18 février 1867 : Compromis en Autriche-Hongrie

vendredi 18 février 2022.
 

À l’orée de l’année 1867, l’Empire d’Autriche est exsangue. Défait un an plus tôt par la Prusse et l’Italie, amputé territorialement et exclu de la Confédération germanique, frappé par une crise financière, il affronte aussi une crise nationale concernant la place institutionnelle de la Hongrie.

Dans cet État pluriethnique construit par la dynastie allemande des Habsbourg, le Printemps des peuples de 1848 a donné lieu à de vastes soulèvements. En réaction, une constitution autoritaire a restreint l’autonomie traditionnelle de ses entités constitutives, en particulier celle du royaume de Hongrie. Après une répression impitoyable, sa constitution coutumière fut suspendue de fait et son Parlement, la Diète, supprimé.

L’empereur François-Joseph est néanmoins conscient qu’il ne peut s’aliéner un peuple qui représente près de 20 % de ses sujets. En 1860, il rétablit les diètes locales puis en 1861 instaure un parlement d’Empire (Reichsrat) : insuffisant pour les nationalistes hongrois.

Mais leurs positions évoluent. Ferenc Deák, juriste et figure de la révolution de 1848, défend contre ses camarades partisans de l’indépendance une voie médiane : pleine autonomie des institutions du royaume hongrois sur les affaires internes, contre reconnaissance du rôle de l’État impérial dans certaines affaires. Un projet controversé. Mais Vienne finit par saisir la main tendue. En 1865, la Diète est reconvoquée. La crise de 1866 accélère les négociations. Le compromis se concrétise le 18 février 1867 : un Premier ministre pour la Hongrie est nommé. Le lendemain, les grandes lois révolutionnaires de 1848 sont rétablies.

En vertu du plan final ratifié le 29 mai, le royaume de Hongrie est doté d’un gouvernement responsable devant la Diète. Son système juridique et judiciaire propre est restauré. Une armée et des tarifs douaniers aux frontières sont même rétablis. Seules, la diplomatie, les finances et la défense sont gérées en commun sous l’autorité de l’empereur, avec un ministre unique pour les Affaires étrangères. Un Parlement commun composé de délégations paritaires de la Diète et du Reichstag contrôle l’action de ces ministères et adopte le budget commun.

Sous ce régime, la Hongrie devient paradoxalement plus centralisatrice que le reste de l’Empire (la « Cisleithanie », dirigée par le chancelier et le Reichsrat de Vienne). Le gouvernement hongrois, conservateur et assis sur un cens électoral élevé, entame une politique de magyarisation qui touche particulièrement l’enseignement. Les autres nationalités sont lésées. En découlent des rancœurs dont l’écho se fait toujours entendre aujourd’hui.

Thibaut L.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message