Le peuple et la gauche

samedi 27 novembre 2021.
 

Sous la Cinquième République, les ouvriers se tournent de plus en plus vers la gauche et, à l’intérieur de la gauche, votent de moins en moins en faveur du PCF après 1978. Cette année-là, les trois quarts des ouvriers qui votent choisissent la gauche et, pour la première fois depuis 1945, préfèrent le PS au PC.

Dès 1983, la tendance inverse s’installe. En 1997 et en 2012, la proportion d’ouvriers votant à gauche est certes un peu plus forte qu’à l’élection précédente. Le mouvement général n’en est pas moins au repli : entre 1962 et 1978, la moyenne du vote de gauche est à 60% ; entre 1986 et 2012, elle tombe à 50%. En 2017, enfin, la gauche toutes tendances confondues passe au-dessous de la barre des 30%.

Le processus bénéficie bien sûr à la droite dans son ensemble. À partir de 1986, c’est le Front national qui en tire le meilleur parti et parvient souvent à talonner la droite classique au sein des électeurs ouvriers. En 2017, les votants ouvriers se partagent en trois blocs : l’extrême droite (33%) passant devant le total droite-macronistes (31%) et laissant la gauche au troisième rang (28%).

Il en est de même à la présidentielle. Jusqu’en 1988, la propension ouvrière à voter pour la gauche est nettement supérieure à celle de l’ensemble de la population. C’est de moins en moins le cas après cette date : le vote de gauche en milieu ouvrier s’effondre plus vite que dans le reste de la population, sauf en 2017. En matière de vote, « l’exceptionnalité » ouvrière s’est effacée peu à peu avec l’arrivée de la gauche au pouvoir.

Le mouvement s’est poursuivi et s’est même amplifié après 2017, et les sondages ne laissent pas entrevoir de retournement de tendance. Selon les indicateurs les plus récents, les catégories populaires qui indiquent un vote n’iraient pas plus que la moyenne vers la gauche (un peu plus du quart) et se porteraient pour moitié vers l’extrême droite.

Les « années 68 », jusqu’à la victoire de François Mitterrand en mai 1981, sont en un sens l’apogée de la gauche populaire née à la fin du siècle précédent. Aux législatives de 1978, 75% des ouvriers ont voté pour les organisations de gauche, contre 46% en 1958.

Des hauts et des bas

Il ne faut pas s’imaginer que les rapports du peuple et de la gauche ont été toujours idylliques.

Au XIXème siècle, le monde ouvrier naissant s’installe en effet dans une politisation pratique simple : d’un côté le monde des nantis, de l’autre celui des prolétaires ; d’un côté le « nous », de l’autre le « eux ». Il est vrai que la répression sanglante des émeutes de juin 1848, l’écrasement de la Commune et le refus persistant d’un droit social séparé au nom de l’universalité abstraite de la loi ont longtemps laissé penser que la gauche républicaine, gauche « d’élites », n‘avait guère à voir avec le prolétariat. Il a fallu attendre la pérennisation de la forme républicaine après 1875, l’essor de la démocratie municipale et l’expansion du socialisme ouvrier pour que se raccordent partiellement l’expérience ouvrière, l’idée républicaine et la gauche politique, socialiste et radicale.

Ce raccord est resté longtemps relatif, d’abord parce que le socle social qui sous-tend la gauche reste largement dominé par une petite et moyenne propriété rurale et urbaine qui préfère la République des radicaux à l’univers du socialisme ouvrier. À quoi il faut ajouter que, même au sein de l’univers ouvrier, la culture syndicale et politique est perçue de façon ambiguë : elle est à la fois la continuité de l’affirmation de classe dans les institutions et une transgression qui fait passer l’ouvrier du « nous » au « eux ». Elle est indissociablement une manifestation de l’identification ouvrière et une rupture avec elle.

