Les espérances de l’extrême droite pour les élections européennes de 2024

mercredi 6 décembre 2023.
 

L’extrême droite européenne peut regarder la période écoulée avec satisfaction ; les victoires électorales se succédant, la droite traditionnelle adopte reprend de plus en plus son programme. Et comme les électeurs préfèrent généralement l’original à la copie, la droite radicale peut compter sur un afflux d’électeurs de droite.

Ils peuvent donc se présenter aux élections européennes de juin 2024 en toute confiance, le champ est libre. Cette perspective pèse déjà sur le prochain sommet européen de la mi-décembre, puisque la fois suivante le tableau pourrait être sensiblement différent.

La victoire de Geert Wilders aux Pays-Bas a de quoi réjouir ses amis en l’Europe. Ceux-ci avaient déjà eu l’occasion de se réjouir, quelques jours plus tôt, du succès d’un cousin latin, Milei, en Argentine. Ils escomptent un nouveau triomphe l’année prochaine pour le défenseur de la race aryenne Narendra Modi en Inde et l’élection de Donald Trump aux États-Unis pour compléter le tout. Avec, entre temps, une série de victoires aux élections européennes.

EN PLEINE ASCENSION

Wilders a reçu les félicitations du Vlaams Belang, du Rassemblement national de Marine Le Pen, du premier ministre hongrois Viktor Orban, de la Lega de Matteo Salvini, etc. Certes, Il n’y a pas eu de félicitations immédiates de la part du premier ministre italien d’extrême droite, Giorgia Meloni, qui puise à une autre source de l’extrême droite.

Il n’est pas nécessaire de procéder à des sondages pour établir que le Parlement européen présentera un visage différent après juin prochain, nettement plus à droite. Dans un certain nombre d’États membres, on peut s’attendre à une augmentation importante du nombre d’élu.e.s d’extrême droite : Italie, France, Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Suède, Belgique... Ceux-ci sont pour le moment répartis entre deux groupes politiques, auxquels s’ajoutent quelques indépendants. Les rassembler en un seul n’aura rien d’évident.

Mais que leur poids, à la lumière des résultats électoraux des deux dernières années, doive augmente de manière significative, ça c’est évident. En outre, nous constatons qu’une partie de la « droite classique » et de l’extrême droite se rejoignent de plus en plus souvent , par exemple sur les questions environnementales. Certains partis de la « droite classique » évoluent rapidement vers la droite - le PP espagnol, les LR français, ainsi que la CDU allemande. Dans le même temps, on peut s’attendre à ce que le poids des sociaux-démocrates, des Verts et de l’extrême gauche diminue.

Actuellement, la plupart des partis d’extrême droite font partie soit du groupe ECR (Conservateurs et réformistes européens), qui compte actuellement 67 membres (parmi lesquels ceux de la N-VA), soit du groupe « Identité et démocratie » (ID), qui compte aujourd’hui 60 membres. Il y a également des députés d’extrême droite parmi les non-inscrits, comme les 11 membres du parti hongrois Fidesz de Viktor Orban. Au total, 132 députés sur 705.

Au vu du résultat des élections des deux dernières années et des récents sondages, on peut supposer que ce nombre de sièges augmentera. Le RN français, l’AfD allemand, les Fratelli d’Italia italiens, le Vlaams Belang de Belgique, le FPÖ autrichien sont quelques-uns des partis d’extrême droite qui montent en puissance et dont le nombre de sièges va augmenter. Certains feront nettement moins, comme la Lega italienne, qui avait obtenu un score phénoménal d’environ un tiers des voix en 2019 et qui tourne aujourd’hui autour de 10 %. Mais la tendance est très claire, le poids de l’extrême droite augmentera en juin 2024.

DES FRONTIÈRES QUI S’EFFACENT

Cela se combine avec le fait que les partis de droite, en particulier le PPE (qui compte désormais 176 membres), ont aidé l’extrême droite à se « normaliser » pendant 30 ans et se sont récemment encore droitisés davantage. On le perçoit clairement en Espagne, par exemple, où le PP ne voit aucun inconvénient à s’allier à Vox (tout comme la N-VA ne voit aucun inconvénient à faire partie d’un même groupe avec Vox). Ou en France, où le parti Les Républicains copie de plus en plus le programme du RN. Mais également au sein du principal groupe du PPE, la CDU allemande, on constate une pression croissante pour desserrer le cordon sanitaire autour de l’AfD. Le CD&V flamand se démarque sur ce point.Sans surestimer l’importance du Parlement européen, cette perspective est néanmoins inquiétante : une forte présence de l’extrême droite, peut-être encore fragmentée en deux groupes politiques, avec un bloc de droite à peine plus important que l’extrême droite réunie, mais de plus en plus sur la même longueur d’onde.

Ce n’est surtout pas une bonne nouvelle pour tous ceux qui se préoccupent des droits démocratiques, de l’environnement, du changement climatique, etc. Ces derniers mois, toutes sortes de règlements ont été fragilisés ou sont menacés de l’être. Cette dynamique est appelée à se maintenir. D’autant plus que les partis d’extrême droite ont depuis longtemps compris que les campagnes contre les réglements perçus comme antisociales, telles que les obligations de s’aquiper en pompes à chaleur et les restrictions de circualtion dans les « zones à faibles émissions », leur permettaient d’obtenir d’excellents résultats.

POUTINE

Bien qu’elle soit peu relevée, cette progression de l’extrême-droite réjouit le Kremlin. Certains sont certes plus opposés que d’autres à la poursuite de l’aide à l’Ukraine - Wilders et Salvini, entre autres, veulent y mettre un terme rapidement, tandis que Meloni s’est engagé en tant que premier ministre d’un pays de l’OTAN. Le PiS polonais, quant à lui, est sur une voie différente, bien que l’enthousiasme pour Zelensky se soit fortement refroidi là aussi depuis que les céréales ukrainiennes ont suscité la colère des agriculteurs polonais. Tous ces partis de la droite radicaux partagent largement les vues réactionnaires du président Vladimir Poutine, qui vient de lancer une nouvelle campagne contre les mouvements homosexuels. Cela ne lui sera pas défavorable dans sa campagne de réélection à la tête de la Fédération de Russie en mars. Peut-être un nouveau succès de l’extrême droite en 2024.

Freddy de Pauw, le 25 novembre


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