Dénonçant “un génocide” à Gaza, le président colombien suspend l’achat d’armes israéliennes

mardi 5 mars 2024.
 

La décision, prise après la mort, le 29 février, d’une centaine de Palestiniens autour d’un convoi d’aide humanitaire à Gaza, marque le franchissement d’un nouveau palier dans la crise qui oppose Israël à plusieurs pays sud-américains, dont la Colombie. Elle marque également un changement de cap dans la politique extérieure de Bogota.

“En demandant de la nourriture, plus de cent Palestiniens ont été tués par [Benyamin] Nétanyahou. Cela s’appelle un acte de génocide et rappelle l’Holocauste, même si les puissances mondiales n’aiment pas le reconnaître”

Gustavo Petro PRÉSIDENT DE LA COLOMBIE

Le président colombien, Gustavo Petro, a ordonné, le jeudi 29 février, la suspension de l’achat de systèmes d’armement israéliens après la mort d’une centaine de Palestiniens (selon les chiffres du Hamas), autour d’un convoi d’aide humanitaire à Gaza. Tsahal a reconnu des “tirs limités” de militaires se sentant “menacés” par des personnes se dirigeant vers leur point de contrôle mais a expliqué que ce sont les bousculades autour des camions qui ont causé ce lourd bilan.

“Cela s’appelle un génocide et rappelle l’Holocauste, même si les puissances mondiales n’aiment pas le reconnaître”, a écrit sur X le dirigeant de gauche, repris par la revue Cambio. “Et ce n’est pas le seul épisode qui reflète la crise diplomatique entre la Colombie et Israël”, rappelle le magazine.

Changement de cap Alors qu’elle était, dans le courant des années 2000, l’un des seuls pays avec un gouvernement de droite dans un continent résolument tourné à gauche, la Colombie a reçu une importante aide économique et militaire de la part des États-Unis dans le cadre du conflit qui l’oppose depuis plus d’un demi-siècle aux guérillas de gauche et aux groupes de narcotrafiquants.

Avec ces financements, la Colombie, qui se faisait alors appeler “l’Israël d’Amérique latine”, a acheté de nombreuses armes et véhicules militaires conçus par des entreprises israéliennes. Notamment des avions Kfir, aujourd’hui obsolètes et que Petro veut remplacer, mais qui ont permis aux gouvernements précédents d’assurer le contrôle de l’espace aérien colombien.

Le discours offensif de Gustavo Petro, premier président de gauche du pays, tranche donc avec une certaine proximité des administrations précédentes avec l’État hébreu. Plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont la Colombie et le Brésil, mais aussi le Venezuela ont fermement condamné les plus de 30 000 morts côté palestinien (selon le Hamas) engendrés par les opérations militaires israéliennes déclenchées en réponse aux massacres du 7 octobre 2023.

Emilien Pérez


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