De souverainetés en souverainismes.

jeudi 21 septembre 2023.
 

Introduction.

Les thématiques de souveraineté (nationale ou populaire) et le souverainisme ont pris un regain d’intérêt ces dernières années.

Les principales raisons sont les suivantes.

La globalisation des échanges de biens, de services et de capitaux au niveau mondial engendre une perte de la maîtrise des États sur leur économie nationale. À cela s’ajoutent des flux migratoires de personnes de culture et de religions variées.

L’Union Européenne ultralibérale a fait perdre à chaque État une partie importante de leur souveraineté économique, politique, sociale et juridique.

La politique hégémonique nord américaine dans les domaines géostratégique, économique, financier et culturel remet en cause la souveraineté de nombreux états au niveau international.

À cela s’ajoute les contraintes imposées par les règles du FMI, de l’OMC, de la Banque mondiale.

En toile de fond, la puissance des multinationales qui s’interpénètrent est devenue plus forte que la plupart des états.

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Il résulte de cette situation que différentes organisations politiques de gauche comme de droite et d’extrême droite en France et en Europe se sont saisis de cette problématique de la souveraineté avec des approches diverses.

Pour éviter des dialogues de sourds, des débats inutiles lorsque le sens des mots n’est pas le même pour les uns et pour les autres, il nous a paru utile de préciser le sens de ces termes de souveraineté et de souverainisme sans être enfermé dans un carcan idéologique.

1 – Notion de souveraineté

1. 1 – une définition encyclopédique.

Source : Encyclopaedia universalis ÉCRIT PAR David ALCAUD : docteur en science politique, chargé de recherche au Centre interdisciplinaire pour la recherches comparative en sciences sociales, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris https://www.universalis.fr/encyclop...

Le principe de souveraineté occupe une place essentielle dans la théorie politique : c’est autour de lui que s’ordonne la pensée du politique à partir du XVIe siècle. La souveraineté apparaît ainsi comme le fondement de la modernité politique et permet en grande partie d’expliquer le processus historique de construction de l’État. En dégageant peu à peu le politique de sa dimension sacrée initiale, en postulant que l’organisation des sociétés reposait sur la seule responsabilité humaine, la souveraineté des États a très progressivement dessiné la représentation de référence de l’espace politique.

Le mot « souveraineté », dérivé du latin super, réfère à une puissance supérieure. En politique, il désigne le principe abstrait d’autorité suprême. Les notions de souverain et de souveraineté se sont développées au sein des États d’Ancien Régime en Europe, où le pouvoir était détenu par une dynastie investie par un pouvoir transcendant. Le souverain est non pas le monarque lui-même, mais le principe transcendant qui fonde tous ces régimes. Jean Bodin, avec notamment les Six Livres de la République (1576), est perçu comme le théoricien de la souveraineté. Il définit pour la première fois la notion comme la « puissance absolue et perpétuelle » de l’État : « La souveraineté est le pouvoir de commander et de contraindre sans être commandé ni contraint par qui que ce soit sur la Terre. » Bodin affirme que le roi doit se soumettre aux lois divines et aux coutumes du royaume acceptées par tous, mais qu’il ne doit pas partager son pouvoir. Il ne répond de ses actes que devant Dieu. Si le peuple a des droits que doit respecter le roi, les devoirs des sujets envers l’État sont tels que celui-ci s’apparente à un État absolutiste. Le monarque n’est souverain que par une délégation du pouvoir divin. Une telle approche se retrouve, toutes choses égales par ailleurs, en dehors de l’Occident : qu’il s’agisse du pouvoir des pharaons d’Égypte, de l’empereur en Chine, qui est « le fils du Ciel », ou encore du prophète Mahomet dans l’Islam. Jusqu’au XVIIIe siècle, les théories théocratiques dominent.

Le terme « souveraineté » reste utilisé après la fin des États d’Ancien Régime, même s’il prend un sens très différent dans les régimes démocratiques. En démocratie, le « souverain » s’incarne dans chaque citoyen qui délègue son pouvoir. Jean-Jacques Rousseau, dans le Contrat social (1762), promeut ainsi le principe de la souveraineté populaire. La souveraineté appartient au peuple, entendu comme l’ensemble des citoyens. Chacun d’eux est ainsi détenteur d’une parcelle de souveraineté. Dans cette logique, les citoyens ont une relation étroite avec la politique, et ils donnent à leur représentant un mandat « impératif ».

