La visite d’Agnès Firmin Le Bodo à la fondation anti-IVG Jérôme Lejeune ne passe pas, la ministre s’explique

mardi 9 janvier 2024.
 

- Une visite qui choque et interroge. La ministre de la Santé et de la Prévention Agnès Firmin Le Bodo s’est rendue jeudi 4 janvier à l’institut Jérôme Lejeune, une structure de la fondation du même nom, soutenant notamment la recherche contre la trisomie 21. La fondation est aussi connue pour ses positions contre l’IVG et l’euthanasie. Face à de nombreuses critiques venues de l’opposition de gauche, Agnès Firmin Le Bodo a dénoncé un « déferlement de haine ».

À peine la ministre a-t-elle tweeté à propos de cette visite, remerciant les équipes de Jérôme Lejeune pour leurs « échanges », que l’opposition a manifesté son indignation. À l’image du maire (PS) de Montpellier Michaël Delafosse, qui a dénoncé une « dérive du pouvoir pour flatter les entreprises réactionnaires », dans un message posté sur son compte X (ex-Twitter).

Il y a, avec cette visite ministérielle, une dérive du pouvoir pour flatter les entreprises réactionnaires. Défendre le droit à l’IVG, qui assure à chaque femme le droit de disposer librement de son corps, est un enjeu pour tout responsable politique. Michaël Delafosse, maire de Montpellier

« Il a un drôle de goût le progressisme macronien », a quant à lui taclé Pierre Ouzoulias, sénateur PCF des Hauts-de-Seine, dénonçant le fait que la ministre de la Santé fasse l’éloge d’un « haut lieu du conservatisme, opposé à l’IVG et à un grand nombre de recherches médicales ».

« Excusez-vous ou assumez » Même courroux du côté du députe LFI Hadrien Clouet, qui s’interroge : « Que fait donc la ministre auprès de catholiques intégristes opposés au droit de disposer de son corps ? ». Agnès Firmin Le Bodo, « avez-vous discuté avec eux de l’inscription de l’IVG dans la Constitution ? », a aussi questionné l’écrivain Raphaël Enthoven.

Face à ces interrogations et critiques, la ministre s’est ardemment défendue dans un tweet : « Cette visite s’inscrivait dans le cadre de la labélisation en centre de compétences déficiences intellectuelles rares ». Rappelant que ses positions sur « la PMA, l’IVG dans la Constitution et la fin de vie sont connues », elle a assuré que « la démocratie c’est aussi échanger avec les personnes qui ne partagent pas vos idées ». « En l’occurrence, j’ai eu avec les pros de santé de cet institut un échange sur la fin de vie », a-t-elle insisté.

Cet argumentaire n’a pas convaincu Laurence Rossignol, sénatrice et présidente de l’association féministe l’Assemblée des Femmes, qui a accusé la ministre d’« honorer un institut lié à une fondation dont l’activisme anti-IVG, anti-pilule du lendemain, anti-recherche sur l’embryon est constant ». Et d’ajouter : « Excusez-vous ou assumez. »

Créée en 1995, après la mort du professeur Jérôme Lejeune, un généticien codécouvreur de l’anomalie chromosomique responsable de la trisomie 21, la fondation est connue pour ses positions contre l’avortement et l’euthanasie. Lors de l’affaire Vincent Lambert, la fondation a notamment joué un rôle clé, jusqu’à payer les frais d’avocats des parents qui voulaient le maintenir en vie.


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