Sûreté nucléaire : la fiabilité des réacteurs EPR en question.

dimanche 5 décembre 2021.
 

Sûreté nucléaire : la fiabilité des réacteurs EPR en question.

** Au moment où une nouvelle campagne de pub est lancée pour la promotion du nucléaire en France,la question de la sûreté des nouvelles technologies du nucléaire refait son apparition.

Article 1

Incident nucléaire à l’EPR de Taishan, en Chine. Source : TV5 Monde

https://information.tv5monde.com/in...

L’incident qui a conduit en juillet à l’arrêt d’un réacteur à la centrale nucléaire EPR de Taishan (Chine) serait dû à un défaut de conception de la cuve, affirme samedi la CRIIRAD qui met en garde contre le risque de problème identique sur d’autres EPR.

Association créée au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a écrit samedi à la direction de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lui faire part de cette information qu’elle dit tenir d’un "lanceur d’alerte".

"Il s’agit d’un Français qui travaille dans l’industrie nucléaire, ayant accès à des éléments techniques très précis sur la situation du cœur du réacteur de Taishan 1", a précisé à l’AFP Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD.

L’opérateur chinois CGN exploitant principal de la centrale (70% des parts) avec EDF (30%), avait annoncé le 1er juillet "mettre à l’arrêt pour maintenance" le réacteur 1 de la centrale nucléaire EPR de Taishan, proche de Hong Kong, la seule installation EPR actuellement en service dans le monde.

L’incident avait été signalé le 14 juin : un petit nombre de barres de combustible d’uranium endommagées ("crayons") causait une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale. Les autorités avaient qualifié le phénomène de "courant" et écarté tout danger.

Dans son courrier, dont l’AFP a obtenu copie, la CRIIRAD écrit, sur la foi d’informations transmises par ce lanceur d’alerte, que ces "dégradations constatés sur les assemblages de combustible nucléaire (...) sont dues principalement à des vibrations anormales" de ces assemblages. Et que celles-ci "seraient liées à un défaut de la conception de la cuve de la filière EPR".

Toujours selon la CRIIRAD, des "résultats des essais sur maquette 0.2" chez Framatome au Creusot, dès 2007-2008, auraient révélé ces insuffisances sur l’hydraulique de la cuve.

L’association demande ainsi l’ASN, entre autres, si elle a été informée "de la détection d’un niveau anormal de vibration des assemblages de crayon à Taishan".

Elle l’interpelle aussi sur l’EPR de Flamanville, en cours de construction : ne devrait-elle pas "imposer à EDF de changer le couvercle de cuve avant toute divergence ?" ; considère-t-elle comme "acceptable, sur le plan de la sûreté et de la radioprotection, que le combustible neuf (...) soit chargé dans le coeur du réacteur en l’état ?".

L’ASN, contactée par l’AFP, n’a pas souhaité s’exprimer.

"Le travail d’inspection du combustible et de la cuve du réacteur 1 de Taishan, lancé dès le déchargement, est toujours en cours. L’origine de l’inétanchéité de crayons combustibles ne sera déterminée qu’au terme de ces expertises", a de son côté indiqué EDF.

** Article 2 ** Le défaut du réacteur chinois pourrait remettre en cause tous les EPR

Source : Reporterre. 29/11/2021

https://reporterre.net/Le-defaut-du...

Un lanceur d’alerte révèle de nouvelles informations sur l’incident qui a conduit à l’arrêt du réacteur EPR de Taishan. De graves défauts sur le combustible pourraient se retrouver sur tous les EPR. L’Autorité de sûreté nucléaire est interpellée.

Le problème de sécurité qui a conduit à l’arrêt du réacteur chinois EPR de Taishan, en juillet dernier, pourrait révéler un défaut récurrent sur tous les EPR, dont celui en construction à Flamanville (Manche). C’est ce que laisse entendre la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Dans une lettre adressée à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le 27 novembre, et dont Reporterre a eu copie, la Criirad apporte de nouvelles informations sur l’incident. Elle les aurait obtenues par un « lanceur d’alerte qui travaille dans l’industrie nucléaire ».

L’arrêt du réacteur 1 de Taishan (la centrale en compte deux) est dû à des ruptures des gaines du combustible nucléaire plongé au cœur du réacteur. Selon l’informateur de la Criirad, ces dégradations « sont dues principalement à des vibrations anormales des assemblages de combustible nucléaire ». Ces vibrations seraient liées à « un défaut de conception de la cuve de la filière EPR ».

La Criirad rappelle que la cuve de l’EPR a été inspirée du projet de réacteur allemand Konvoi, sur lequel des défauts avaient à l’époque été identifiés. Dans les années 1990, l’EPR était en effet un projet franco-allemand, que Berlin a abandonné en cours de route, avec la perspective de sortie du nucléaire.

L’association demande donc à l’ASN de vérifier ces différents points, et de fournir une information publique à leur propos. Selon Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la Criirad, si l’incident de Taishan révélait un défaut générique des cuves de l’EPR, cela « pourrait hypothéquer le démarrage des réacteurs de Flamanville et Olkiluoto », en Finlande.

Des questions précises sont posées à l’ASN :

peut-elle confirmer si une trentaine d’assemblages et soixante-dix crayons de combustible sont concernés ? les ressorts de maintien de ces crayons ont-ils cassé ? certaines grilles ont-elles perdu des plaquettes côté réflecteur neutronique ? est-elle informée des résultats des essais de Framatome, au Creusot en 2007-2008, sur l’hydraulique de la cuve de l’EPR ? Rappelons que cette usine a été le siège de nombreuses irrégularités dans les années 2000. y a-t-il un rapport entre ce qui a été observé à Taishan et les vibrations observées sur l’EPR ? L’ASN n’a pas encore répondu à cette lettre de la Criirad. Les questions posées suggèrent que le lancement de nouveaux EPR, que veut annoncer M. Macron les jours prochains, pourrait être problématique, tant que toutes les incertitudes sur leur sécurité ne seront pas levées.

C’est maintenant que tout se joue…

La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité.

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