Lors de la Révolution française, les révolutionnaires ont voulu donner un fondement juridique à la souveraineté, pour ne plus la faire découler de la tradition ou de la religion, mais la faire résider dans la collectivité des citoyens. Avec la monarchie de Juillet, la notion de souveraineté nationale a fini par se substituer à celle de souveraineté populaire, alors qu’elles étaient utilisées de manière indifférente jusqu’alors. Dans les deux cas, il s’agissait initialement de distinguer l’État de la personne royale, le souverain des gouvernants. L’État est simplement la nation juridiquement organisée. C’est cette dernière qui détient la souveraineté. Elle est dotée d’une volonté qui lui est propre et qui est exprimée par ses représentants. Le pouvoir de commandement lui appartient donc. La Constitution de 1791 précise, dans son article premier (titre III), que la souveraineté est « une, indivisible, inaliénable et imprescriptible ». Dans ces conditions, la souveraineté appartient à la nation, et aucune section du peuple, ni aucun individu, ne peut s’en attribuer l’exercice. Le citoyen exerce une fonction de désignation des représentants, mais ce droit ne manifeste pas une souveraineté individuelle. Le débat entre souveraineté populaire et souveraineté nationale apparaît aujourd’hui plus formel que réel, comme le montre la formulation retenue dans le Préambule de la Constitution de 1946, repris dans la Constitution de 1958 : « La souveraineté nationale appartient au peuple français. »

La souveraineté est donc un concept dissociable de l’État, lequel ne constitue pas le cadre naturel de l’activité politique : il est un construit social et historique influencé par la conception de la souveraineté qui s’impose en Europe. L’impérialisme et le colonialisme des États européens contribueront à exporter leurs modes d’organisation du politique. Tout cela concourt à déterminer les représentations que l’on se fait de l’État à l’époque contemporaine, représentations qui font de lui le détenteur du pouvoir suprême, sans égal ni dans l’ordre interne ni dans l’ordre externe. Dans l’ordre international, il est le principal sujet de droit international possédant la souveraineté, c’est-à-dire la plénitude des compétences susceptibles d’être dévolues à un sujet de droit international. Le principe de la souveraineté étatique est ainsi à la base des relations entre les Nations unies, comme l’article 2 de la Charte en dispose : « L’organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous ses membres. » Dans l’ordre interne, il est le détenteur de la souveraineté qui doit assurer la pérennité et la cohésion de la société. Il dispose ainsi des monopoles des règles de droit et de la force publique, qu’il s’agisse de la police ou de la justice.

Si la capacité souveraine des États apparaît aujourd’hui de plus en plus entravée, ce sont peut-être avant tout les représentations de l’État souverain qui sont affectées.

Certes, plusieurs facteurs – la individuels. La souveraineté individuelle devient plus puissante et plus significative que la souveraineté étatique ; la relation entre souveraineté et indépendance en est aussi transformée, comme la notion d’« ingérence » l’exprime de façon emblématique.

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1.2 – Trois vidéos sur la notion de souveraineté.

Petite vidéo sur la souveraineté : https://www.youtube.com/watch?v=ejb...

Petite vidéo sur la souveraineté nationale https://www.youtube.com/watch?v=_oN...

petite vidéo sur la souveraineté populaire https://www.youtube.com/watch?v=uhe...

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1. 3 – Karl Marx et la souveraineté.

Souveraineté de l’État ou souveraineté du peuple ?

Pierre Dardot Dans La Pensée 2018/2 (N° 394), pages 29 à 41 Source : cairn info https://www.cairn.info/revue-la-pen...

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L’apport de Marx à la théorie de l’État

Hélène Desbrousses

Dans Nouvelles FondationS 2007/1 (n° 5), pages 71 à 84 Source : cairn info https://www.cairn.info/revue-nouvel...

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1.4 – La notion de souveraineté en philosophie.

La souveraineté (philosophie). Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Souve...)

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1. 5 – La souveraineté nationale.

Avertissement : le texte qui suit de ce paragraphe 1. 5 n’est pas rédigé par un être humain mais par un logiciel utilisant l’intelligence artificielle.

La souveraineté nationale est un principe fondamental en politique qui se réfère à l’autorité suprême et incontesté e d’un État-nation sur son territoire, sa population, ses lois et ses décisions internes et externes. Cela signifie que l’État-nation a le droit exclusif de prendre des décisions politiques, économiques, sociales, et juridiques sans ingérence extérieure excessive.

Voici quelques éléments clés liés à la souveraineté nationale :

1. Autorité suprême : L’État-nation a le pouvoir suprême sur son territoire. Cela signifie qu’il est la plus haute autorité légale et politique et qu’aucune autre entité étrangère ne peut dicter ses lois ou prendre des décisions majeures à sa place.

2. Absence d’ingérence : La souveraineté nationale implique également que l’État-nation a le droit de définir sa propre politique intérieure et extérieure sans être contraint par des influences extérieures indésirables. Cela ne signifie pas que les États-nations sont complètement isolés ou n’ont pas de coopération internationale, mais plutôt qu’ils conservent le contrôle final sur leurs décisions.

3. Reconnaissance internationale : La souveraineté nationale est généralement reconnue par la communauté internationale. Les États-nations sont considérés comme des acteurs souverains sur la scène mondiale, et la reconnaissance de leur souveraineté est un principe fondamental du droit international.

