Olivier Faure (Parti socialiste), Fabien Roussel (PCF), les Insoumis Mathilde Panot et Manuel Bompard, les écologistes Marine Tondelier et Cyrielle Chatelain… Aucun des alliés ne manquait à l’appel d’Emmanuel Macron qui recevait chefs de parti et présidents de groupes parlementaires à tour de rôle afin de tenter de dessiner le profil du futur hôte de Matignon. Il faut dire que depuis les législatives et la courte victoire de la gauche, jamais le président de la République ne leur a passé un coup de fil, ni même écrit un SMS.

Depuis 38 jours, Gabriel Attal est à la tête d’un gouvernement fantôme qui gère les affaires courantes. Or, entre le budget et les risques économiques liés à l’instabilité politique, cette vacance du pouvoir commence à être longue. « C’est [une] forme d’obstruction », a pointé la patronne des Ecologistes Marine Tondelier après le rendez-vous élyséen, affirmant que « ce feuilleton institutionnel » devait se terminer.

La nomination du futur Premier ministre pourrait intervenir mardi ont cru comprendre ces interlocuteurs du jour, juste avant le début des Jeux paralympiques et le départ pour la Serbie du président de la République les 29 et 30 août. Et, compte tenu de son résultat aux législatives (182 sièges contre 168 pour Ensemble), la gauche estime que sa candidate – désignée après moult palabres – est la plus légitime pour occuper Matignon.

Dès 10h30, durant près d’une heure trente, dans le salon vert de l’Elysée qui jouxte son bureau, Emmanuel Macron a interrogé les membres de la coalition sur leur méthode de gouvernance, leurs projets et intentions. « Une espèce de QCM », résume le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. A chaque fois, Lucie Castets répondait, avec l’aval de ses camarades, comme si elle occupait déjà le poste. « Sur le Proche-Orient, l’Union européenne, l’Ukraine, avez-vous des éléments de rupture avec la politique actuelle ? »« Non », a rétorqué la haut fonctionnaire, relevant une unique divergence sur le conflit israélo-palestinien et la volonté de la gauche de trouver un accord de paix prévoyant la reconnaissance de la Palestine. Sur l’équation budgétaire, Lucie Castets a promis de ne pas engager de dépenses nouvelles non financées et de taxer les plus riches afin de dégager des recettes. « Emmanuel Macron n’a pas dit qu’il la nommerait, mais il n’a pas exclu de le faire », décrypte Olivier Faure.

« Stabilité, indépendance du pays, respect des institutions » : tel est le triptyque dressé par le président aux participants qui lui ont demandé s’il était synonyme de continuité. Le chef de l’Etat s’est dit « lucide » et avoir conscience qu’il y avait « une nécessité de changement ». Ce qui a plutôt satisfait les quatre alliés.

Cazeneuve, Bouamrane, Bertrand… Macron a semblé balayer ces noms

Alors qui pour diriger Matignon ? Le socialiste Bernard Cazeneuve ou le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, que les Insoumis menacent de renverser en cas de nomination ? Les LR Xavier Bertrand ou Michel Barnier ? Le centriste Jean-Louis Borloo ? Emmanuel Macron a semblé balayer ces noms sortis dans la presse, affirmant qu’« [il n’entendait] pas diviser le NFP » et considérant que toutes ses composantes avaient vocation à concourir, Insoumis compris. « Emmanuel Macron a lui-même reconnu que l’ensemble des forces représentées, qui avaient toutes participé au front républicain, contrairement au parti qui s’appelle justement Les Républicains, étaient parfaitement légitimes à la fois à gouverner et à incarner ce changement », souligne Olivier Faure. Une sortie qui n’engage que lui – et dont la sincérité est déjà largement questionnée.