Lettre aux indécis : plaidoyer pour le programme du Front de gauche et la candidature de Jean-Luc Mélenchon

vendredi 20 avril 2012.
 

Chères amies, chers amis,

Il me tient à cœur de vous expliquer pour quelles raisons je vais voter pour Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche au premier tour de la présidentielle le 22 avril prochain, et peut-être, je l’espère, au second tour aussi. J’espère que mes raisons, si elles ne vous convainquent pas, vous feront au moins réfléchir. Si certains sont convaincus par cette adresse, n’hésitez pas à le partager autour de vous.

Tout d’abord, comprenez que je souhaite que le Front de Gauche dépasse le Front National au premier tour. La peur d’une Marine Le Pen présente au second tour reste dans tous les esprits, cela verrouille le système de la Ve République et pousse la plupart des électeurs de gauche, qui se sentiraient enclin à voter Mélenchon, à préférer voter Hollande, sans véritable conviction. A tous ceux qui seraient dans cette configuration de pensée, rappelez-vous qu’il y a cinq ans, Le Pen avait été largement surestimé (16/17%) alors que son score final fût de 10,5%. Par ailleurs, comme l’a montré l’histoire : plus la gauche est forte au premier tour, c’est à dire l’association gauche « radicale » et gauche « modérée », plus le candidat de gauche du second tour a de chances de l’emporter. Ce fut par exemple le cas en 1981, le PCF faisait 18% et Mitterrand arrivait deuxième au 1er tour : cela ne l’a pourtant pas empêché de remporter l’élection présidentielle devant Giscard. En effet, comme les sondages le montrent : plus le Front de Gauche monte, plus la gauche gagne largement au second tour contre Nicolas Sarkozy. Pour conclure ma première démonstration : un bon score du Front de Gauche n’empêchera pas la victoire de la gauche contre l’UMP, il la rendra possible.

Un sondage récent (jeudi dernier) créditait Jean-Luc Mélenchon de 17%, à deux points de Marine Le Pen. Un tel résultat sondagier montre le mouvement qu’a su créer le Front de Gauche dans l’opinion publique, en associant plusieurs partis de la gauche radicale (PCF, PG, Gauche Unitaire, la Fase…). Pourquoi et comment un tel regroupement a t-il pu créer ce mouvement, alors qu’on disait la gauche radicale morte de sa belle mort, vouée aux gémonies, parce que soi-disant responsable du 21 avril 2002, et trop archaïque ?

Le Front de Gauche propose un vrai programme, et non pas une succession de propositions. Autrement dit, le programme L’Humain d’abord définit un véritable projet de société, holistique et cohérent. Prendre une par une les propositions symboliques du programme, comme le font la plupart des journalistes, n’a aucune utilité. C’est regarder par le petit bout de la lorgnette, alors qu’il faut au contraire s’extraire du contingent pour avoir un œil nouveau. C’est cette vision d’une société nouvelle qui a généré les démonstrations de force de la Bastille, de Toulouse et de Marseille, pas seulement la personnalité et les qualités d’orateur de Jean-Luc Mélenchon.

L’Humain d’abord part du constat suivant : la crise économique que traversent l’Europe et la France – la pire depuis les années 1930 – n’est pas ordinaire, elle n’est pas « normale ». Cette crise a déjà eu des conséquences terribles pour des peuples voisins (en Grèce, au Portugal, en Espagne…). Si la gauche française n’engage pas un véritable changement de cap, nous serons très probablement le prochain pays à souffrir des conséquences des plans d’ « austérité ». Le calendrier électoral français fait de l’élection présidentielle la première d’une longue série en Europe. C’est une occasion unique de montrer l’exemple et de mettre un coup d’arrêt brutal au rouleau compresseur du libéralisme.

Le Front de Gauche est le seul parti en France qui se donne les moyens pour que le politique dompte la finance : mais comment ? Il préconise un véritable changement politique, écologique, économique et social par une relance de l’économie, un véritable partage des richesses, la planification écologique, une nouvelle construction de l’Europe et une refonte des institutions en créant la VIe République.

Relance de l’économie :

C’est en faisant respirer l’économie (et non en la contractant) que le pays renouera avec le cercle vertueux de la croissance :

- retraite à 60 ans
- Smic à 1700 euros
- diminution du temps de travail hebdomadaire
- réglementation des stages
- arrêt immédiat de la RGPP.

Redistribution des richesses :

C’est par la fiscalité que la société organise l’égalité de ses membres : l’impôt juste est celui qui corrige les inégalités entre les différents revenus des citoyens en prenant aux riches pour redistribuer aux pauvres. Le Front de Gauche veut bloquer la spéculation et la financiarisation de l’économie en réglementant et en taxant les banques et les individus qui s’arrogent des richesses communes :

- création d’un pôle public financier
- placement sous contrôle social des banques privées
- suppression du bouclier fiscal
- mise en place d’un impôt sur le revenu « réellement progressif » (14 tranches, dont la dernière, au dessus de 20 fois le salaire médian, soit 360 000 par an, à 100%)
- arrêt du démantèlement de la fiscalité du patrimoine
- augmentation du rendement de l’ISF et de l’impôt sur les revenus du capital
- imposition des exilés fiscaux
- taxation des revenus financiers des entreprises
- rétablissement d’une égalité de l’impôt sur les sociétés entre les PME et les grandes entreprises.