La fin du XIXème siècle installe ainsi une contradiction épaisse, qui n’a jamais été dépassée. Les ouvriers ont une propension civique un peu plus forte, s’ils ont l’impression qu’ils disposent d’une représentation assurant leur différence sans les précipiter dans l’isolement. Au contraire, ils tendent à se désengager, s’ils considèrent que leur communauté de destin est « trahie » par une représentation inadéquate ou par des dynamiques politiques dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas. L’engagement et le désengagement politiques sont pendulaires ; tout équilibre, une fois atteint, est aussitôt menacé.

Les XIXème et XXème siècles avaient fondé les ouvriers en classe ; la fin du XXème siècle n’a pas fait disparaître les ouvriers, mais elle a étiolé la classe, plus ou moins réunie par l’espérance d’un avenir radieux.

L’expansion industrielle et celle du socialisme d’avant 1914, le traumatisme de la Grande Guerre, le choc de la révolution russe, puis les soubresauts de l’entre-deux-guerres redistribuent les cartes plus loin vers la gauche. Au tout début du XXème siècle, le socialisme réunifié – bien que contesté par le « syndicalisme révolutionnaire » – a écorné l’hégémonie des radicaux de gouvernement et imposé la figure ouvrière dans l’espace politique. Plus tard, à partir des années 1920, s’entrelacent les premières percées de l’État providence et l’émergence en France d’un phénomène nouveau, prolongement original de l’ébranlement survenu dans la Russie de 1917.

Le communisme français s’impose peu à peu comme un prolongement de la tradition plébéienne et révolutionnaire née de la Révolution. Il use du mythe soviétique pour donner un nouveau visage à la « Sociale » du siècle précédent et, surtout, il parvient à relier la sociabilité populaire et ouvrière, un nombre non négligeable des organisations constitutives du « mouvement ouvrier » et les dynamiques de la gauche politique. Ce communisme – fortement associé à la « banlieue rouge » – est profondément marqué par sa matrice stalinienne, mais il réussit à construire une vaste galaxie qui, devenue dominante à gauche après 1944, va colorer les représentations sociopolitiques françaises pendant quelques décennies.

Les « années 68 », jusqu’à la victoire de François Mitterrand en mai 1981, sont en un sens l’apogée de la gauche populaire née à la fin du siècle précédent. Aux législatives de 1978, 75% des ouvriers ont voté pour les organisations de gauche, contre 46% en 1958.

De l’apogée au reflux

Le triomphe du printemps 1981 est aussi toutefois un chant du cygne. L’équilibre du début des années quatre-vingt est rompu. Les catégories populaires sont entrées dans une nouvelle ère de leur histoire. Cette rupture est due à la conjonction de trois processus.

Le premier se situe dans l’ordre économico-social. Les ouvriers n’ont pas disparu, le « peuple » sociologique (ouvriers et employés) est toujours dense (la moitié des actifs et 45% des résidents) et la machine à produire de l’inégalité a interrompu l’apparente « moyennisation » des décennies précédentes. Mais les bases du « mouvement ouvrier » ont été érodées. Les ouvriers sont moins nombreux (8 millions en 1975, 5,3 en 2019 selon l’Insee), moins concentrés, dispersés dans une sous-traitance de services et éloignés peu à peu vers le périurbain. Après la longue phase d’unification tendancielle de la classe (redistribution publique, stabilisation juridique des statuts) le groupe se trouve tiraillé de plus en plus entre deux pôles, de plus en plus distants. Le cadre mental ancien du monde ouvrier s’est lui-même délité. L’identification à la « classe ouvrière » a fléchi depuis 1966 [1], au profit de l’item « classes moyennes » et l’affirmation fière de soi recule en même temps que la conscience de groupe. Quant à l’univers du « nous », fondé sur la primauté du collectif, il est perturbé par l’irruption du « je » [2] et le besoin d’autonomie de l’individu qui en résulte.

Le deuxième processus de rupture est à la fois social et politique. Tout agrégat sociologique ne constitue pas une classe. À proprement parler, la classe ouvrière n’existe pas sans le mouvement historique par lequel le monde épars des ouvriers se façonne en groupe conscient de lui-même. Or l’équilibre qui accompagne les années de l’État-providence se défait à partir de la fin de la décennie 1970 : la grève se tasse, le syndicalisme se contracte et se disperse, et la galaxie communiste s’effrite dans un irréversible déclin. La vie associative, pour sa part, cesse de porter la marque ouvrière. Depuis deux décennies, l’expansion de l’association coïncide avec le recul de l’engagement partisan et syndical.

