La France grâce à l’Immigration – l’Institut La Boétie démonte les argumentaires racistes

mardi 26 décembre 2023.
 

Immigration. Depuis des décennies, et encore plus depuis 2017, l’alliance de la droite et de l’extrême droite cherche à imposer partout son récit raciste sur l’immigration. « L’immigration plombe les finances publiques », « l’immigration augmente le chômage », « l’Aide Médicale d’État (AME) pour soigner les immigrés coûte trop cher… ». Des discours qui saturent l’espace médiatique et politique, des plateaux de CNEWS jusque dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

Contre ces tissus de mensonges qui tournent en répondeur automatique, l’Institut La Boétie, la fondation insoumise qui monte partout en puissance, est monté au créneau. Une note en béton armé, coordonnée par Aurélie Trouvé, co-animatrice du département d’économie, et Hadrien Clouet, co-animateur du département de sociologie, propose un contre-récit, qui contredit point par point les mensonges propagés par Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Eric Zemmour et les médias dominants.

Le rejet du projet de loi de Gérald Darmanin par l’Assemblée nationale l’a montré, ce récit est une « impasse », qui « fini par conduire l’action politique à la paralyse » précise la note en introduction. Un terrible revers qui marque une crise de régime pour un camp présidentiel minoritaire, illégitime, et donc en sursis. À l’approche des fêtes de fin d’année, une chose est sûre : une fois la lecture de cet article terminée, vous aurez tous les arguments qu’il vous faut si ce sujet est abordé avec votre famille. Notre article.

Comment battre en brèche les mensonges de la droite et de l’extrême droite sur immigration Poursuivre le combat contre les récits haineux. Après l’inédite défaite infligée ce lundi par les oppositions parlementaires à Gérald Darmanin et son projet raciste sur l’immigration, l’Institut La Boétie entend poursuivre le combat intellectuel contre les fantasmes que la macronie, la droite LR et l’extrême-droite exploitent et diffusent.

Pour aller plus loin : VICTOIRE – « Le début de la fin pour la macronie » : le projet de loi immigration de Darmanin rejeté par l’Assemblée nationale

Bien sûr, le gouvernement et sa minorité parlementaire s’enfoncent toujours dans les discours haineux. Alors que la droite radicalisée n’ose plus hiérarchiser les êtres humains selon des critères raciaux fantasmés, elle a trouvé un substitut avec la figure du « migrant ». Voici les étrangers en général et les immigrés en particulier réduits à un sujet de police, quand ils ne sont pas assimilés à une menace existentielle. Des députés macronistes admettent désormais à visage découvert qu’ils ont souhaité « offrir un débat » au Rassemblement national, préparant des convergences politiques sur le fond.

Mais leurs attaques racistes demeurent généralement maquillées sous le prétexte comptable d’immigrés qui « coûteraient cher » au pays. Or, même sur ce plan, rien de plus faux. Ni le racisme biologique ni la prétendue « charge de l’immigration » – qu’elle soit présentée comme un insupportable poids économique ou, dans une version atténuée, comme une nuisance dont il faut s’accommoder – n’ont de fondement réel. Au contraire, notre pays est construit par le travail des étrangers et des exilés qu’il accueille. Les personnes issues de pays tiers qui ont un projet de vie, familial ou professionnel en France ont non seulement les mêmes droits que tout être humain, dont le droit à la mobilité, mais ils élèvent notre pays.

C’est ce que montre la note de l’Institut La Boétie rendue publique ce mardi. Les étrangers font la France et nous leur sommes reconnaissants ! Point par point, « La France grâce à l’immigration » dresse un bilan clair : les étrangers rapportent au pays, soutiennent la Sécurité sociale et conduisent des luttes d’intérêt général qui permettent d’acquérir de nouveaux droits utiles à toutes et tous.

Données à l’appui, Aurélie Trouvé pour le département d’économie et Hadrien Clouet pour le département de sociologie, exposent la réalité du phénomène migratoire et ses effets sur la société française. Ce, bien loin de ce que les opportunistes du racisme d’atmosphère espèrent vendre à l’opinion publique pour la détourner des effets de leur politique de régression sociale.

L’immigration finance les politiques sociales de la Nation

Premier constat, « la contribution nette des immigrés aux finances publiques sur trente ans a été en moyenne près de quatre fois meilleure que celle des ménages non-immigrés. » Voilà donc un premier fantasme dissipé : les immigrés… financent les politiques sociales de toute la Nation.