La Planification écologique :

Le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité et l’épuisement rapide des ressources naturelles sont le résultat des logiques de profit maximal à court terme. Le Front de Gauche propose la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt général de l’humanité et de l’impact de l’activité économique sur l’écosystème :

- moratoire sur toutes les politiques de déréglementation de l’énergie.
- création d’un pôle 100% public de l’énergie comprenant EDF, GDF, Areva et Total renationalisé.
- referendum sur la sortie du nucléaire après débat public national.
- constitution d’un grand service public de l’eau et de l’assainissement (ayant pour objectif que les dépenses d’eau par famille n’excèdent pas 3% de leurs ressources).
- mise en place d’un plan de transition écologique (promouvant des investissements publics conditionnés à des critères écologiques, sociaux et démocratiques).
- mise en place d’un plan de financement pour la sobriété et l’efficacité énergétiques et pour la diversification des sources d’énergie.
- lancement d’un réseau de géothermie profonde.
- lancement d’un grand plan de ferroutage.
- plan national de transition écologique de l’agriculture.
- interdiction des OGM en plein champ et de la vente libre de pesticides et herbicides chimiques nocifs pour la santé.
- soutien à l’installation des jeunes agriculteurs et à une agriculture responsable.
- création d’emplois en agriculture (révision du mandat des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) et du Code des marchés publics, droit de préemption systématique des terres libérées en faveur de l’installation d’agriculteurs).
- encadrement des pratiques de la grande distribution (prix minimums aux producteurs, coefficients multiplicateurs maximums).
- inscription de toutes les politiques publiques dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Une nouvelle Europe :

Le traité de Lisbonne et les politiques qu’ils favorisent encouragent le libre-échange au détriment de l’environnement et de la justice sociale. L’Europe n’est pas seulement un marché, c’est d’abord une alliance fraternelle entre des peuples :

- remise en cause du pacte pour l’Euro+ qui impose l’austérité aux peuples
- création d’un Fonds de développement social, écologique et solidaire européen
- refonte des statuts et mission de la BCE pour mettre fin à l’indépendance dont elle jouit à l’égard des instances démocratiques européennes et nationales
- affranchir l’Europe du Traité de Lisbonne et mener la bataille politique et diplomatique pour un nouveau traité européen
- convocation d’Etats généraux de la refondation européenne mobilisant toutes les forces sociales et politiques disponible
- remise en cause, par référendum, du Pacte de stabilité qui impose l’austérité aux peuples
- financement direct par la BCE (et les banques centrales) du Fonds de développement social, solidaire et écologique européen par création monétaire
- refus d’appliquer les directives européennes qui libéralisent les services publics
- harmonisation fiscale pour empêcher le dumping social entre pays membres de l’UE
- harmonisation des droits sociaux et politiques européens (SMIC européen)
- adoption d’une nouvelle Politique Agricole Commune fondée sur l’objectif de souveraineté alimentaire et centrant la production sur les besoins intérieurs
- institution d’une coopération euro-méditerranéenne de progrès social, écologique et de codéveloppement en direction des pays du Maghreb, du Machrek, d’Afrique noire et du Moyen-Orient.

Pour une VIe République

Les institutions actuelles ont éloigné le pouvoir du peuple, provoquant une grave crise démocratique. La vie politique tend à se réduire à une compétition présidentielle opposant tous les cinq ans des candidats qui se distinguent avant tout par leurs styles personnels. C’est l’oligarchie qui gouverne. Pour restaurer une démocratie véritable, il est temps de fonder une nouvelle République :

- convocation d’une assemblée Constituante visant à fonder une sixième République sociale, parlementaire et participative dont l’adoption sera soumise au référendum populaire.
- inscription du droit à l’emploi et au travail, à la santé, à l’éducation, à la protection sociale dans la Constitution.
- garantie de l’indépendance des médias à l’égard des puissances d’argent et du pouvoir politique par la création d’un Conseil national des médias.
- adoption du scrutin proportionnel pour l’ensemble des élections.
- mise en place d’une « règle verte » (en lieu et place d’une « règle d’or ») visant à rembourser la dette écologique de la France vis-à-vis du reste du monde et de nos enfants.
- remplacement du Conseil Constitutionnel par une nouvelle instance nationale pluraliste chargée du contrôle de constitutionnalité, pouvant être saisie par les citoyens.
- inscription dans la Constitution du droit des citoyens à intervenir dans le développement de la recherche.
- garantie des statuts de l’élu(e) et du bénévole dans toutes les collectivités (communes, départements, régions, assemblées nationale et européenne).
- renforcement du rôle de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (HALDE).
- rétablissement notamment de la fonction de Défenseur des enfants.
- création d’un Ministère de l’Éducation populaire et des libertés associatives.
- abrogation de la réforme de 2010 des collectivités territoriales.

Voilà quelques propositions centrales du Front de Gauche. Si vous désirez en savoir plus et les comparer aux autres candidats, vous trouverez en pièce jointe un tableau comparatif. Par ailleurs, si vous pensez que ce projet de société ne s’autofinance pas, vous trouverez également en pièce jointe une infographie qui explique quelles sont les recettes et quelles sont les dépenses.

J’espère vous avoir convaincus. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poser. A engager les débats.

Amitiés


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