Le Digital Services Act (DAS) : une loi européenne pour contrôler la liberté d’expression sur Internet.

vendredi 22 septembre 2023.
 

Le Digital Service Act fait partie d’un dispositif plus vaste : celui de la surveillance et du contrôle numériques de ce que font et ce que pensent les citoyens. Il a commencé à prendre effet le 25 août 2023.

Les organisations syndicales et politiques ne semblent pas avoir pris toute la mesure de ce nouveau dispositif du contrôle de la pensée.

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Le Digital Services Act (DAS) : entre régulation et répression en ligne parYannick Chatelain

Source : Contrepoint. Publié le 7 septembre 2023

https://www.contrepoints.org/2023/0...

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Contrepoints est un site libéral mais Debonrivage ne fait pas un tri uniquement des articles en fonction de l’étiquette politique mais de la qualité du contenu. Plus d’informations sur ce site avec Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Contr...

L’Union européenne déploie le Digital Services Act pour réguler les géants du web, mais les sanctions draconiennes et les défis liés à la diversité culturelle suscitent des inquiétudes quant à la liberté d’expression en ligne.

Après le règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2016, l’Union européenne met en place une nouvelle législation de contrôle des plateformes.

Le Digital Services Act (DSA) est entré en vigueur le 25 août 2023.

Il cible plus particulièrement les grandes entreprises réunissant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels dans l’Union européenne, à savoir : AliExpress, Amazon, Apple Appstore, Booking, Facebook, Google Play, Google Maps, Google Shopping, Instagram, LinkedIn, Pinterest, Snapchat, TikTok, Twitter, Wikipedia, YouTube et Zalando ; et deux moteurs de recherche, Bing et Google qui doivent également respecter cette réglementation. Ces grandes plateformes sont donc mises au défi de s’adapter à un marché de 450 millions d’usagers.

À dater du 17 février 2024, toutes les plateformes, moteurs de recherches et autres intermédiaires seront concernés, quel que soit leur nombre d’utilisateurs dans une version plus light.

Certaines plateformes ont fait appel : après Zalando, le 13 juillet 2023 Amazon contestait à son tour son statut de très grande plateforme. Le géant du net a déposé une plainte auprès de la Cour de justice de l’Union européenne, considérant ne pas entrer dans les critères… Tous devront toutefois s’y soumettre, le temps que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) se prononce…

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Le DSA poursuit trois grands objectifs :

– Lutte contre les contenus illicites

– Transparence en ligne

– Atténuation des risques, et réponse aux crises

Bien qu e le Digital Services Act (DSA) vise à renforcer la responsabilité des acteurs du numérique, cette initiative importante comporte également certaines limites, et soulève de nombreuses préoccupations.

L’article 52 du DSA, intitulé « Sanctions », détaille les options à disposition des États membres en cas d’infraction au règlement, et ne plaisante guère. Si les sanctions sont graduées, elles sont pour le moins conséquentes. Sans toutes les citer, elles se veulent dissuasives.

Par exemple, en cas d’infraction jugée grave, outre la possibilité d’interdiction de territoire, le DSA prévoit « une amende dont le montant maximal peut atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial annuel du fournisseur de services intermédiaires ».

D’un point de vue concret, les choses vont être complexes pour les entreprises concernées, et ce pour plusieurs raisons.

Pour n’en citer que trois :

La surveillance va être accrue

De fait, trouver l’équilibre entre la suppression de contenus nuisibles, et la préservation de la liberté d’expression, celle de la vie privée va être délicate. En effet, il peut se révéler difficile de déterminer ce qui est légal ou illégal dans une Europe où subsiste la diversité culturelle.

Le DSA vient s’ajouter à d’autres réglementations

Comme le RGPD, il peut être pour le moins compliqué pour les entreprises européennes de s’y retrouver dans cet agrégat de réglementations, tout comme appliquer le DSA de façon uniforme en Europe va se révéler kafkaien.

Inquiétudes au sujet de l’innovation en ligne

Certains acteurs craignent qu’une réglementation trop stricte ne les entrave. Les entreprises pourraient craindre des sanctions excessives, et être alors moins incitées à développer de nouvelles technologies ou services.

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Vers une nouvelle régression de la liberté d’expression ?

Au regard des quelques points évoqués, les entreprises peuvent raisonnablement s’interroger quant à la manière dont les règles du DSA seront interprétées et appliquées par leurs autorités respectives.

Cet état de fait va leur rendre difficiles la planification et leur mise en conformité, variables selon les structures. Si la réglementation est complexe et présente des zones d’ombre, les entreprises concernées, conscientes des sanctions lourdes auxquelles elles s’exposent, sont confrontées à des défis de taille : outre le cumul de réglementation, l’incertitude, il ne faut pas oublier que cette réglementation intervient concomitamment avec une montée en puissance de l’IA, et de l’IA offensive, à savoir la démultiplication – entre autres – de désinformations, de deepfakes extrêmement sophistiquées.

