Dans les premières villes d’Europe, les hommes préhistoriques étaient presque exclusivement… végétariens

samedi 6 janvier 2024.
 

Selon Newsweek, une équipe de chercheurs a effectivement étudié le système agricole et économique d’anciens "méga-sites" construits il y a environ 6 000 ans par la culture Trypillia dans ce qui est aujourd’hui l’Ukraine et la Moldavie, en Europe de l’Est.

Mais que mangeaient (vraiment) les hommes préhistoriques ? Quasiment pas (ou très peu) de viande. En tous cas, ce fut le cas dans les premières grandes agglomérations européennes, à en croire cette nouvelle étude publiée dans la revue PNAS.

Ces premières villes européennes s’étalaient sur environ 320 hectares et abritaient jusqu’à 15 000 habitants. À l’époque, ces immenses sites étaient les plus grandes agglomérations du monde, selon l’étude. Mais comment de si grands groupes de personnes auraient-ils pu assurer leur approvisionnement en nourriture avec la technologie disponible à l’époque ?

Un système alimentaire "extrêmement sophistiqué" Les méga-sites ont survécu grâce à un système "extrêmement sophistiqué de gestion de la nourriture et des pâturages", a déclaré dans un communiqué de presse Frank Schlütz, paléoécologue à l’université allemande de Kiel et l’un des auteurs de l’étude.

L’expert et son équipe sont parvenus à cette conclusion après avoir analysé les isotopes d’azote et de carbone présents dans les restes humains, les os d’animaux et les cultures carbonisées trouvés sur les sites de Trypillia. Ils en ont ainsi appris davantage sur leurs anciens réseaux alimentaires. Les scientifiques ont notamment compris comment les animaux domestiques étaient élevés, si les cultures étaient fertilisées et quel rôle les plantes et les animaux jouaient dans le régime alimentaire de l’époque.

Céréales et légumineuses au menu

D’après leurs résultats, les habitants de ces anciennes agglomérations était essentiellement végétariens. Ils se nourrissaient principalement de céréales et de légumineuses, en particulier de pois. Les produits animaliers, quant à eux, ne représentaient qu’une faible proportion – environ 10 % – de l’apport calorique. Néanmoins, en tant qu’ingrédient essentiel des festins, la viande pourrait avoir joué un rôle central dans la cohésion et la stabilité sociales, selon les chercheurs.

L’équipe a également conclu que les animaux de pâturage, tels que les bovins et les ovins, étaient gardés dans des prairies clôturées, produisant du fumier qui était utilisé pour fertiliser intensivement les légumineuses, garantissant ainsi des rendements suffisants. "L’épanouissement des premières mégapopulations d’Europe dépendait d’une méga-économie intégrale avancée qui incluait une gestion sophistiquée du fumier", écrivent les auteurs de l’étude.

Les résultats de l’étude permettent également d’en savoir plus sur la disparition de ces premières villes européennes, dont l’apogée a duré environ 500 ans. Les sites Trypillia se sont en effet dissouts vers 3 000 avant J.-C. Les experts suggèrent qu’il n’y avait "aucune raison économique discernable" à la disparition de ces agglomérations, compte tenu de leur système alimentaire sophistiqué. Leur chute aurait plutôt été causée par des inégalités sociopolitiques.

Article de Joséphine de Rubercy


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