Après Mayotte et la Guadeloupe, au tour de la Martinique d’être touchée par une pénurie d’eau potable. Le libéralisme est incapable d’organiser la vie en société pour répondre aux besoins les plus essentiels des être humains. En Outre-mer, le mauvais état des canalisations, dont l’entretien est négligé par des décennies de désengagement de l’État, conduit à une perte de 50% de l’eau potable pendant son transport.

En métropole comme dans les Outre mer, en ruralité comme en urbanité, partout la crise de l’eau s’étend par la destruction méthodique des services publics organisée par Emmanuel Macron. Notre article.

Dans le centre et le Sud de la Martinique, l’eau ne coule plus au robinet Les plannings de distribution d’eau ne sont plus fiables, entraînant des perturbations et des coupures dans plusieurs quartiers depuis plusieurs jours. Les pompiers assurent la distribution dans certaines zones. Dans d’autres, c’est un opérateur privé, Odyssi, qui a très proposé une très couteuse solution : des citernes. Le Lamentin a été la première ville à installer 13 citernes de 800 à 3 300 litres, suivie de Fort-de-France et Schoelcher.

Odyssi est déjà bien connu. En 2020, il a été condamné par la justice après avoir coupé volontairement l’eau pendant près de 3 mois.

Le capitalisme se nourrit de ses propres vices

C’est le capitalisme ensauvagé sous sa forme du néolibéralisme, qui est responsable de ce chaos. Cette doctrine politique entend supprimer tous les services publics. Pour ne garder de l’État que ce qui permet de protéger la prédominance du marché sous toute autre forme d’organisation de la vie sociale.

Ainsi, par idéologie, par pure croyance dans la toute puissance du marché, la gestion de l’eau est mis entre les griffes des entreprises privées. Ou laissé totalement à l’abandon. En métropole, un tiers des canalisations a plus de 30 ans. L’obsolescence entraîne une perte de 20% de l’eau transportée. C’est 40% en Martinique. Dans les Outre-mer, cette proportion atteint 50% en moyenne.

Résultat, en Hexagone, 1,4 million de personnes n’ont pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité et plus de 870 000 personnes n’ont qu’un accès limité à des installations sanitaires.

Dans les Outre-Mer, qui comptent parmi les départements les plus abandonnée aux côtés de l’Eure-et-Loire, du Lot, de la Nièvre, du Cantal, (pour le nombre de maternités) de la Seine-Saint-Denis et de l’Ardèche (pour le nombre de médecins), la gestion est plus alarmante encore.

En 2021, Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire LFI à l’Assemblée nationale dénonçait la pénurie d’eau récurrente en Guadeloupe. Ou « les enfants ratent jusqu’à 1 mois et demi de cours par an car il n’y a pas d’eau à l’école »

Depuis des semaines, l’Insoumission.fr alerte sur la pénurie d’eau à Mayotte. L’eau est désormais coupée deux jours sur trois. Rien n’a été prévu par Emmanuel Macron. Pourtant, le réchauffement climatique qui a réduit de moitié la saison des pluies sur l’ile de l’Océan indien. Depuis le mois de mars, le gouvernement n’a entrepris aucun chantier pour régler le problème à long terme. A commencer par la fin de la déforestation.

Entre dérèglement du climat et destruction des services publics, le capitalisme néolibéral est directement responsable de la pénurie d’eau.

Mais il en est aussi le principal bénéficiaire.

Comme toujours, ce système économique se nourrit de ses propres méfaits. Plus d’eau potable ? Qu’à cela ne tienne, il y aura bien une entreprise pour vendre des bouteilles d’eau minérale. Ou bien… construire des citernes.

C’est pourquoi il n’existe de lutte écologique sérieuse qui ne soit anti-capitaliste. C’est pourquoi la lutte sociale pour la souveraineté du peuple sur les réseaux collectifs nécessaires à ses besoins essentiels est également une lutte écologique. C’est pourquoi la protection des biens communs passe par leur collectivisation.

Le capitalisme mène à une course folle pour le profit à court terme. Ce décalage entre le temps économique et le temps de la vie est dévastateur. Il est temps de rétablir la synchronisation des rythmes sociaux sur les rythmes écologiques, de la nature.