![]() |
Ce n’est pas la première fois que l’on aborde cette question sur notre site : nous joignons ici une nouvelle pièce au dossier en se référant aux écrits d’Arnauld Leclerc, professeur de sciences politiques à l’université de Nantes.
La conférence donnée par Arnauld Leclerc, professeur de sciences politiques à l’université de Nantes est intéressante pour la formation de base en politique du citoyen. Ceci dit, plusieurs désaccords peuvent être pointés.
Voici le lien pour visionner cette conférence
Crise de la démocratie représentative par Arnauld Leclerc de https://www.youtube.com/watch?v=Q_e...
Les raisons profondes de la crise de la représentation ou représentativité ne sont pas abordées. L’auteur n’examine pas les causes économiques liées au développement du libéralisme économique et du néo libéralisme. Les rapports de classe sont totalement ignorés.
D’autre part lorsque l’on prétend avoir une démarche scientifique en politique, un politologue ne doit pas se comporter comme un politicien lorsqu’il observe une organisation politique.
Or vers la fin de sa conférence, lorsqu’il aborde les mouvements LFI et LREM, la rigueur n’est plus de mise.
Aucune analyse structurale de ces deux organisations ce qui aurait permis de saisir les différences considérables existant entre ces deux mouvements dans leur mode de fonctionnement.
Cette absence d’analyse conduit pour LFI à la taxer d’organisation verticale, avec un fonctionnement centralisé autoritaire, écartant les adhérents trop critiques : bref tous les poncifs que l’on rencontre dans les médias en guerre idéologique contre le mouvement LFI.
Un politologue sérieux ne peut fonder ses analyses sur la presse et plus généralement les grands médias pour saisir le fonctionnement du champ politique et notamment des partis puisque ces médias sont des appareils idéologiques d’influence même s’ils ne se réduisent pas à cette unique fonction.
Voir à ce propos notre article :
Journal Le Monde : une machine de guerre idéologique contre La France Insoumise. https://www.gauchemip.org/spip.php?...
(cet article relaie l’étude de l’association Acrimed.)
Arnauld Leclerc mentionne lethink tank Institut Montaigne comme contributeur à l’élaboration du programme de Macron et indique, sans aucune précision, que La France Insoumise aurait procédé d’une manière analogue avec un autre groupe de réflexions. Or, il n’est pas nécessaire d’être politologue pour savoir que le programme l’Avenir en commun a été élaboré collectivement avec une multitude de contributions : de simples citoyens par Internet, par des contributions de spécialistes, experts de discipline, par l’apport des organisations syndicales et différentes associations et par la contribution d’un certain nombre de parlementaires ayant élaboré des projets de loi.
Cet universitaire ne semble pas connaître comment a été élaboré un programme qui s’inscrit dans une continuité historique puisque qu’il a poursuivi celui du programme du Front de Gauche « L’humain d’abord ».
Que peut-on attendre d’un politologue pour comprendre ce qu’est une organisation politique et en particulier celle de La France Insoumise ?
1) De s’informer à la source sur la structure organisationnelle considérée. Par exemple, pour le mouvement, on peut se référer à l’adresse : https://lafranceinsoumise.fr/lfi-co...
On peut aussi se référer à la Charte de fonctionnement des groupes d’actions et aux principes de la France insoumise.
2) puis on s’informe en contactant différents membres de l’organisation : des membres des différents espaces, comités, assemblées représentatives, conseils politiques, groupe d’action pour savoir comment s’effectue le fonctionnement réel.
3) Puis, on peut essayer d’identifier la nature de l’organisation en utilisant par exemple la méthodologie de Vincent Lemieux, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux sur l’étude des organisations politiques. On peut par exemple se référer à son ouvrage :
Le pouvoir et l’appartenance. Une approche structurale du politique aux Presses universitaire de Laval Québec.
Il reprend, en les précisant parfois, les concepts utilisés dans ses ouvrages antérieurs Les réseaux d’acteurs sociaux, (1999, PUF) et L’analyse structurale des réseaux sociaux, (2000, Ed. De Boeck, noté ici ASRS).
Il définit les différents types d’organisation : coarchie ( réseau et quasi-réseau), stratarchie (quasi-appareil), hiérarchie (appareil) ; anarchie (qui n’a pas ici son sens commun voir notre article : France Insoumise doit améliorer sa puissance organisationnelle. (Première partie) https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Dans quel type de structure pourrait-on éventuellement classer France Insoumise ? Comment se distribuent les pouvoirs ?
4) Ensuite on peut réfléchir à la lumière de la structure organisationnelle, de son fonctionnement réel et des outils des sciences de l’organisation ce qui facilite le fonctionnement ou au contraire peut le faire dysfonctionner dans l’optique d’un fonctionnement démocratique citoyen.
Un psychologue, un paléontologue, un politologue peut avoir des convictions religieuses, politiques, économiques qui lui sont propres en tant que citoyen mais il doit être capable de faire l’effort de se débarrasser des différents biais cognitifs ou de raisonnement dans son travail d’analyste ou de chercheurs. Ne pas faire cet effort c’est adopter une position partisane, quelle qu’elle soit. C’est non seulement préjudiciable pour sa crédibilité mais aussi pour sa profession qui est censée reposer sur des bases scientifiques et objectives. Ce manque de rigueur est malheureusement trop fréquent et porte atteinte à la crédibilité du milieu universitaire.
*
**
Une autre conférence qui ne manque pas d’intérêt non plus :
Arnauld Leclerc - Médias et fabrication de l’opinion politique NantesUniv
https://www.you ://tout le tube.com/watch ?v=1JGW7tdNg7c
SourceSanevox.fr : https://ww sexe un oui dans ce w.youtube.com/@SaneVoxFR
Notre critique.
Il est utile pour éviter une conception simpliste d’expliquer que l’influence des médias est limitée pour la formation des opinions.
Mais il ne se pose pas la question : pourquoi des milliardaires investissent des sommes importantes dans les médias alors que le taux de rentabilité d’un tel investissement est souvent médiocre. On en connaît la raison : l’influence non négligeable de ces médias sur la formation des opinions sur le plan politique.
Mais en effet, comme nous l’avons montré dans notre long article : de la réalité factuelle à la construction et la perception d’un réel fictif, les médias sont insuffisants pour expliquer comment une majorité de la population se représente la réalité à partir d’un réel fictif construit. https://www.gauchemip.org/spip.php?...
Remarquons, en l’occurrence, que Arnauld Leclerc contribue à l’élaboration d’un réel fictif concernant la réalité du mouvement La France Insoumise. Une autre grosse lacune dans la conférence, l’incapacité ou la volonté des médias de rapporter la réalité des faits et même au contraire de les dissimuler lorsqu’ils sont gênants pour le pouvoir économique et politique en place. Il n’est tout de même pas inutile de mentionner la Charte de Munich de déontologie pour le journalisme.
**
Hervé Debonrivage
*
Date | Nom | Message |