Aymeric Caron : « Par sa maîtrise des dossiers, Mélenchon montre qu’il a l’étoffe d’un Président »

mercredi 16 février 2022.
 

Le journaliste et romancier Aymeric Caron a rejoint le Parlement de l’Union Populaire (PUP). Il s’engage pleinement dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Il publie son premier roman sur le déclin écologique et politique de notre espèce, Nous mourrons de nous être tant haïs (éditions Robert Laffont).

Sur l’émission politique de France 2 avec Mélenchon

« Mélenchon est le seul des candidats de gauche et de l’écologie à être sur une dynamique positive. »

« Cette émission peut être un coup d’accélérateur pour la suite. C’était une bonne émission parce qu’elle lui a permis de parler de thèmes importants, sans caricature. »

« Je l’ai trouvé très en forme, très pédagogue. »

« Mélenchon est le meilleur des candidats en lice. Il est le meilleur homme politique que nous ayons en politique - quelles que soient les idées que l’on ait. »

« Il a pu balayer certaines ambiguïtés dues au fait que parfois les médias simplifient, caricaturent. »

« Tous les commentateurs politiques reconnaissaient déjà que le programme l’avenir en commun est le meilleur et le plus travaillé. »

« Hier, Mélenchon a montré qu’il avait la posture présidentielle et qu’il maîtrisait les dossiers. »

« L’écologie radicale, la vraie écologie qui m’intéresse est chez Mélenchon. »

Sur Yannick Jadot et les écologistes

« Je ne vais pas accuser Yannick Jadot de mentir [quand il dit qu’il porte un projet de rupture] mais je veux juste constater qu’il est tiraillé - pour ne pas dire perdu - entre deux lignes. Je ne suis pas sûr qu’il sache où il se situe. »

« Depuis quelques années, Yannick Jadot dit une chose et son contraire. »

« À EELV, Jadot incarne une ligne plus libérale contre une autre ligne incarnée par Sandrine Rousseau qui incarne une écologie plus radicale. »

« EELV aujourd’hui, c’est le PS il y a dix ans. Il y a deux lignes qui ne peuvent pas travailler ensemble. »

« Le projet de Jadot depuis quelques années c’est d’être élu président de la République. Et ce qu’il a théorisé, c’est que pour être élu président, il faut rassembler. Et pour rassembler, il ne faut pas avoir des projets qui puissent paraître extrêmes. »

« Yannick Jadot construit une social-démocratie verte. C’est ce que j’appelle l’écologie molle. »

« Avec Jadot, le système n’est pas remis en question. »

« Je ne dirais pas que Jadot est insincère mais il est un peu perdu. »

Sur le slogan « Fin du monde, fin du mois »

« C’est un joli slogan qui dit une réalité. Mais il n’est pas encore tout à fait perceptible pour une personne qui gagne 2000-2500 euros et qui a du mal à boucler son mois. Il se dit que sa priorité c’est de survivre au mois, alors penser à la survie de la planète… »

« Il faut faire ce travail explicatif qui est de présenter les choses telles qu’elles sont : l’écologie radicale est une vision de la société – qui ne se limite pas à défendre les arbres, les fleuves, les mers, lutter contre le réchauffement climatique –, c’est une nouvelle approche du vivant qui inclut les humains et donc leur rapport au travail, leur rapport au temps. »

« S’il y a des gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois, c’est en raison d’un système d’exploitation qui a les mêmes logiques que les systèmes d’exploitation des ressources, des femmes. C’est une réflexion globale qui doit être entamée de façon à décliner sur tous les plans possibles la notion de respect de l’autre. »

« Remplacer partout où c’est possible la notion d’exploitation par la notion de coopération. »

« L’écologie, ça n’est pas dire qu’on va augmenter le prix de l’essence. Ce sont les grands groupes qui doivent être mis à contribution, en payant plus d’impôts, en revoyant leur logique de fonctionnement. »

« Il y a une espèce de mensonge sciemment propagé par ceux qui nous dirigent pour dégouter les gens de l’écologie – les classes populaires en l’occurrence – et leur faire croire que l’écologie est punitive, qu’elle va pourrir leur quotidien. C’est l’écologie du néolibéralisme : pour verdir son image, elle fait reposer toute la faute sur le consommateur. »

Sur le travail

« Le travail peut être une chose extraordinaire, je pense qu’on a tous besoin d’avoir un travail émancipateur. Nous sommes très inégaux face au travail. »

« Les métiers tournés vers l’autre, comme celui d’infirmier ou d’enseignant, sont dégradés. Ils n’ont plus envie d’aller bosser parce qu’ils n’ont pas de moyens, parce qu’ils sont dénigrés par ceux qui nous dirigent. Ce qui aurait pu être un formidable facteur d’épanouissement devient une forme d’aliénation. »

