Michel Barnier a-t-il une pensée pour Jacques Chirac ces jours-ci ? L’ancien président l’avait observé lui-même, « les emmerdes, c’est comme les cons, ça vole toujours en escadrille » et force est de constater que les nuages s’amoncellent au-dessus du chef du gouvernement, alors que les débats sur le budget 2025 ont commencé hier en commission des finances à l’Assemblée.
Il s’agit de trouver 60 milliards d’économies afin de réduire le déficit public abyssal de plus de 3000 milliards. Mais c’est mal parti pour arriver à un consensus.
Premier souci, l’Assemblée a ouvert hier la voie à la création d’une commission d’enquête sur le dérapage des finances publiques. Le député LFI Éric Coquerel, président de la commission des finances, a estimé qu’il y a eu « insincérité ou cécité, les deux sont graves ».
Deuxième écueil, après avoir divisé dans le camp gouvernemental, notamment sur les hausses d’impôts, le projet de budget fédère contre lui toutes les oppositions. A l’Assemblée,1700 amendements ont été déposés et même si une partie sera retoquée, cela n’augure pas de la sérénité des débats ! Le RN, jusqu’ici attentiste à l’égard du gouvernement Barnier, est vent debout : « On ne votera pas ce budget qui fait les poches de la France au travail », a déclaré hier Jordan Bardella. Nous entendons, avant même que se pose la question d’une censure ou d’un vote, faire adopter un maximum de nos mesures qui prennent en compte les difficultés de nos compatriotes à boucler la fin du mois ». Du côté de La France insoumise, la cheffe du groupe LFI à l’Assemblée a été tout aussi formelle : « Nous sommes en radical désaccord avec ce budget », a-t-elle indiqué en exigeant le rétablissement de l’impôt sur la fortune, renforcé par un volet climatique.
C’est dans ce contexte politique extrêmement tendu que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) jette un énorme pavé dans la mare. Dans un rapport rendu public aujourd’hui, cet organisme de recherche indépendant affirme que le budget 2025 pourrait amputer de moitié la croissance française l’an prochain, sans pour autant contribuer efficacement à la réduction du déficit public. Michel Barnier a annoncé que les économies proviendraient pour les deux-tiers des baisses de dépenses et pour un tiers des hausses d’impôts. L’OFCE estime que ce sera l’inverse : les hausses d’impôts contribueront pour les deux-tiers à, non pas 60 mais 44 milliards d’économies. Un contre-coup massif pour la croissance, avec la destruction prévisible de 130 000 emplois, selon l’OFCE, concluant que le budget de rigueur de Michel Barnier va durement pénaliser l’économie française, pour un désendettement médiocre ! Voilà le docteur Barnier en bien mauvaise posture pour défendre son remède de cheval. Jean-Marcel Bouguereau
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