois office de pilier de la richesse du pays. Notre article.

Industrie automobile : la saignée de l’emploi dure depuis des années

De la sécurité à la saignée de l’emploi. Le secteur de l’automobile est en proie aux saignées d’un néolibéralisme impitoyable, après avoir longtemps été un pilier de l’économie de la France. Entre 2006 et 2021, 114 000 emplois ont été supprimés dans le secteur, soit un passage de 289 000 à 175 000 salariés. L’hécatombe. Depuis 2000, le nombre de véhicules assemblés en France est passé de 3,5 millions à 1,4 million en 2022 (-60 %), dont 1,1 million de marques françaises.

Du côté des chiffres de production, ceux de l’automobile français ont lourdement chuté ces dernières années, passant de 3,66 millions d’unités par an en 2004 à 1,4 million en 2022. En cause : les délocalisations d’usines, notamment les pays de l’Est où les coûts sont moindres. En même temps, la concurrence de la Chine plonge l’industrie automobile française sous l’eau.

Au début des années 2000, une voiture sur 2 vendue sur le marché français était assemblée dans notre pays. En 2020, c’était 1 sur 5. Depuis 2007, le solde commercial du secteur automobile s’est dégradé pour atteindre -23,9 milliards d’euros en 2023, alors qu’il était auparavant excédentaire.

Le contexte actuel et les perspectives de l’industrie automobile ne sont pas au beau fixe. Un écart assez paradoxal subsiste entre la bonne santé économique des constructeurs et le délitement industriels de leurs sites, au détriment des salariés du secteur et de leurs familles. Bonne santé dont profitent certains PDG cupides, comme Carlos Tavares, PDG de Stellantis, qui aura empoché 36,5 millions de pactole, rien que pour l’année 2023. Soit 4 000 euros par heure, soit 1139 fois plus que ses salariés. Le tout, en laissant sur le carreau depuis 6 mois 400 ouvriers de l’usine de construction MA France, en Seine-Saint-Denis.

Pour aller plus loin : Scandale : Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a gagné 4 000 euros par heure en 2023 sont les piliers de cette industrie, et nous les soutenons dans leur lutte pour défendre leurs emplois et leurs droits », a déclaré Aurélie Trouvé.

Depuis de longs mois, les députés insoumis suivent notamment la lutte des salariés de MA France. 400 salariés menacés de licenciement par leur donneur d’ordre : l’entreprise Stellantis. Jean-Luc Mélenchon s’était notamment rendue auprès des salariés en lutte. « La venue de Jean-Luc Mélenchon dans notre usine confirme le soutien sans faille de la France insoumise depuis le début de notre lutte », avait déclaré Abdelhalim, gestionnaire de production chez MA France et élu CGT, au micro de l’Insoumission.

Pour sauver ce secteur emblématique de l’industrie française, les insoumis ont de nombreuses solutions à proposer. Le conditionnement des aides publiques aux grandes entreprises à l’emploi en est une première solution, entre autres. De 2020 à 2022, ce sont 5,8 milliards d’euros qui ont été injectés par les pouvoirs publics pour soutenir la filière automobile, sans pour autant faire cesser les destructions d’emplois. De telles mannes d’argent peuvent davantage être maitrisées et utiles en étant conditionnées à des maintiens d’activités salariés.

Les insoumis proposent également l’augmentation des droits de douane sur les véhicules importés pour contrebalancer la puissance concurrentielle de la Chine ; garantir des prix de l’énergie et en particulier de l’électricité les plus accessibles possibles ; relocaliser la production de véhicules compatibles avec les objectifs de bifurcation écologique (véhicules électriques légers), toujours sujet à des prix encore trop importants sur le marché des véhicules neufs. À noter que la production de 700 000 citadines en France chaque année permettrait de créer 25 800 emplois directs dans l’industrie automobile.


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