Les organisations issues du mouvement ouvrier historique continuent de marquer de leur empreinte le champ des luttes sociales. Mais elles ont été contestées au fil des ans. Les années 1970 ont vu émerger les « nouveaux mouvements sociaux » chers au sociologue Alain Touraine ; les années 1990 ont connu quant à elles l’irruption du « mouvement social », spectaculaire en novembre-décembre 1995. Ces mouvements sont socialement plus divers, moins centrés sur la seule question salariale, touchant plus souvent les questions réputées « sociétales » relancées par la « contre-révolution néolibérale » (le combat des « sans », le Pacs, les demandes féministes, l’action des précaires…). Dans l’ensemble, ils témoignent d’une solide défiance à l’égard de l’espace politique.

Le constat est plus accentué encore pour les mobilisations les plus récentes, dont les Gilets jaunes (évoqués dans un article précédent) ont été l’archétype le plus fort. De ce fait, la largeur du spectre mobilisé par les nouveaux mouvements a pour pendant l’absence de projet global qui pourrait l’identifier dans le champ de la politique instituée. Alors que l’utopie égalitaire tendait à agréger le mouvement ouvrier de jadis et lui donnait force politique, le mouvement social actuel se déploie dans un moment où les grandes représentations de l’avenir sont en crise (crise du progrès, crise de l’utopie, crise du communisme…). De cette faiblesse et des carences projectives qui en résultent découle le phénomène majeur : présent dans l’espace public, le mouvement social n’est pas pleinement un acteur politique, comme pouvait l’être son prédécesseur historique, le mouvement ouvrier.

Le troisième processus de rupture dans l’histoire longue de l’univers ouvrier se trouve dans l’espace proprement politique. Quand François Mitterrand descend triomphalement les Champs-Élysées, en mai 1981, Margaret Thatcher a terrassé les trade unions britanniques et Ronald Reagan s’est engagé dans sa grande « révolution conservatrice ». Dès la fin 1982, le gouvernement Mauroy décide de ralentir son œuvre réformatrice et de s’engager dans une « rigueur » que ses successeurs pousseront jusqu’à l’austérité. Alors que l’action de l’État piétine, le tissu industriel se transforme, dans un contexte économique de plus en plus mondialisé : la casse confirmée de la sidérurgie, en 1984, est en France l’équivalent de la saignée minière de la Grande-Bretagne thatchérienne. Impuissant à enrayer le déclin industriel, déboussolé par la dégradation des franges populaires les plus fragilisées, le syndicalisme voit son image, son efficacité et ses effectifs reculer, en même temps que les indices de la combativité salariale.

La gauche enregistre dès 1983 les effets politiques de cette évolution (voir le constat du début). Le PCF, dépassé par l’allié-concurrent socialiste en 1978, poursuit son déclin. Le Parti socialiste en bénéficie un temps, ambitionne même de devenir le parti attrape-tout de la gauche française. Mais il est bientôt d’autant plus affecté par le recul qu’il se rapproche progressivement des inflexions sociales-libérales de ses homologues européens. Les brèves rémissions (1997, 2012) n’annulent donc pas la pente générale au recul.

Il en est pour les ouvriers comme pour la société tout entière. Ce n’est pas qu’ils aient « viré à droite » en bloc. Mais, dans un moment où le clivage droite-gauche a perdu de son sens antérieur, faute de projet alternatif bien identifié à gauche, d’autres projets attirent une partie des couches populaires. À ce jeu, la gauche n’est jamais gagnante, surtout en milieu populaire. Et ce n’est pas en se plaçant sur le terrain de l’extrême droite – sécuritaire, protectionniste, nationaliste – que l’on stoppera la translation vers elle d’une part de l’univers populaire.

