Présidentielle : Le temps de la confrontation

lundi 4 octobre 2021.
 

La confrontation entre Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour a mis en évidence l’une des lignes de fractures de la campagne présidentielle à venir. Celle-ci, au moment de la prise de conscience de la bifurcation écologique alors que sévit une crise sociale d’ampleur, prend une signification inédite. Chacun comprend bien que cette fois-ci il ne s’agit pas de penser l’alternance entre le social-libéralisme de la vieille gauche et le libéralisme assumé de la droite. Emmanuel Macron pendant son mandat a prétendu jouer « en-même temps » des deux, pour finir franchement à droite, ce que revendiquent désormais ouvertement ses propres ministres.

Le débat organisé par BFMTV a reçu une singulière attention, plusieurs millions de téléspectateurs l’ont suivi, attestant au-delà de l’effet polémique de l’intérêt pour les enjeux présidentiels. Deux lignes s’y sont clairement opposées : d’un côté une forme d’écosocialisme républicain, de l’autre l’ordo-libéralisme identitaire. Dans le temps long l’effet Zemmour s’est un peu dissipé : lors de talk-shows, ses courtes réparties peuvent impressionner, pas lors d’un débat dès lors que tous les maux de la société n’ont à ses yeux qu’une cause, l’immigration, mais pas d’autres solutions que la haine de l’autre.

À l’instar de Marine Le Pen dont le programme écologique brille par ses références à la protection de la terre dans une perspective maurrassienne, Eric Zemmour en reste au conservatisme le plus assumé. Comme elle, il condamne les éoliennes, accusées non seulement de dégrader les paysages mais de servir une forme d’impérialisme chinois. Comme elle il en reste au statut quo de la défense du nucléaire, satisfait que l’on puisse enterrer plus profond les déchets. Sur la question sociale, pas de surprise non plus, ses solutions sont celles que prônaient déjà le Front National de Jean-Marie Le Pen : moins d’impôts, moins de taxes, moins de fonctionnaires. Au-delà des slogans, on a pu observer que sorti de ses obsessions racistes, Eric Zemmour ne fait que recycler laborieusement les préconisations libérales, sans aucune originalité. Avec Marine Le Pen, ils sont les candidats du système et jouent sur la peur. Même chose sur les institutions, tous deux vénèrent une Cinquième République qui donne les pleins pouvoirs à un exécutif personnalisé au mépris de l’investissement populaire.

Le programme présenté par Jean-Luc Mélenchon a au contraire la cohérence d’une approche globale centrée sur l’analyse des besoins de l’écosystème naturel et humain. Approches sociales et écologiques vont de pair : répondre aux besoins essentiels des humains et de la terre par une gestion rationnelle des ressources. Cela demande une autre volonté que les coups de mentons autoritaires appelant à expulser les étrangers ; la solution réside dans la volonté générale du peuple, la souveraineté du peuple constituant une nouvelle ère. La République, c’est lui, la haine c’est eux.

Benoît Schneckenburger


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