4. Limites à la souveraineté : Bien que les États-nations aient une souveraineté nationale, il existe des limites à cette souveraineté. Par exemple, les traités internationaux et les accords multilatéraux peuvent imposer des obligations aux États, et il existe des normes internationales qui régissent certaines actions, comme les droits de l’homme. En outre, certains États peuvent choisir de partager une partie de leur souveraineté en participant à des unions politiques ou économiques, comme l’Union européenne.

La souveraineté nationale est un concept central dans la théorie politique et le droit international, et elle est à la base de la structure du système étatique moderne. Cependant, elle peut également être le sujet de débats et de conflits, en particulier lorsque des questions de souveraineté sont en jeu dans les relations internationales.

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1. 6 – Deux ouvrages récents sur la souveraineté.

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a) Nécessaire souveraineté Coralie DelaumeMichalon, Paris, 2021, 84 pages, 9,50 euros.

Source : Le Monde diplomatique. Juin 2022 https://www.monde-diplomatique.fr/2...

Rappelant l’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, selon lequel « le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation », Coralie Delaume, décédée en 2020, observe que l’avers national de cette souveraineté appelle son revers populaire — la souveraineté nationale n’étant parachevée « que lorsque le peuple [en] devient titulaire ». Car la souveraineté n’est « que l’autre nom de la liberté d’un peuple à disposer de lui-même et donc de la démocratie ». D’où vient, selon l’auteure, qu’elle s’est atrophiée ? De la construction d’une Union européenne non seulement « supranationale et non intergouvernementale », mais également « néolibérale ». Coralie Delaume rappelle les mots de Friedrich Hayek, pour qui l’éventuelle « fédération économique européenne » qu’il appelait de ses vœux devrait « posséder la capacité négative d’empêcher l’État individuel d’intervenir dans les activités économiques ». Une prescription que la réalité de la construction européenne a surpassée.

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b)Souveraineté totale : pourquoi il faut se libérer de notre dépendance par Loïc Chaigneau présentation du livre par une vidéo sur YouTube. Source : Ligne droite. https://www.youtube.com/watch?v=b0G...

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2 – Le souverainisme

2. 1 Quelle définition ?

Le souverainisme est un concept politique qui varie en fonction du contexte géographique et historique dans lequel il est appliqué. En général, le souverainisme vise à promouvoir la souveraineté nationale et la capacité d’un État à prendre des décisions autonomes sans ingérence extérieure excessive.

Cependant, la manière dont le souverainisme est mis en œuvre et ses objectifs spécifiques peuvent varier d’un pays à l’autre. Par conséquent, il n’y a pas de définition unique pour le souverainisme, car cela dépendra des circonstances et des aspirations politiques . De chaque nation ou groupe qui l’adopte. Néanmoins, la manière de définir le souverainisme dépend de celle dont on conçoit la nation.

– La conception civique défend l’idée que la nation repose sur une communauté de citoyens réunis par un contrat commun leur permettant de vivre ensemble sur des principes partagés. Dans la conception républicaine, liberté, égalité, fraternité + déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

– La conception ethnoculturelle défend l’idée que la nation repose sur le partage d’une culture, d’une histoire (et même une origine), une tradition, une langue commune pour la population d’un État.

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2. 2 – La notion de souverainisme.

Présentation du souverainisme en deux vidéos à partir du livre « Que sais – je ? » Écrit par Thomas Guénolé. (PUF).

ThomasGuénolé sur Sud-Radio (interview court et efficace).

https://www.google.fr/search?q=Thom...

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Entretien avec Thomas Guénolé sur le site Front populaire https://www.youtube.com/watch?v=vyy...

2. 3 – Le souverainisme en débat…

a) De quoi le souverainisme est-il le nom ?

Interview de Jacques sapir par Caroline Roux et sur France Culture (La grande table, deuxième partie) en 2015 avant les élections européennes de 2016 faut-il sortir de l’euro pour garantir la souveraineté nationale ? Peut-il exister des convergences entre les souverainistes de gauche et d’extrême droite ? Faut-il abandonner la notion de souveraineté nationale et préférée un fédéralisme européen ? Etc.

ces thèmes n’ont pas perdu de leur actualité 7 ans plus tard. https://www.radiofrance.fr/francecu...

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b)Le souverainisme est un humanisme (en réalité, une conception ethnoculturelle du souverainisme)

présentation du livre sur YouTube par son auteur Marc Rameaux

https://www.google.fr/search?q=Souv...

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4 – Quelques thèmes connexes.

4.1 – La notion de république.

Voici deux cours – exposé sur cette question de l’école de formation de La France Insoumise (2019)

Histoire de la république

https://lafranceinsoumise.fr/ecole-... 2000 lignes nsoumise/les-cours-de-lecole-de-formation-insoumise/ https://lafranceinsoumise.fr/2019/0...

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4. 2 – la notion de nationalisme.

Article sur le nationalisme : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Natio...

voir aussi : le patriotisme https://fr.wikipedia.org/wiki/Patri...

** HD


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