Emmanuel Macron vous a fermé les portes de Matignon. Quelle est votre réaction ?

Le président de la République refuse de prendre en compte les résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Je suis donc en colère et révoltée. En revanche, je ne suis pas surprise par son attitude. Lorsque nous l’avons rencontré à l’Élysée vendredi, j’avais déjà compris qu’il ne voulait pas d’un gouvernement issu du Nouveau Front populaire. C’est évidemment une position assez grave. Dans son communiqué publié lundi soir, Emmanuel Macron acte d’ailleurs le fait qu’il joue à la fois le rôle de président de la République, de Premier ministre et de chef de parti.

Voyez-vous donc ici un dévoiement de la fonction présidentielle ?

Le président de la République refuse de comprendre que son rôle est de nommer un chef de gouvernement issu du groupe majoritaire à l’Assemblée. Ensuite, c’est au Parlement d’accorder ou non sa confiance au nouveau Premier ministre. Or, actuellement, Emmanuel Macron décide seul de l’orientation politique, de la force légitime à gouverner et du timing…

Probablement parce qu’il a le sentiment qu’un gouvernement Nouveau Front populaire sera immédiatement censuré au Palais Bourbon…

Nous avons pourtant fait en sorte d’identifier des projets pouvant obtenir l’accord du Parlement. Mais cela, le chef de l’État ne l’entend pas du tout. J’ai ainsi déjà eu de multiples contacts avec des députés Liot, MoDem… Nous discutons beaucoup. Mais cela n’est pas pris en compte par le président de la République.

Sur quels projets auriez-vous pu obtenir un soutien du Parlement ?

Sur les services publics notamment, à commencer par la situation de l’école et de l’hôpital. Tous les parlementaires de l’arc républicain sont conscients de l’urgence à agir. Nous aurions donc pu trouver des compromis sur ce sujet. Par ailleurs, on a beaucoup caricaturé notre programme économique. Nous nous sommes toujours engagés à mettre des recettes sur nos dépenses supplémentaires, à l’inverse de la politique irresponsable menée par le chef de l’État. Nous voulons, par exemple, corriger des injustices fiscales, réorienter les choix faits depuis sept ans.

Selon vous, Emmanuel Macron préfère-t-il avoir un gouvernement de droite, de centre droit ?

Cela me semble clair, oui. Il entend poursuivre sa politique, alors même qu’il reconnaît que les Français veulent du changement. Il va ainsi réussir à décourager les électeurs à se mobiliser à nouveau dans les urnes. Il va réussir à ouvrir les portes de l’Élysée au Rassemblement national.