En s’appuyant notamment sur les travaux des économistes Ekrame Boubtane et Lionel Chojnicki, les auteurs dressent le portrait d’une population davantage en âge de travailler que la moyenne. Cette population contribue donc plus à notre protection sociale alors même qu’elle subit plus le chômage, notamment du fait des discriminations à l’embauche. Loin de l’imaginaire entretenu d’une immigration assistée, la réalité économique est nettement celle d’une immigration, pilier de notre système de solidarité – y compris le jour où elle en bénéficiera à égalité.

À l’inverse, c’est bien les politiques de criminalisation qui représentent un coût sans cesse croissant et toujours inefficace. Lancées dans une politique de chasse à l’immigré, les majorités successives des trente dernières années ont multiplié les lois répressives et les moyens, toujours plus importants, alloués aux politiques d’enfermement et d’éloignement. Au coût total annuel de l’ordre d’un demi-milliard d’euros par an de cette politique, Aurélie Trouvé et Hadrien Clouet ajoutent les coûts cachés de la marginalisation sociale et économique qu’elle induit.

Faible accès à l’enseignement du français et donc à l’emploi, interdiction de travail, impossibilité d’accéder à l’emploi public. Bref, la politique anti-immigration est un puits sans fond, coûteux, contre-productif, qui détourne les moyens utiles à un accueil digne en même temps qu’elle fait obstacle à l’intégration d’immigrés désireux de contribuer à l’économie du pays.

« Une corrélation systématique entre augmentation des nouvelles arrivées sur le territoire et croissance du PIB par habitant, accompagnée aussi d’une baisse du taux de chômage »

C’est là encore l’objet d’une démonstration qui tranche avec le discours ambiant et les préjugés faciles. Une surpopulation étrangère sur un marché du travail fixe est une idée préconçue. À ce présupposé, la note de l’Institut La Boétie oppose « une corrélation systématique entre augmentation des nouvelles arrivées sur le territoire et croissance du PIB par habitant, accompagnée aussi d’une baisse du taux de chômage. » Les auteurs détaillent les mécanismes qui font non seulement du regroupement familial, mais encore de l’accueil durable, des leviers puissants au service de la consommation populaire et du développement économique.

Aurélie Trouvé et Hadrien Clouet exposent comment l’interdiction de travail opposée à de nombreuses catégories d’immigrées doit être mise en cause. Rejetés dans la précarité administrative, les immigrés contraints de travailler sans autorisation se voient privés de leurs droits et des moyens de les faire respecter.

Autrement dit, le combat pour la régularisation des travailleurs sans-papiers, c’est-à-dire pour la reconnaissance et la protection de leurs droits sociaux, a « des conséquences positives sur les standards minimaux appliqués aux secteurs concernés » dans leur ensemble. Chaque vague de régularisation voit ainsi les salaires des travailleurs étrangers s’accroître, ce qui évite le dumping et force le patronat à accorder des salaires plus élevés.

Les maladies ne se soucient pas du statut ou de la nationalité de ceux qu’elles contaminent – De la nécessité de protéger l’Aide médicale d’État (AME) En matière de santé également, au-delà du devoir d’humanité que représente l’Aide médicale d’Etat (AME), les deux auteurs récusent fermement le mythe de l’appel d’air. Ils exposent ainsi l’intérêt du dispositif que le Sénat, dominé par la droite, tient à tout prix à supprimer. Les maladies infectieuses se soucient-elles du statut des malades ? Évidemment non.

C’est un enjeu de santé publique, d’amélioration générale du niveau de prise en charge, parce que « une politique de santé publique ne peut être efficace en laissant de côté une part de la population présente effectivement sur le territoire. » La conclusion est simple : il faut non seulement assurer l’accès aux soins des immigrés, mais en réalité l’améliorer. Là encore, la régularisation, c’est l’accès aux droits et l’amélioration des conditions de vie de toutes et tous.

De nombreux arguments pour conduire une discussion raisonnée et factuelle durant les fêtes de fin d’année. Les personnes migrantes ont vécu des violences souvent inimaginables. Le souci d’humanité commune prime sur tout. Même les arguments de petits gestionnaires sont faux, et même les racistes ont un intérêt personnel à l’arrivée de migrants pour élever leurs droits sociaux !

Dans notre histoire sociale comme dans les périodes les plus récentes, la lutte pour les droits des immigrés est intimement corrélée à la lutte pour la défense et la conquête des droits sociaux de toutes et tous.

La reconnaissance des contaminations au plomb issue des grèves des travailleurs immigrés de Penarroya en 1971-1972, la reconnaissance de la traite d’êtres humains en contexte professionnel acquise par la mobilisation des employées mobilisées des salons de coiffure du 10ᵉ arrondissement en 2014-2016… La défense des immigrés ouvre des perspectives pour les droits de tous les travailleurs.


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