Textes sur les responsabilités de l’OTAN dans la guerre d’Ukraine

dimanche 5 juin 2022.
 

1) Faut-il « saigner la Russie » ?

Nous partageons ici un article du Monde diplomatique qui fait réfléchir à la dangerosité de la guerre en Ukraine pour l’Europe.

2) Oskar Lafontaine, ex-dirigeant du SPD allemand, désigne les causes profondes du conflit ukrainien

Ancien dirigeant du parti social-démocrate au pouvoir, Oskar Lafontaine, attribue le conflit en Ukraine au refus de l’OTAN d’écouter Moscou.

Un vétéran de la politique allemande a déclaré que le refus de l’Occident d’écouter les préoccupations de Moscou est l’une des principales causes du conflit actuel en Ukraine. Oskar Lafontaine, qui a été président des sociaux-démocrates de 1995 à 1999, a accusé l’Occident d’ignorer les intérêts de la Russie en matière de sécurité depuis des années.

L’ancien dirigeant du SPD a déclaré que Moscou avait clairement fait savoir à l’OTAN pendant 20 ans que l’Ukraine ne devait pas faire partie de l’alliance militaire – un scénario, qui, selon lui, signifierait le déploiement de missiles américains à la frontière Ukraine-Russie.

« Ces intérêts sécuritaires ont été systématiquement ignorés », a déclaré l’homme politique. Et cela a été « l’une des principales raisons du déclenchement de la guerre en Ukraine ».

Parlant des aspirations de l’Ukraine à l’OTAN, l’ancien président du SPD a rejeté l’argument selon lequel chaque pays est libre de décider quelle alliance rejoindre. « Tout le monde sait que les États-Unis n’accepteraient jamais l’adhésion de Cuba à une alliance militaire avec la Russie, ni le déploiement de missiles russes à la frontière américaine avec le Mexique ou le Canada », a fait valoir M. Lafontaine. Selon l’homme politique allemand, la principale préoccupation de la Russie en Ukraine n’est pas l’adhésion à l’OTAN en soi, mais la perspective de voir des missiles apparaître à la frontière avec un délai d’alerte minimal.

Oskar Lafontaine a décomposé la crise ukrainienne en trois phases clés : premièrement, l’expansion incessante de l’OTAN vers l’est, malgré les avertissements de l’intérieur des États-Unis selon lesquels cette stratégie risquait de provoquer un conflit avec la Russie ; deuxièmement, la « décision du président Poutine d’envahir l’Ukraine » ; et troisièmement, la « guerre d’usure » de Joe Biden.

L’homme politique a déclaré que le programme d’aide des EU de 40 milliards de dollars à l’Ukraine, composé principalement d’armes, est une nouvelle « preuve que ce pays ne veut pas la paix. »

« Il veut affaiblir son rival russe et le dit très ouvertement », a-t-il ajouté.

Oskar Lafontaine a toutefois précisé qu’il condamne cette guerre, « tout comme je condamne sans réserve toutes les autres guerres qui violent le droit international. » L’homme politique a fait valoir que l’envoi d’armes supplémentaires à l’Ukraine prolongera la guerre, ce qui signifie « qu’encore plus de gens mourront. » Il a accusé les politiciens occidentaux de ne penser qu’en termes de « victoire » et de « défaite », en ignorant l’aspect « le plus important », qui est de sauver des vies. Selon M. Lafontaine, « ceux qui ne veulent pas que d’autres personnes meurent doivent être contre toute prolongation de la guerre, et par conséquent aussi contre toute livraison d’armes. »

Il a critiqué l’argument selon lequel, en apportant un soutien militaire à Kiev, l’Occident aide l’Ukraine à se défendre, se demandant pourquoi personne n’a appelé à soutenir « les pays attaqués par les États-Unis avec des livraisons d’armes allemandes » dans le passé.

À propos des sanctions contre la Russie, Oskar Lafontaine a affirmé qu’elles « font de plus en plus mal aux gens chez nous – surtout aux personnes à faible revenu, qui ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie. »

Nous nous tirons une balle dans le pied. Les États-Unis se moquent probablement de nous, car ils sont à peine touchés par les sanctions, ils peuvent vendre leur gaz naturel liquéfié en Europe en plus grandes quantités et leur industrie de la défense obtient beaucoup de contrats.

L’ancien président du SPD estime que les dirigeants allemands actuels ne sont pas en mesure de travailler dans l’intérêt du pays, n’étant rien de plus qu’un « vassal loyal des États-Unis ».

Oskar Lafontaine note que le parti des Verts, qui fait partie de la coalition au pouvoir, s’est fermement ancré dans le rôle de « bras étendu des États-Unis au Bundestag » depuis la guerre de Yougoslavie. Le parti « soutient toutes les décisions étasuniennes en matière de guerre », a-t-il déclaré, ajoutant que les Verts ne prêtent attention aux violations des droits de l’homme que lorsqu’elles se produisent en Russie ou en Chine.

La position actuelle du parti illustre une transformation radicale de la force politique pacifiste qu’il était autrefois. Le parti social-démocrate, dont est membre l’actuel chancelier Olaf Scholz, a lui aussi changé radicalement, selon son ancien président, s’éloignant de ses principes de paix, de désarmement et d’améliorations sociales. M. Lafontaine a réservé une critique particulière à la presse allemande, qui « est aveugle aux crimes de guerre des États-Unis » tout en offrant une plate-forme aux bellicistes.

Le vétéran de la politique allemande a déclaré que beaucoup d’Allemands craignaient que la « guerre ne s’étende », appelant le public à descendre dans la rue, conformément à la tradition du « mouvement pour la paix des années 1980 ».


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