Samedi dernier, nous apprenions la nomination de Catherine Vautrin comme ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation. Entre homophobie crasse, opposition au droit de chacun à disposer de son corps et licenciements d’inspecteurs du travail en raison de leur engagement syndical, retour sur les prises de position de notre nouvelle ministre qui siège aux côtés d’amis de sa trempe : réactionnaires et grands bourgeois.
Ce ne sont pas là leurs seuls points communs. Tous sont assis sur un siège aux ordres du Rassemblement national qui valide ligne après ligne leur politique, comme l’a révélé la presse à propos du pacte caché conclu entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen pour la nomination de Michel Barnier. Notre article.
En 2013, lors des débats autour du Mariage pour Tous, Catherine Vautrin défile fièrement avec la Manif pour tous. Le 30 janvier, elle monte au perchoir de l’Assemblée pour clarifier sa position. Elle ne se déclare pas contre les homosexuels, bien sûr… Mais on ne va quand même pas les laisser s’occuper des enfants !
Selon elle, le PACS peut progresser, changer de forme, se rapprocher du mariage, impossible que cela aboutisse à la filiation. Le message est clair : si les personnes homosexuelles peuvent se permettre la fantaisie du couple, il faut que cela reste entre eux, et que les enfants en soient à l’abri : C’est une position alors assez courante parmi les opposants au mariage pour tous, qui se targuent d’accepter les unions homosexuelles sans problème, pour peu qu’ils ne touchent pas à la famille.
Catherine Vautrin affirme que « la volonté des couples de même sexe de mieux organiser leur vie commune impose aux couples hétérosexuels une transformation de leur droit ». Cette déclaration est, de fait, fausse : le droit des hétérosexuels n’est pas affecté par la loi. Elle révèle pourtant toute l’homophobie de notre nouvelle ministre. Dans son paradigme, donner des droits aux homosexuels transforme ces droits, les rend moins précieux en les ouvrant à des formes de dégradation symbolique. En bref, les homosexuels, déjà qu’on ne les tue plus, ils ne vont quand même pas prétendre à l’égalité !
En réalité, la loi du Mariage pour Tous ne change rien à la filiation : la famille rendue possible est atomique, constituée d’un enfant adopté par deux parents. Pas de projet ambitieux de refonte de la filiation, pas de remise en question du couple comme noyau familial, c’est en résumé une loi assez « sage ». Déjà qu’on ne les tue plus, ils ne vont quand même pas prétendre à changer le monde !
Les difficultés de Catherine Vautrin avec la liberté et l’autonomie d’autrui En 2005, Catherine Vautrin met en place une loi pour héberger les femmes victimes de violences en famille d’accueil. L’association SOS femmes dénonce la démarche : les femmes ainsi accueillies sont infantilisées, victimes du regard tutélaires d’une famille qui croit accomplir une bonne action. Le fait même d’accueillir les femmes victimes de violence dans des familles d’accueil les place en position de mineures, de tutorées.
En 2017, Catherine Vautrin, Éric Ciotti et François Fillon saisissent le Conseil constitutionnel pour censurer la loi contre le délit d’entrave numérique à l’IVG. Cette loi avait pour but de protéger les femmes des contenus dissuasifs, souvent fourrés d’erreurs scientifiques, culpabilisants donc dangereux pour la liberté à disposer de son corps.
En 2004, Catherine Vautrin s’oppose aussi au droit de mourir dans la dignité. En janvier dernier, elle déclare ne pas avoir de difficultés personnelles à en parler, mais rester vigilante. Si le gouvernement doit légiférer à ce propos, c’est selon elle « d’une main tremblante » qu’il doit le faire. Des hésitations qu’elle n’éprouvait pas lorsqu’il s’agissait de légiférer contre les homosexuels ou les femmes. Filiation, IVG, décès : notre ministre semble avoir bien du mal à comprendre les concepts de liberté de choix et d’autonomie.
Catherine Vautrin fait également partie de ceux qui ont promu, en 2005, le Contrat Première Embauche, celui-là même qui permet d’employer un jeune de moins de 26 ans pendant une « période d’essai » de deux ans avant de le licencier sans explication. Un long essai, ou une exploitation instable de jeunes précaires ? La mobilisation a tranché : la loi est retirée en 2006 suite aux résistances des étudiants et lycéens.
L’enthousiasme que ressentait la nouvelle ministre à l’idée du Contrat Première Embauche tombe sous le sens lorsque l’on connait la suite de sa carrière. En 2024, elle licencie deux inspecteurs du travail stagiaires après dix-huit mois de formation, dont six de stage, sans aucun avertissement. Ils présentaient pourtant de bons résultats, parfois au-dessus de la moyenne de leur classe. Leur engagement syndical à la CGT et leur participation aux grèves contre les dysfonctionnements de leur formation n’y sont surement pour rien non plus ; mais, dans le doute, autant les mentionner.
Manifestement, en dix ans, rien ne change ! Pas même la volonté de licencier des jeunes après deux ans de travail, sans motif.
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