Les classes populaires ne se sentent plus représentées par la gauche. Il est vrai que les partis qui la composent sont eux-mêmes de moins en moins populaires. L’évolution a touché le Parti socialiste depuis longtemps : la disparition de la vieille SFIO s’était traduite, dès les années 60-70, par le reflux des professions indépendantes traditionnelles, par la percée des « nouvelles couches moyennes » et le tarissement du recrutement ouvrier. En 1998, les adhérents du PS appartenaient à près de 80% aux professions libérales, cadres supérieurs et catégories intermédiaires, tandis que les employés et ouvriers n’atteignaient pas 20% des effectifs. L’évolution n’est pas de même ampleur pour le PCF, mais entre 1979 et 1997 le taux d’ouvriers dans le parti est passé de 46 à 31%. Le mouvement s’est accentué par la suite : au congrès de 2010, les ouvriers et employés ne comptent que pour moins de 30% ; il y a alors plus d’enseignants que d’ouvriers au congrès du « parti de la classe ouvrière » !

La fin du XXème siècle semble avoir clos le cycle ouvert par l’affirmation de l’industrie et l’expansion de la démocratie représentative. Après une longue phase d’incertitude, les classes populaires avaient accédé à la garantie d’un statut, de la protection sociale et de l’expression politique (la place de la social-démocratie et, en pays latin, du communisme). Par-là, elles s’étaient vues intégrées dans l’espace public. La crise longue amorcée dans les années 70 a mis à bas cet équilibre, replongeant une part significative d’entre elles dans la précarité et la marginalité, réelle ou supposée.

Tassement du sentiment d’appartenance et recul du vote de gauche … Les XIXème et XXème siècles avaient fondé les ouvriers en classe ; la fin du XXème siècle n’a pas fait disparaître les ouvriers, mais elle a étiolé la classe, plus ou moins réunie par l’espérance d’un avenir radieux.

Nouvelle donne ?

1. Un constat est sans appel : le monde ouvrier ne se reconnaît plus dans la gauche. Beaucoup d’ouvriers avaient utilisé le vote socialiste ou communiste pour se défendre, affirmer leur dignité et envisager un avenir meilleur. Ces votes ont perdu en même temps leur utilité et leur sens. En avril 2017, entre 70% et 75% des ouvriers ont voté à la présidentielle ; sur ce nombre, un tiers à peine a voté à gauche et plus de 40% à l’extrême droite.

2. Il en est pour les ouvriers comme pour la société tout entière. Ce n’est pas qu’ils aient « viré à droite » en bloc. Mais, dans un moment où le clivage droite-gauche a perdu de son sens antérieur, faute de projet alternatif bien identifié à gauche, d’autres projets attirent une partie des couches populaires. Et, comme c’est souvent le cas, le courant dominant porte dès lors soit au renoncement (l’abstention), soit à la résignation (on cherche le vote le moins mauvais), soit au ressentiment (faute de cause structurelle à combattre, on se dresse contre le bouc émissaire). À ce jeu, la gauche n’est jamais gagnante, surtout en milieu populaire. Et ce n’est pas en se plaçant sur le terrain de l’extrême droite – sécuritaire, protectionniste, nationaliste – que l’on stoppera la translation vers elle d’une part de l’univers populaire.

3. Face à ce constat, deux tentations sont à repousser : celle qui conduit à penser que le centre d’intérêt de la gauche ne se trouve plus du côté du monde ouvrier ; celle qui consiste à expliquer que le retour à une pratique « de classe » est la seule manière de redresser la situation. L’abandon légitimé par l’exigence de changement et l’immobilisme au nom de « l’identité » sont deux manières, pour la gauche, de précipiter son déclin. La première tentation a plongé dans la crise le socialisme au pouvoir après 1981 ; la seconde a figé longtemps le communisme dans une stagnation qui a altéré son utilité politique.

Aucun projet politique ne peut espérer être dynamique s’il ne parle pas de la société tout entière, s’il ne dit pas d’où elle vient, où elle peut aller et en s’appuyant sur quelles valeurs, quelles méthodes et quelles forces. Non pas « eux » contre « nous », mais « nous tou.te.s » et « tou.te.s ensemble ».