« Je trouve formidable que des robots remplacent des humains dont le travail est celui d’un corps sans âme. Une des choses que la gauche a eu du mal à comprendre, c’est que la robotisation a rendu un service à l’être humain. C’est là qu’intervient la réduction du temps de travail. »

« Une grande partie des emplois va disparaître, avec l’intelligence artificielle. Je ne parle même pas des "bullshit jobs"... »

« Soit on continue d’entretenir l’illusion du plein-emploi, ou on s’engage dans une politique de décroissance nataliste absolue où on repasse à trois milliards d’habitants sur la planète – on n’en prend pas du tout le chemin. Comment faire quand la population mondiale s’accroît et que l’offre d’emplois diminue ? »

« Notre économie repose uniquement sur la consommation. Nous sommes éduqués dans l’idée que le seul modèle possible est celui dans lequel nous vivons, organisé autour de la production et de la consommation. Il n’y a que ça. C’est un mensonge absolu, entretenu par ceux qui nous dirigent puisqu’ils bénéficient du système. »

« Il faut inviter un système qui fasse que, pour vivre, le travail ne soit plus le centre de tout, mais un élément parmi d’autres. Et ce n’est pas forcément le travail qui va permettre de gagner de l’argent. Comment fait-on ? Je défends l’idée qu’on ne travaille que 15-20 heures par semaine – ce qui était la prédiction de Keynes ! Le logement, le transport, la démocratie : tout est lié à la notion de temps. On parle de crise démocratique, mais les gens n’ont plus le temps pour s’y intéresser. Où trouve-t-on le temps pour lire les journaux, les programmes, les livres ? Ce temps, on ne l’a pas. Si on veut être un vrai citoyen, il faut qu’on nous dégage du temps. »

Sur la culture comme moteur de la puissance de la France

« Jean-Luc Mélenchon met l’accent sur une potentialité importante de notre pays : la France a été une référence dans de nombreux domaines culturels pendant longtemps et on est encore très bon dans les jeux vidéos qui est encore une de nos compétences reconnues aujourd’hui. Il y a d’autres domaines sur lesquels on s’endort un peu comme le cinéma et d’autres où l’on est très productifs comme en littérature. »

« Il faut expliquer pourquoi, pour le pays, ce serait une bonne chose d’avoir une politique culturelle. »

« Le temps, c’est ce qui nous permet de faire avancer une société - pas la technologie. »

« Il faut des gens qui fassent des œuvres d’art, des gens qui écrivent des essais, des gens qui creusent des questions sociologiques, psychologiques, philosophiques. Il faut des gens qui s’interrogent sur notre monde et qui nous le donnent à voir et à penser. »

« Les artistes nous font progresser dans leur manière de voir le monde et nous en proposer une lecture. »

« Une société qui défavorise les créateurs, c’est une société qui se prive de la possibilité d’évoluer de manière spirituelle, éthique et morale. »

« Les humains, plus que les autres espèces (parce qu’il y a aussi des cultures chez les animaux non-humains mais elles sont plus limitées), sont des êtres de culture. »

Sur la notion de résistance dans son livre « Nous mourrons de nous être tant haïs »

« Les peuples ont toujours été entraînés par quelques-uns. »

« Je n’ai jamais vu un peuple qui, de manière unanime, spontanément, se mobilise pour une idée. »

« Pour que les idées progressent, il faut que quelques uns sortent du groupe et soient moqués, raillés, vilipendés pour qu’ils soient ensuite ralliés par d’autres et pour que le groupe grossisse et devienne une majorité : ça a été le droit pour le droit des femmes ou pour ceux qui ont lutté contre l’esclavage. »

« Je suis dans une forme de résistance. »

« Il y a des familles de résistants (…). L’aptitude à la résistance, à mon avis, il y a une part qui circule dans les gênes et dans l’éducation. »

« J’essaie de raconter comment, malgré tous les lanceurs d’alerte, on en est là où on est aujourd’hui. »

« La croissance nous tue et certains n’arrivent pas à le comprendre. »

« La vision un peu apocalyptique que je raconte dans mon livre, ce n’est pas que la mienne, c’est aussi celle de dizaines de milliers de scientifiques. »

Sur la notion de haine

« Il faut proscrire l’idée que la haine puisse être un projet. »

« On peut travailler au progrès moral de l’humanité et faire en sorte que la haine ne nous atteigne pas. »

« La colère peut être un moteur. Pas la haine. Et on peut être un moteur sans haïr. »


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