Extrême-droite et droite extrême : de sombres temps

mercredi 6 décembre 2023.
 

Comme dit le poète Berthold Brecht, « vraiment, nous vivons en de sombres temps ». Car si nous faisons le point sur l’extrême droite ce dernier mois, les signaux alarmants s’accumulent.

Israël, Argentine, Irlande, USA, Pays Bas

Voyons d’abord le monde. En Israël, nous sommes témoins heure après heure ce qu’entraine une extrême-droite au pouvoir. Une folie guerrière meurtrière qui rase la Bande de Gaza, sans autre but de guerre que la vengeance. Les crimes sont tels que même la communauté internationale, après lui avoir apporté son soutien, invite Israël à la « retenue » Mais dans l’idéologie d’extrême-droite, il n’y a pas de retenue, sa ligne politique est son exact inverse.

La semaine dernière l’Argentine a elle aussi basculé avec le libertarien Javier Milei, suivie par les Pays-Bas et le raciste Geert Wilders. Arrivent au pouvoir de tristes sires, mi-hommes, mi-clowns qui, tour à tour, attaquent les écologistes, les droits de l’Homme, les féministes, les trans, les « wokistes », les Musulmans, les migrants … La liste est trop longue pour qui voudrait la dresser. Car c’est bien ça l’extrême-droite, raconter l’histoire d’une citadelle assiégée qui se défend contre de prétendus ennemis et qui sacrifie les libertés et les droits sociaux au nom de sa survie. Là encore, pas de retenue.

Jeudi 23 novembre, en Irlande, suite à une attaque au couteau et la rumeur qui a suivi, une manifestation d’extrême droite a dégénéré en émeute aux cris « A qui est la rue ? Elle est à nous ! ». Peu importent les faits, ce qui compte c’est de s’en prendre aux migrants, cause de tous les maux de la société. Point de retenue, là encore.

Aux Etats-Unis, un enfant musulman de 6 ans a été poignardé par un suprémaciste. Vingt-six coups de couteau.

Les haines raciales islamophobes et antisémites s’expriment dans les paroles mais aussi dans les actes. « Vraiment nous vivons en de sombres temps. »

Poussée par ce vent mauvais, Marine Le Pen fait le tour des pays européens, se satisfaisant de la victoire de Geert Wilders et serrant la main de l’extrême-droite italienne ou portugaise.

Et en France ?

Il y a la rue

Depuis le 7 octobre, l’extrême droite profite du chaos pour apparaitre. Elle est comme ça la bête immonde, elle se nourrit du chaos et de la violence. Si le RN peaufine sa respectabilité, aidée en cela par les élites et les médias, les groupuscules, eux, prennent la rue.

Les attaques violentes des groupes de la fachosphère sont régulières depuis plusieurs mois, mais les dernières semaines ont vu une recrudescence. A Lyon, il y a deux semaines, une milice néo-nazie attaque un débat sur la Palestine tandis qu’une autre attaque un forum antifasciste. Samedi 25 novembre, présence du groupe d’extrême-droite Némésis à la manifestation contre les violences faites aux femmes. Cette semaine, on assiste à une sordide instrumentalisation du meurtre du jeune Thomas en Isère par la droite extrême, l’extrême-droite, les zemmouristes, avec des démonstrations de rue violentes à Reims ou à Romans sur Isère aux cris de « La rue, la France nous appartient. »

Il y a le parlement.

Cette expression est montée au perchoir de l’Assemblée où les députées Lisette Pollet du RN et Emmanuelle Anthoine des Républicains, dénoncent un « ensauvagement », allant même jusqu’à parler « des enfants de France » pour distinguer la violence contre certains jeunes plutôt que celle en visant d’autres.

Et nous marchons cul par-dessus tête. Dénoncer l’attaque raciste de Rachid devient un problème politique. Ne pas vouloir défiler avec les partis d’extrême droite contre l’antisémitisme n’est plus un choix politique mais un « crime ».

Alors que les actes racistes, islamophobes et antisémites se multiplient, il faut trouver un coupable et voilà que ce sont les partis de gauche et en particulier la FI qui sont au ban des accusés. De qui se moque-t-on ? Darmanin lui-même finit par appeler mardi à la retenue. Mais de retenue il n’y a plus. Darmanin aurait dû réviser ses cours d’histoire, s’accoquiner avec l’extrême-droite c’est rejoindre le camp de celles et ceux qui se servent de la désinformation et qui ne s’embarrassent pas des principes.

Alors que la vague d’extrême-droite déferle, les attaques contre les plus pauvres se multiplient à coup de 49.3. Les lois travail et la loi sur l’immigration sont des sésames donnés aux partis réactionnaires et d’extrême-droite, qui jour après jour font sauter les verrous de l’humanisme. Faisons travailler les chômeurs contre leur grès ou affamons-les. Ne soignons plus les personnes en situation irrégulière. Laissons les enfants et leur famille à la rue pour favoriser la mixité sociale (meilleure blague technocratique du mois dernier).

Comment certain.es peuvent penser que ces lois sont des solutions contre la montée des violences ? Comment peut-on penser que « le tous contre tous » règlera quoi que ce soit ? C’est à se demander si les apprentis sorciers veulent véritablement régler les problèmes.

« Vraiment nous vivons en de sombres temps » écrivait le poète en 1943. Voilà qui fait écho à ce que nous devons éviter.

Contre l’extrême-droite et la droite extrême, il faut nous rassembler sur des bases solides et claires qui répondent à l’urgence sociale. Il nous faut dénoncer tout à la fois les compromissions du gouvernement avec les partis nauséabonds et le racisme quel qu’en soient ses victimes. La tâche est complexe mais nous devons lutter contre l’idée qu’elle est impossible et qu’il ne reste que désespoir ou indifférence.

Rosa Bonheur


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