Libérez Abdullah Öcalan !

dimanche 10 septembre 2023.
 

Des manifestations ont eu lieu à Paris, Strasbourg et Lyon, les 2 et 3 septembre 2023 pour protester contre l’isolement carcéral imposé au leader kurde Abdullah Öcalan, fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et emprisonné depuis 1999 dans la prison insulaire turque d’Imrali, en mer de Marmara, et détenu au secret depuis deux ans et demi. Cet isolement carcéral total imposé à Öcalan s’inscrit dans une campagne de génocide à l’encontre du peuple kurde. Emmanuel Fernandes, député LFI-NUPES et membre de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, a pris la parole devant le Palais de l’Europe à Strasbourg le 3 septembre pour exiger la libération d’Ocalan. Voici son discours.

Camarades,

C’est ici, face au Palais de l’Europe, dans la capitale des droits humains, que nous demandons la justice.

C’est ici, à Strasbourg, à côté de la Cour européenne des droits de l’homme, que nous nous réunissons aujourd’hui pour demander la libération immédiate de notre camarade Abdullah Öcalan.

Bientôt 25 ans qu’il est prisonnier politique de l’État turc, prisonnier sur une île au large de la Turquie, dans la prison d’Imrali où il fut le seul détenu pendant près de 11 ans !

Torturé, d’abord condamné à mort, traité de manière inhumaine, privé du droit à la vie, privé du droit à la liberté et à la sûreté, arrêté et détenu de manière irrégulière, voilà l’ensemble des faits que la Cour européenne des Droits de l’Homme a déterminé et caractérisé. Ils forment autant de condamnations que Strasbourg, en 2005, a signifiées à Ankara.

En 2014, la Cour affirme que la Turquie a traité Öcalan de manière inhumaine, l’a condamné à une peine perpétuelle sans possibilité de libération conditionnelle – ce que la Convention Européenne des Droits de l’Homme interdit ! En 2019, le Comité pour la Prévention de la Torture du Conseil de l’Europe a visité la prison où est détenu Abdullah Öcalan, et le rapport rendu fait état de conditions qui ne respectent pas les droits humains fondamentaux.

Les droits humains ont été dit, le droit a parlé et, pourtant, à ce jour, Öcalan est toujours privé de sa liberté. Aucune nouvelle n’est parvenue depuis maintenant 2 ans et demi, c’est intolérable !

Öcalan enfermé, c’est bien plus qu’une seule personne qu’on veut faire taire : c’est tout un peuple, c’est toute une cause : enfermer Abdullah Öcalan c’est vouloir enfermer une idée, une belle idée, celle de l’idée d’un peuple kurde jouissant de paix et de démocratie, et de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Ocalan enfermé, c’est la liberté du peuple kurde à disposer de lui-même et son aspiration à la démocratie qui est bafouée. Pourtant cette cause est juste et légitime. L’espérance qui est la nôtre à cet instant est donc double : libérez Abdullah Öcalan ! Créez les conditions d’une solution démocratique de la question kurde ! Cela commence par le retrait par l’Union Européenne du PKK de la liste des organisations terroristes ! Nous continuerons de le demander !

Cette espérance, je sais qu’elle est portée par des millions d’hommes et de femmes ici et ailleurs. Je sais qu’elle est portée par la force d’un peuple uni, rassemblé par une conscience de lui-même et une volonté commune de se libérer des forces d’un empire réveillé. La logique de l’histoire a toujours été celle qui donne raison à la volonté populaire qui se mue en révolution citoyenne. Le mouvement politique auquel j’appartiens, La France Insoumise, milite pour une révolution citoyenne par les urnes ici, en France et partout où le peuple le décide. La volonté du peuple kurde, rien se saurait l’arrêter : aucune force policière, militaire, césariste ne peut tenir en joue éternellement un peuple conscient, épris d’humanité. L’espoir est là !

Cet espoir d’unité, il est porté par les millions de Kurdes de la diaspora, présente à travers l’Europe et le monde, représentée ici par milliers avec force et détermination.

Cet espoir fait peur à Erdogan. Il a conscience qu’une force que rien n’arrête est déployée face à lui et à son autorité, un élan populaire qui réclame paix et justice. Il a peur et il y répond par la violence. Il menace, condamne et enferme. Mais, la Turquie est membre de l’institution à laquelle nous faisons face, le Conseil de l’Europe, garant du respect des droits humains, de la démocratie et de l’Etat de droit. La Turquie est donc soumise au respect des obligations et des engagements qui ont été pris en signant les traités et les conventions qui sont le socle du Conseil de l’Europe, au premier rang desquels la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Le sort qui est fait par Erdogan à Abdullah Öcalan, mais également au peuple kurde tout entier, ne respecte pas ces engagements : ça suffit ! L’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe, à laquelle j’ai l’honneur d’appartenir, demande et demandera des comptes aux représentants du régime d’Erdogan !

Face à cela camarades, la lutte pour la paix doit continuer ! nous demandons la justice, le respect du droit, de la démocratie. Nous exigeons la libération d’Abdullah Öcalan ! nous exigeons une solution démocratique pour la question kurde ! elle passe par le dialogue, elle passe par la fin des violences et par la paix ! Elle passe aussi par les mobilisations telles que celle d’aujourd’hui, et l’affirmation de la sororité et la fraternité des mouvements humanistes, écologistes et féministes de tous pays. J’en suis, et je suis là aujourd’hui pour partager cette solidarité internationale avec vous. Dans cette recherche de solution, le Conseil de l’Europe doit prendre toute sa place, la Cour européenne doit peser de tout son poids et j’appelle la diplomatie de mon pays, la France, à se souvenir de ce que nous devons à nos alliés kurdes. J’appelle l’Union européenne et l’ensemble des institutions internationales à agir résolument pour apporter des solutions et, enfin, rendre paix et justice à Abdullah Öcalan et au peuple kurde.

Vive la justice, vive la paix !

Libérez Abdullah Öcalan !

Vive le peuple kurde !


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