Afin de respecter la loi, outre la mise en place par les plateformes d’une IA défensive efficace, les entreprises peuvent être tentées – pour ne pas dire contraintes – de pousser le curseur de la « censure » encore un peu plus loin, afin de ne prendre strictement aucun risque, ou tout du moins le minimiser.

Tout comme l’IA n’éprouve pas la peur, l’IA n’a pas vraiment le sens de l’humour, ni celui du second degré. Il est à craindre qu’en poursuivant la volonté du « bien » jusqu’à l’outrance, nous finissions par aboutir à un « Meilleur des Internet » totalement aseptisé qui n’aura rien à envier au Meilleur des Mondes, un cyber univers, sans plus de controverse possible, où même l’humour n’aura plus le droit de cité.

Où commenceront demain les contenus nuisibles, qui les définira ?

En Russie, critiquer l’État, une administration, parler de la guerre, est un acte délictueux…

Certes, nous n’en sommes pas encore là, mais nous avançons petit pas à petit pas vers la censure et l’autocensure.

Est-ce qu’appeler à manifester sera demain considéré comme un appel à la révolte ? Le hashtag #giletsjaunes serait-il toléré ? Est-ce que demain, nous pourrons citer Ray Charles sans être soupçonnés d’appel honteux à la haine raciale : « Je suis aveugle, mais on trouve toujours plus malheureux que soi… J’aurais pu être noir. »

L’enfer est pavé de bonnes intentions, et je ne peux oublier les mots prononcés par Emmanuel Macron en 2019, qui avait appelé à une « hygiène démocratique du statut de l’information ».

Peut-être avais-je été le seul à frémir ?

Sous couvert de bonnes intentions, le DSA est-il l’arme de guerre hygiénique des États européens pour un contrôle total de l’information conforme et bienséante ?

Cela y ressemble. L’avenir nous le dira.

« Il n’y a pas de limites à l’humour qui est au service de la liberté d’expression car, là où l’humour s’arrête, bien souvent, la place est laissée à la censure ou à l’autocensure. » Cabu (1938-2015)

Fin de l’article

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La censure n’a pas attendu le DSA comme le montre l’exemple ci-dessous. Mais cet exemple montre dans quel climat liberticide déjà existant leDSA va pouvoir « s’épanouir » !

un exemple de censure récente.

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Censure de l’émission de Nicolas Vidal "Alerte Générale" par YouTube et TikTok. La liberté d’expression des médias est-elle en danger ?

Source : France-Soir. 08/09/2023

https://www.francesoir.fr/videos-le...

Censure de "Alerte Générale". Pourquoi une telle privation de liberté d’expression et quels sont les dangers pour le droit à l’information ?

DEBRIEFING - Le 7 juillet dernier, l’une des émissions préparées et présentées par Nicolas Vidal, "Alerte Générale", a été censurée par la plateforme YouTube, suite à un signalement du groupe France-Télévision (France-Info) pour non-respect des droits d’auteur. Pourtant, le contenu vidéo ne contient aucune séquence appartenant au groupe audiovisuel. Quelques jours plus tard, la plateforme TikTok censure, à son tour, un extrait de l’émission qui traite de la faillite des petites et moyennes entreprises en France et ne fait qu’évoquer des chiffres officiels. Alors quelle raison justifie exactement cette censure ? Pourquoi une telle privation de liberté d’expression et quels sont les dangers pour le droit à l’information ? Ce sont les questions que nous avons posées à nos invités. (Lire la suite de l’article en dessous de la vidéo.)

Dans ce Débriefing (vidéo), nous recevons Nicolas Vidal, journaliste, fondateur de "Putsch Média" et Rémy Watremez, chroniqueur et fondateur de la chaîne, Rémy "Juste Milieu", qui sont tous deux co-animateurs de l’émission "Alerte Générale".

Cette émission a été censurée sur leurs chaînes YouTube respectives, ainsi que sur celle de leur troisième collaborateur, Alexis Poulin, journaliste indépendant et fondateur du site "Le Monde moderne".

Avec nos invités, nous abordons également la question de la place des médias alternatifs dans le paysage médiatique et les conditions de vie et de survie de ces sites "étouffés" par les plateformes qui les hébergent, selon nos invités.

Dans la vidéo : l’extrait en question censuré sur la plateforme TikTok . Il s’agissait d’une énumération chiffrée du nombre de faillites d’entreprises relevées par la Banque de France ! Le motif invoqué n’a strictement aucun rapport avec le contenu de la vidéo !

** Annexe

Présentation du Digital Service Acte sur le site Vie public.

https://www.vie-publique.fr/eclaira...

** Hervé Debonrivage


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