Les éléphants, ça tremble énormément

lundi 16 mai 2022.
 

Les apparatchiks du PS, social-libéralisés jusqu’au bout de la trompe, sont-ils en train de pousser leurs derniers barrissements ? Sans doute. Ceux qui s’étaient convaincus qu’il n’y avait plus de peuple de gauche, à l’exception d’un marécage de sans-dents indécrottablement abstentionnistes, ne peuvent plus rêver que d’un caveau honorable au cimetière des éléphants.

LLes e-lectorats de Libé, du Nouvel Obs et de Télérama, férus de progrès sociétal en lieu et place de luttes sociales, ne donnent plus le tempo de la bienséance politique sauce Jadot-Hidalgo, l’Histoire en train de se faire s’étant chargée de rappeler aux "élites" qu’il existe bel et bien une France économiquement mal en point, politiquement trahie, culturellement méprisée.

L’Histoire en train de se faire (en France, en attendant l’extension du domaine de la résistance au moins-disant collectif), révèle les limites de l’escroquerie libérale, infusée dans le temps de cerveau disponible par les charmeurs de serpents étiquetés centre droit/centre gauche pour ne pas effrayer Billancourt. La révolution macronienne promettait de tout libérer : les énergies, les talents, les nobles appétits de Rolex et les voracités de bon aloi ; de tout déverrouiller : les pesanteurs, les anachronismes, les fameuses résistances au changement. Lâcher la bride aux premiers de cordée n’aura produit qu’une incongruité scientifique : contrairement à un cours d’eau quelconque, le profit ruisselle vers le haut. Dans l’entreprise, lieu privilégié désormais de tous les sacrements, la bureaucratie libérale, imbibée d’inepties anglo-saxonnes, se révèle pour ce qu’elle est : une dictature "librement consentie" faute de choix, assise sur un fatras conceptuel qui aboutit le plus souvent à la paralysie et à un invraisemblable gaspillage de "ressources humaines".

On n’en finirait pas de dresser l’inventaire des maux que nous apporte un modèle de société qui ne peut au demeurant en être un, tant y sont exacerbées les manifestations les plus écœurantes de l’individualisme. Or l’heure n’est pas aux règlements de comptes, mais au démantèlement du conte social-libéral, dans sa phraséologie sordide et ses effets destructeurs. Mais les éléphants, du PS et d’ailleurs, tout à leur hantise du "grand déclassement" qui les guette, ne l’entendent pas de cette oreille. Moralement ruinés, totalement démonétisés, mais arc-boutés sur leurs sinécures, ils tentent encore de se poser en recours contre les dangers qui menacent le paisible chaos qu’ils ont imperturbablement construit : conflits avec les institutions européennes, catastrophes en chaîne en découlant, sortie de l’OTAN, fuite des capitaux... A quoi quelques média ne se privent pas de rajouter que les « islamistes » auraient fait la campagne de l’Union Populaire. Que l’Europe, telle qu’elle fonctionne, au bénéfice exclusif des classes aisées, agisse plutôt comme un repoussoir pour les classes populaires ne leur effleure pas le boulier qui leur tient lieu de sens politique.

Restera, en désespoir de cause, pour faire échec à une éventuelle majorité de gauche à l’Assemblée, à favoriser en sous-main une contre-guérilla d’extrême droite. Dans un souci d’équilibre bien entendu. Les promoteurs d’El Khomri, ralliés aux éborgneurs de LREM, en seront-ils capables ? Gageons que oui, si aucune autre ficelle qu’une re-dédiabolisation circonstancielle de l’extrême droite ne faisait l’affaire pour éviter le naufrage.

SALEM SID AHMED


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