« Avec LFI, on a enfin un mouvement qui peut tout changer » – Entretien avec Bérenger Cernon, cheminot et syndicaliste

dimanche 9 juin 2024.
 

Bérenger Cernon est cheminot, syndicaliste CGT à la SNCF et candidat sur la liste de LFI pour les élections du 9 juin. Comme l’inspecteur du travail, Anthony Smith, il est une figure des luttes sociales du pays. L’insoumission et Informations Ouvrières l’ont reçu pour un entretien vidéo exclusif pour parler de la grève comme moyen essentiel de la lutte et de la casse du service public ferroviaire par Emmanuel Macron et l’Union européenne. Il est signataire de l’appel des 1 000 syndicalistes qui soutiennent toutes les voix s’élevant pour le cessez-le-feu immédiat au Proche-Orient, qui sont menacées par Emmanuel Macron pour cela. Entretien.

L’insoumission / Informations Ouvrières : Tu es militant syndicaliste à la SNCF et tu as signé, comme beaucoup d’autres cheminots, l’appel de 1000 syndicalistes qui soutiennent et défendent tous ceux qui combattent pour le cessez-le-feu immédiat et l’arrêt des massacres, et qui sont inquiétés par Macron et son pouvoir pour cela, que ce soit des militants syndicalistes comme Jean-Paul Delescaut ou Cyrille Venet, des responsables politiques comme Mathilde Panot ou Rima Hassan, ou des humoristes comme Guillaume Meurice. Pourquoi as-tu jugé utile de le signer ?

Bérenger Cernon : Il me paraissait évident de signer cet appel au vu de la répression s’abattant sur ces syndicalistes qui n’ont absolument rien fait de mal si ce n’est de défendre leurs idées, nos idées. La violence et la dureté avec laquelle la répression s’abat sur nos camarades est insupportable et doit avoir une réponse ferme de notre part. La solidarité doit s’exprimer et s’affirmer ! Le monde syndical est réprimé de toutes parts par le patronat mais aussi par ce gouvernement appuyé par ces alliés qu’est l’extrême droite (il suffit de voir leurs déclarations dès lors qu’un mouvement social a lieu. La même rhétorique, les mêmes solutions…).

Les sanctions pleuvent, des dirigeants syndicaux de premier ordre sont convoqués dans les commissariats, la montée des idées les plus nauséabondes se fait de plus en plus pressant. Il y a urgence ! Les dirigeants de confédérations doivent absolument prendre la mesure de la gravité de la situation, réagir, agir, se positionner et montrer la voie à cette solidarité ouvrière qui a permis par le passé la naissance du syndicalisme et qui a su arracher des grandes conquêtes sociales. Se taire, c’est leur donner raison. Se taire, c’est abandonner nos idéaux. Se taire, c’est abandonner le combat et ça jamais, nous ne l’accepterons.

IO / L’insoumission : Tu es candidat sur la liste LFI aux européennes : selon toi, pourquoi s’engager aux côtés de LFI à l’heure actuelle ?

Bérenger Cernon : LFI est aujourd’hui devenu, non seulement, une force politique incontournable mais qui en plus s’est mise en capacité de prendre le pouvoir et de changer réellement la vie des gens. Nous avons trop souffert par le passé de la désunion et surtout de la désillusion des années socialistes. Nous ne voulons plus jamais vivre ça ! Les trahisons de certains socialistes ont laissé des cicatrices profondes dans le peuple de gauche.

Avec LFI, nous avons là, enfin, un parti politique capable de gagner et qui aura le courage d’appliquer son programme. Pour appuyer tout cela, nous avons lancé un appel aux cheminots pour soutenir la liste menée par Manon Aubry, candidate de LFI pour les élections du 9 juin, afin de regrouper ce corps militant. Je ne peux qu’inviter tous les secteurs à en faire de même et à montrer la force collective, la force du monde du travail, derrière ce parti politique. Nous ne sommes pas seuls, vous n’êtes pas seuls.

IO / L’insoumission : Le gouvernement a lâché un certain nombre de primes suite à des grèves de plusieurs catégories de salariés, notamment les cheminots, mais aussi dans le secteur aérien, les hôpitaux, le nettoiement…, à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) Qu’est-ce que ça dit, selon toi, des rapports de force dans la situation à l’heure actuelle ?

Bérenger Cernon : On sent le gouvernement très fébrile à l’approche des JOP et encore plus dès qu’un mouvement social s’annonce. Bizarrement, nous n’entendons plus le gouvernement sur sa cure d’austérité de 10 milliards avec ces conséquences sur l’assurance chômage, les jours de carence en arrêt maladie, etc. Rien d’étonnant cependant, car il sait que sans les salariés, sans les fonctionnaires dont il passe pourtant le clair de son temps à critiquer, les JOP ne pourront se faire et seront à l’image de sa politique, catastrophique !

C’est clairement un levier du rapport de force. Il nous faudra donc être doublement vigilant à ce que l’après JOP ne soit pas tout l’inverse. En tout état de cause, JOP ou pas JOP, le principal levier et le seul d’ailleurs capable de faire gagner des avancées reste et restera toujours l’arrêt de l’outil de production. Preuve en est, il y a eu des victoires importantes récemment, et ce, avant la période des JOP et heureusement d’ailleurs !

Ces victoires, et je pense notamment à l’accord fin de carrière chez nous, les cheminots, a été obtenu parce qu’en face de la direction, nous avons su mettre un vrai rapport de force. C’est-à-dire que nous avons réussi à faire des grèves massives avec des revendications claires.

Dès lors, l’outil de production a été mis à l’arrêt et la direction n’a eu d’autres choix que de se mettre à la table des négociations. Il faut mesurer la portée de cette avancée sociale même si elle ne compensera jamais les deux ans supplémentaires que nous a imposé le gouvernement un an auparavant. Mais pour la première fois depuis des années, nous avons réussi à mener une grève offensive, c’est-à-dire pour obtenir de nouveaux droits et non pas une grève défensive pour essayer de ne pas perdre nos droits existants ! Les cheminots ont ouvert la voie et ont montré que l’on peut gagner dès lors que l’on s’y met tous ensemble. Alors, à qui le tour ?


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