A la veille de devenir centenaire, Stéphane Hessel a réussi un coup médiatique aussi énorme qu’utile en publiant Indignez-vous !
Je partage, Monsieur Hessel, votre indignation :
contre l’utilisation marketing de la Résistance par Nicolas Sarkozy
contre l’inhumanité du capitalisme financiarisé et la mise à sac des richesses de la planète
contre les inégalités sociales et la spoliation impérialiste des pays pauvres
contre la post-démocratie "libérale" succédant au fascisme "libéral" et au colonialisme "libéral".
contre l’occupation israélienne des territoires palestiniens « L’occupation allemande, était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite de quelques éléments d’exception »
L’intérêt suscité par votre pamphlet se dévoile :
dans sa diffusion. Quatre millions d’exemplaires vendus dans près de 100 pays, seizième réédition en Allemagne par exemple, qui dit mieux ?
dans les livrets brandis en triomphe lors des manifestations espagnoles, dans les déclarations favorables de plusieurs grands mouvements de contestation, dans l’écho immense du slogan Indignez-vous et son débouché dans les manifestations d’Indignés. Il est à présent évident que votre petit bouquin marque une étape dans le développement d’un mouvement populaire international par le bas contre la mondialisation capitaliste oligarchique dirigée par la troïka.
dans la diversité des laissés-pour-compte et des affamés de justice qui se sont senti concernés par votre appel, du jeune stagiaire sous-payé au salarié licencié, de la mère manquant d’argent pour faire manger ses enfants à l’étudiant malheureux de voir la réalité du monde en ce début de 3ème millénaire
dans les critiques acerbes de ceux qui acceptent le monde tel qu’il est comme Pierre Assouline, Pierre Weiss ou Richard Prasquier, le sommum étant atteint par Pierre-André Taguieff sur son blog « Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel ; que croyez-vous qu’il arriva ? ce fut le serpent qui creva. »
Le succès de votre ouvrage est également significatif de la période que nous vivons, marquée par :
une aspiration de masse à la citoyenneté, à la justice, à la fraternité, à la responsabilité des instances politiques y compris sur le terrain économique.
une aspiration à plus de gouvernance mondiale responsable. Votre proposition de Conseil mondial de sécurité économique et sociale "afin d’instaurer une startégie mondiale qui ferait face aux grands défis et qui exercerait son autorité sur les instances financières, commerciales, du travail, de la santé..." intégré à l’ONU peut paraître utopique mais répond aux attentes actuelles des populations du monde.
de ce point de vue, la couverture de l’édition anglaise d’Indignez-vous qui vous montre en sans-culotte de 1793, fusil à la main, me plaît. Elle marque la continuité historique Des Lumières à la Révolution française, des mouvements démocratiques et républicains au socialisme émancipateur pour lequel nous luttons en ce début de 21ème siècle.
Je vous félicite pour le lien que vous introduisez entre indignation et engagement, en particulier en matière d’écologie :
« Le mot de "conscience éthique" doit nous rendre sensibles au fait que ce que nous faisons aujourd’hui a des répercussions sur ceux qui viennent ensuite. Il est bon que nous y réfléchissions et nous fassions le plus possible pour que les générations suivantes puissent poursuivre heureusement leur existence. »
Pour conclure, je voudrais reprendre plusieurs citations extraites de mon article original sur l’indignation.
« Jésus se rendit à Jérusalem... Dans le Temple, il trouva des gens qui vendaient..., des changeurs d’argent assis à leurs tables. Alors, il fit un fouet avec des cordes et les chassa... Il jeta par terre l’argent des changeurs en renversant leurs tables... » (Evangile selon saint Jean)
« La haine est sainte. Elle est l’indignation des coeurs forts et puissants, le dédain de ceux qui... » (Emile Zola)
« Quand je cesserai de m’indigner, j’aurai commencé ma vieillesse ». (André Gide)
« L’indignation est un commencement. Une manière de se lever et de se mettre en route... L’indignation est le premier pas vers la révolution. ». (Daniel Bensaïd)
Jacques Serieys
Article original d’octobre 2007, réécrit suite à la publication d’Indignez-vous.
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