Le Nouvel an Républicain, c’est ce vendredi 22 septembre !

mardi 26 septembre 2023.
 

Vous cherchez une raison de sortir ce vendredi soir ? La nouvelle année du calendrier Républicain tombe la nuit du 22 septembre ! Maël Gauduchon, militant insoumis de 23 ans, s’est mis à l’heure républicaine : il annonce chaque jour la date sur les réseaux sociaux. L’objectif : re-diffuser le calendrier au format papier. Un coup de jeune mérité pour cet outil toujours utile aux luttes.

Pour situer, le calendrier Républicain a été appliqué entre 1793 et 1806 pendant la Révolution française puis aboli par Napoléon lorsque celui-ci a voulu se réconcilier avec l’Église catholique. Ce calendrier, mathématiquement plus précis que son homologue grégorien, avait pour objectif de déchristianiser une France à l’époque quasi-intégralement catholique. Il remplaçait alors les fêtes des saints (Pierre, Michel, etc.) par des fruits, des légumes ou encore des animaux.

Les noms des mois du calendrier grégorien, jugés absurdes (octobre pour le huitième mois, alors qu’il est en 10ᵉ place) rappelaient le cycle des saisons et le climat à ce moment de l’année (Brumaire pour « le mois des brumes », Nivôse pour « le mois de la neige » etc…). Ce calendrier débute au 1ᵉʳ Vendémiaire de l’An 1, c’est-à-dire au 22 septembre 1792 lorsque la France abolit la monarchie et proclame la première République.

Le jeune militant l’affirme non sans passion : son objectif est de « démocratiser l’esprit révolutionnaire » autant que de « remettre la Révolution dans la République ». Dans une époque où tout le monde se réclame de la République, sans jamais dire la même chose, « cela remet l’église au centre du village », souligne-t-il. Notre article

Un calendrier toujours dans l’air du temps ?

Pour Maël, ce calendrier permet de « recentrer notre époque sur les préoccupations écologiques de son temps, comme on fête les plantes, les légumes, les fruits, les animaux, et que les mois sont calés sur le climat ». On touche immédiatement aux thèmes de la crise climatique et de la destruction du vivant en « remettant symboliquement la Nature à l’honneur », détaille-t-il.

Pour lui, ce calendrier a un autre atout, celui « d’attaquer à la racine le socle culturel fasciste ». Maël précise sa pensée : « on entend souvent l’extrême droite venir expliquer sur les plateaux qu’il y aurait des « racines chrétiennes » à la France, et ils enchaînent souvent en donnant comme exemple ce calendrier… qu’on avait aboli il y a 230 ans ! » Ce serait ainsi une manière de fragiliser les thèses d’extrême droite racistes et xénophobes en remettant au goût du jour cette parenthèse calendaire de l’histoire de France.

« Révolutionner le calendrier révolutionnaire » : vers une version 2.0 du calendrier Républicain

Le calendrier Républicain est une petite association qui se lance avec beaucoup de ténacité. C’est aussi une production de calendrier qui a commencé cette année avec des exemplaires affichant à la fois la date dans le calendrier républicain, mais aussi dans le calendrier grégorien pour permettre à tout le monde de comprendre où nous en sommes. « Les ventes ont commencé, et c’est prometteur, on prévoit déjà d’investir davantage pour l’année prochaine, à ce rythme, je vais finir avec un emploi ! », confie le militant en souriant.

Pour autant, il ne s’arrête pas là : « le plus gros du travail est devant nous ». « Nous devons donner un coup de neuf à ce calendrier. Pour l’instant, on s’est juste occupé de remettre la machine en route, mais nous travaillons sur des nouveaux visuels où l’on pourra être plus inclusif parce que l’imagerie de l’époque ne présentait que des femmes et évidemment toutes blanches. Il faudra mettre la parité, et être plus inclusif, vu que le racisme colonial de l’époque n’est pas quelque chose que l’on veut reproduire », souligne Maël.

« De la même manière, le calendrier fête des objets, mais pour la plupart, on ne les connaît plus du tout ces objets, et il faudra redonner un coup de jeune à tout cela pour redonner son sens premier à ce calendrier qui à son époque se voulait proche du quotidien des travailleurs. Nous devrons le réadapter et trouver des objets proches du quotidien des travailleurs de notre époque », nous explique le militant insoumis. Lorsque nous lui demandons s’il n’a pas peur de trahir le calendrier républicain, il répond que « respecter à la lettre le calendrier Républicain aujourd’hui, c’est trahir ses valeurs ; il faut donc révolutionner le calendrier révolutionnaire ».

Pour aller plus loin : Liberté, Égalité, Fraternité : Robespierre, l’inventeur du triptyque républicain

Des semaines de 10 jours ? Lorsque nous l’interrogeons sur les « décades », ces semaines de 10 jours, Maël le confie : « Ça fait partie des choses pour lesquelles je n’ai pas encore de réponse. La décade est quelque chose de très obscur, même pour les militants. L’idée qu’on passerait à des semaines de 10 jours me paraît pour le moment farfelu. Quand on en parle, les gens s’inquiètent pour leurs jours de congés », indique-t-il en riant.

« Il convient de rappeler qu’à l’époque on n’avait pas de congés payés et que les week-ends n’existaient pas, juste le dimanche. Aujourd’hui, je plaide instinctivement pour un week-end de 3 jours, voire pour une semaine qui serait fragmentée en plusieurs temps de repos, pourquoi pas 4 jours de repos dans la semaine pris en deux fois ? », propose le militant. « Nous pouvons largement imaginer d’autres manières de travailler et à mon sens, c’est une question qui est d’abord politique avant de concerner le calendrier républicain dont, au fond, comme pour le calendrier grégorien, on peut faire ce qu’on veut », rappelle Maël.

« La question sociale est au cœur du projet, nous ne cherchons pas à faire des bénéfices, mais à propager la culture républicaine, c’est pour ça que les calendriers sont à prix libre ! », conclut-il. Joyeux nouvel an républicain !


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