Des néo-nazis russes combattent en Ukraine

lundi 11 juillet 2022.
 

Le service fédéral de renseignement allemand (BND) a préparé un rapport confidentiel sur l’implication de groupes d’extrême-droite et de néonazis dans la guerre en Ukraine du côté de la Russie. Der Spiegel a rapporté le contenu du document envoyé aux agences allemandes.

Selon le BND, au moins deux groupes d’extrême-droite sont impliqués dans des actions militaires en Ukraine. L’un d’eux s’appelle la « Légion impériale russe », une unité paramilitaire du Mouvement Impérial Russe (MIR). L’autre est le groupe « Rusich. »

Le rapport ne précise pas le nombre de combattants qui se battent en Ukraine. Les deux groupes ont combattu aux côtés de la Russie dans le Donbass en 2014 et 2015.

Selon le Spiegel, cette coopération rend absurde la raison officielle de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à savoir son intention de « dénazifier le pays ».

Le rapport indique que le jour où la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février, le chef de la Légion Impériale Russe, Denys Gariyev, a écrit sur Telegram : « Nous sommes définitivement en faveur de l’élimination de l’entité séparatiste appelée Ukraine ».

Entre-temps, au début du mois de mars, Gariyev a exhorté ses compagnons d’armes à être patients, mais plus tard, la Légion Impériale Russe a encore annoncé qu’elle avait décidé de prendre part aux opérations de combat. Selon le BND, la Légion recrutait des personnes ayant une expérience militaire et invitait également des diplômés du centre de formation Partisan du Mouvement Impérial Russe, qui opère à Saint-Pétersbourg. Le BND ne dispose d’aucune information permettant de savoir si la décision de participer à la guerre a été prise à la demande des dirigeants russes ou en concertation avec eux.

Au cours de cette guerre, Gariyev a été blessé et son adjoint aurait été tué.

La Légion Impériale est reconnue comme une organisation terroriste aux États-Unis et au Canada, et ses dirigeants, Stanislav Vorobiev, Denys Gariyev et Nikolai Trushalov, sont personnellement répertoriés comme terroristes.

Le 23 mai 2022

Légion Impériale, branche paramilitaire du Mouvement Impérial Russe

Extrait d’un article publié en français sur le site « Blast »

Le conflit ukrainien a permis à toute une partie de l’extrême-droite radicale d’assouvir ses fantasmes de guerre. Depuis 2014, citoyens nationaux et combattants étrangers viennent se battre au nom de leur idéologie xénophobe et suprématiste. Ce type de combattants radicaux, présent dans le camp ukrainien, se retrouve aussi en face, au sein des Russes.

Ils sont en partie motivés par la politique de Vladimir Poutine, qu’ils voient comme un défenseur de l’Europe traditionaliste et de la civilisation slave, et plus globalement blanche. Ses positions sur les questions de la famille, du climat, des minorités sexuelles, de l’avortement et de l’immigration, ajoutées à ses liens avec l’Église orthodoxe et sa volonté de rendre à la Russie sa superbe impériale d’antan créent en effet l’admiration chez les ultranationalistes russes et étrangers et attirent ceux d’entre eux qui veulent combattre.

C’est autour de ces idées que s’est formé en 2008 la Légion Impériale, branche paramilitaire du Mouvement Impérial Russe, organisation ultranationaliste et antisémite promouvant la restauration de la monarchie qui déclare combattre pour « la prédominance de la race blanche. »

Le groupe militaire, qui dispose de deux camps d’entrainement à Saint-Pétersbourg, a envoyé au moins 300 combattants aux côtés des séparatistes pro-russes de l’Est ukrainien dès juillet 2014.

Le Mouvement Impérial Russe, considéré comme une organisation terroriste internationale par le Canada et les États-Unis, a également combattu en République Centrafricaine, en Syrie aux côtés des forces de Bachar el-Assad et en Libye. Il entretient des réseaux et organise des actions dans plusieurs pays, notamment en Espagne, en Allemagne, aux États-Unis, en Autriche ou en Scandinavie. C’est d’ailleurs au sein des camps du groupe que les Suédois Viktor Milen et Anton Thulin ont été formés à l’utilisation d’armes à feu et d’explosifs. Ils ont tous deux été condamnés pour avoir commis entre 2016 et 2017 plusieurs actes terroristes à Göteborg, la deuxième ville de Suède, notamment contre des réfugiés et des demandeurs d’asile.

S’il n’existe aucune évidence concrète que le gouvernement russe soutienne le Mouvement Impérial Russe (classé comme extrémiste par le ministère de la Justice russe), il a fait preuve de beaucoup de clémence envers celui-ci. Ses activités coïncident avec les objectifs de Moscou : soutenir les Russes et pro-Russes en Ukraine et déstabiliser les démocraties libérales occidentales en alimentant grâce à ses réseaux l’extrémisme ultranationaliste en Europe et aux États-Unis.


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