4. Ce n’est pas parce que la gauche aurait abandonné le « social » au profit du « sociétal » qu’elle a reculé, mais parce qu’elle n’a pas compris suffisamment ce qui changeait dans la société elle-même. Le peuple sociologique d’aujourd’hui n’est pas le même qu’hier et le « social » est lui-même est bien plus complexe qu’autrefois : il entremêle des dimensions à la fois matérielles (les effets de l’inégalité) et symboliques (le poids des discriminations), relevant de tous les champs de la vie sociale.

Ce n’est donc ni en « revenant » au modèle de la classe d’hier, ni en remplaçant la « classe » par un segment de la société (par exemple les plus exploité.e.s, les discriminé.e.s ou les plus dominé.e.s) que l’on inversera la tendance au déclin et qu’on enrayera la montée de la droite extrême. La société n’est pas une juxtaposition de segments sociaux, éventuellement hiérarchisés, mais un tout régi par des logiques dominantes et traversé par des contradictions. Aucun projet politique ne peut espérer être dynamique s’il ne parle pas de la société tout entière, s’il ne dit pas d’où elle vient, où elle peut aller et en s’appuyant sur quelles valeurs, quelles méthodes et quelles forces. Non pas « eux » contre « nous », mais « nous tou.te.s » et « tou.te.s ensemble »… Ce projet existe-t-il à gauche et est-il perceptible ? On peut sérieusement en douter.

5. La nostalgie est hors de saison, quelle que soit la part de la gauche dans laquelle on choisit de s’inscrire. Les ouvriers sont toujours là et bien là, mais ils ne sont plus du tout ce qu’ils étaient. Les exploités, dominés et aliénés constituent toujours la base matérielle et symbolique d’un « peuple » qui reste la clé de toute dynamique sociale et démocratique. Mais cette « base » n’a ni les mêmes conditions d’existence, ni les mêmes représentations, ni les mêmes valeurs, ni les mêmes rapports de l’individu et du collectif que dans le passé.

La société d’aujourd’hui ne dégage pas des procédures unifiantes analogues à celles qui ont rendu jadis possible l’expansion d’un groupe central et son homogénéisation relative. Une partie des exploités-dominés-aliénés peut donc à l’occasion se dresser contre le désordre social existant et, en se mettant en mouvement, peut s’affirmer comme une multitude agissante. Mais faute de projet capable d’articuler le passé, le présent et l’avenir, cette multitude ne peut devenir un peuple politique. Ce faisant, elle peut peser sur les logiques en place, infléchir à la marge l’utilisation des ressources, mais elle laisse l’initiative historique aux forces qui contrôlent de fait la distribution des avoirs, des savoirs et des pouvoirs.

6. Il ne suffit plus dès lors de prôner la « modernité » contre les « immobilisme », ou le « retour à la classe » contre les « abandons ». Il ne suffit pas davantage de substituer à la « classe » le « peuple » et ses supposés pouvoirs « destituants ». De la Commune aux années 1970, la force du mouvement ouvrier a tenu à sa capacité à se constituer en mouvement global, en état d’agir en même temps sur le social, le politique et le symbolique, capable de critiquer et de faire rêver tout à la fois. On ne retournera pas au mouvement ouvrier du passé ; mais le mouvement populaire du présent est en pointillés. Le seul ferment de long souffle, pour un rassemblement populaire à l’échelle de la société tout entière, est le désir planétaire d’émancipation, individuelle et collective, sociale, politique et symbolique. Mais le désir est infirme, s’il ne s’adosse pas à du projet.

Pas facile d’avancer dans la bonne direction ? Raison de plus pour éviter les raccourcis et les impasses.

Roger Martelli

Notes

[1] Guy Michelat et Michel Simon, « Le peuple, la crise et la politique », numéro hors-série de La Pensée, janvier 201

[2] Olivier Schwartz, Le Monde privé des ouvriers. Hommes et femmes du Nord, PUF, 199


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