McKinsey : avec moi, fini les cabinets de conseil - Elysée 2022

mardi 5 avril 2022.
 

Le jeudi 31 mars 2022, Jean-Luc Mélenchon était l’invité de l’émission Élysée 2022 sur France 2, à 10 jours du premier tour. Dans une première partie sur son style de présidence, il a dit que le plus important pour lui était de ne pas oublier ceux de son camp, les pauvres. Il a rappelé que le lendemain de son intervention, la trêve hivernale serait finie, et que des milliers de personnes seraient expulsées de chez elles.

Dans une seconde partie, Jean-Luc Mélenchon est ensuite revenu sur ses propositions sur le pouvoir d’achat. Il a notamment défendu le blocage des prix, le prix de gros du pétrole au niveau européen mais aussi l’augmentation du SMIC à 1400 euros net et l’augmentation des autres salaires par la convocation des négociations annuelles obligatoires au niveau des branches. Il a aussi détaillé ses proposition pour faire baisser les dépenses des ménages comme la cantine gratuite ou les premiers mètres cubes d’eau gratuits ou premiers kilowatt/heures.

Le candidat de l’Union populaire a ensuite fustigé la politique de Macron de favoriser le démembrement de l’État par des cabinets de conseil comme McKinsey. Il a défendu un principe de non-substitution de l’Etat par des organismes privés. Il a affirmé sa volonté d’en finir avec un système où l’Etat paie pour disparaître et le double-jeu public-privé. Il a répété sa volonté d’en finir avec le pantouflage.

Jean-Luc Mélenchon était hier soir l’invité de l’émission Élysée 2022. Il a choisi de revenir sur le scandale McKinsey qui embarrasse de plus en plus le gouvernement. En effet, c’est plus de 2,4 milliards d’euros d’argent public qui ont été versés aux cabinets de conseil en 4 ans, dont 1 milliard en 2021. Près d’un demi-million d’euros qui ont été donnés à McKinsey pour réfléchir « aux évolutions attendues du marché de l’enseignant« . Comment justifier des dépenses aussi exorbitantes à des cabinets de conseil privés ? C’est l’exercice périlleux auquel s’attelle le gouvernement depuis quelques jours. À 10 jours de l’élection présidentielle, l’exécutif est en difficulté, et n’arrive désormais plus à éteindre l’incendie qu’elle a allumé, et qu’elle contribue à attiser davantage. Notre article.

Des dépenses d’argent public inconsidérées… parfois pour rien

Plus de 2,4 milliards d’euros d’argent public versés aux cabinets de conseil en 4 ans, dont 1 milliard en 2021. On peine encore à croire ces chiffres. De 2018 à 2021, la progression des dépenses est constante. Les dépenses des ministères de la macronie en la matière ont été multipliées par 2,36. La situation empire année après année.

Depuis une quinzaine d’années, les cabinets de conseil servent un peu toujours la même soupe néolibérale : « Il faut moins d’État pour mieux d’État. » Mais à cette réduction des dépenses n’est pas organisée une réduction du champ des compétences de l’État. Selon eux, on peut faire toujours « autant avec moins. » Résultat : l’État a les mêmes missions, mais a moins d’argent les mener à bien, et a donc besoin d’externaliser ses missions grâce à des cabinets privés, qui continuent à prodiguer les mêmes conseils. Le serpent néolibéral se mord la queue.

Les chiffres sont exorbitants. Comment les macronistes peuvent-ils justifier d’avoir payé un cabinet de conseil 4 millions d’euros… pour lui conseiller de baisser les APL de 5 euros ? En dépensant près d’un demi-million d’euros pour faire une « prospective sur le métier d’enseignant« , comment ont-ils pu penser que cette somme ne poserait pas question, alors qu’ils ne se sont même pas tournés vers des chercheurs spécialistes de ces questions ou tout simplement vers les principaux intéressés que sont les enseignants ? De même pour une « convention des managers de l’État » payée 558 000 euros ? Les fonctionnaires apprécieront.

Face au scandale McKinsey, la défense bancale de la macronie

Une fois n’est pas coutume, la macronie a commencé par crier au complotisme de l’opposition sur l’affaire McKinsey. Un classique pour ne pas à avoir à répondre sérieusement aux questions dérangeantes de l’opposition. Mais voyant que l’incendie de l’affaire McKinsey ne s’éteignait pas, deux ministres ont du tenir une conférence de presse : Olivier Dussopt et Amélie de Montchalin. Ils n’ont pas hésité à dénoncer des « manipulations grossières » : les sénateurs de la commission d’enquête transpartisane apprécieront.

Cette commission nous a aussi appris que McKinsey ne payait pas d’infos en France depuis 10 ans. Que d’argent public gâché. Pourtant, la question avait été posée avait été posée à Karim Tadjeddine, directeur associé de McKinsey France et ami d’Emmanuel Macron, lors de son audition par la même commission d’enquête. Le Sénat a, de son côté, saisit la justice pour suspicion de faux témoignage.

Le gouvernement n’aurait rien à cacher ? La rapporteur communiste de la commission d’enquête, Eliane Assassi, s’interroge sur « des rapprochements de dates troublants ». Pourquoi le lancement du contrôle fiscal de McKinsey par l’administration de Bercy a-t-il commencé en décembre, alors que la commission d’enquête a commencé ses travaux en novembre ? Pas de réponse du côté du gouvernement. En revanche, Bruno Le Maire n’hésite pas à affirmer que le gouvernement n’a « pas de leçon à recevoir » sur la lutte contre l’optimisation fiscale. Bref, une communication qui, à la fin, apporte davantage de nouvelles questions que de réponses convaincantes. Beaucoup d’observateurs sentent la fébrilité de la macronie.

La macronie commence-t-elle à trembler ?


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