Débat Mélenchon / Zemmour : les journalistes concluent à une victoire de Mélenchon

lundi 27 septembre 2021.
 

A) Réactions de journalistes

1) Françoise Degois, journaliste chez LCI

« Qu’on l’aime ou pas , évidemment que #Melenchon domine ce débat , marque des points à gauche et renvoie #Zemmour à sa limite de journaliste polémiste. Dans le détail, hormis son obsession « immigration » ,il est brouillon sur tout sujet. Le gap crève les yeux » a par exemple déclaré Françoise Degois, journaliste chez LCI.

2) Pierre Lepelletier , journaliste au Figaro)

Ce débat aura permis à Jean-Luc Mélenchon de développer ses propositions (notamment écologiques) et de prouver qu’il savait toujours tenir tête, tout en restant calme. Précieux pour la bataille du leadership à gauche... #DebatBFMTV

3) Raphael Graby (01net TV)

D’un côté comme de l’autre, c’est quand même un débat qui a fait la part belle au fond avec des échanges assez passionnants.

Il y a cinq ans, certains disaient que Mélenchon risquait d’être trop vieux pour 2022… Ce n’est clairement pas le cas.

B) Récit du débat par le journal Le Monde

Pendant plus de deux heures, le candidat de La France insoumise et le polémiste d’extrême droite se sont opposés sur de nombreux sujets – immigration, islam, sécurité, pouvoir d’achat, lutte contre le réchauffement climatique… – et ont confronté leurs visions antagonistes de la société.

Si M. Mélenchon a souhaité que ce débat ne « tourne pas en une guerre de coqs », il s’en est tout de même pris dès les premières minutes à M. Zemmour. « Vous êtes un danger pour notre pays. Vous avez une vision rabougrie de la France, a-t-il lancé. Vous êtes un raciste, condamné pour ça. » Critiqué à gauche pour avoir accepté de débattre avec M. Zemmour, le député des Bouches-du-Rhône a également tenté de se justifier : « J’ai souhaité ce débat parce qu’on est à sept mois d’une élection présidentielle, je suis candidat et les occasions de convaincre doivent être toutes saisies. »

Les deux débatteurs ont ensuite évoqué leur vision de l’immigration sur le thème « La France est-elle en danger ? ». L’auteur du Suicide français (Albin Michel, 2014), qui a régulièrement exprimé sa crainte « d’une guerre civile en France », estime que « nous avons donné les droits de la politique d’immigration aux immigrés. Ce sont eux qui choisissent qui vient, qui ne vient pas : le fils, la mère, la femme, le cousin… » « Oui, ce sont des êtres humains qui ont des familles », a répliqué dans la foulée M. Mélenchon.

L’ancien chroniqueur de CNews a ensuite attaqué l’islam, qui serait, selon lui, « aux antipodes de la France » : « L’islam est une religion politique par essence. Elle ne s’occupe pas de l’intériorité des fidèles mais des normes sociales et politiques. L’islam est une religion qui concurrence le code civil, (…) qui n’est pas compatible avec la France. » De son côté, M. Mélenchon a vanté « la créolisation de la France ». Pour lui, « nous sommes le pays qui pratique depuis le plus longtemps une forme de créolisation assumée, c’est-à-dire la création d’une culture commune de gens qui se trouvent au même endroit ». Sécurité et fracture sociale

Interrogé sur la sécurité, le candidat de La France insoumise à la présidentielle a égrainé son programme. Il a notamment proposé de « dissoudre les brigades anticriminalité et les BRAV [Brigades de répression de l’action violente motorisées] ». « On a réussi à couper la police de la population. Je veux une police respectueuse des gens », a-t-il poursuivi. « Pour moi, la délinquance que nous vivons n’est pas une délinquance, c’est un djihad, a pour sa part lancé M. Zemmour. C’est une guerre de civilisation qui nous est menée, une guerre de pillages, une guerre de viols, une guerre de meurtres. »

MM. Mélenchon et Zemmour ont ensuite abordé le thème de la fracture sociale. Le candidat de La France insoumise a notamment rappelé qu’il était « partisan du blocage d’un certain nombre de prix de premières nécessités : l’alimentation, l’énergie et l’eau » pour augmenter le pouvoir d’achat des plus démunis. Il souhaite également une augmentation du smic à 1 400 euros net. Le polémiste d’extrême droite s’en est pris, lui, à l’Etat-providence français, qu’il a qualifié d’« obèse » : « Le modèle social a renoncé à ces deux principes : lier les contributions au travail et nous sommes passés d’un système de répartition à un système d’assistanat. » Il souhaite notamment « réduire les impôts et les charges sociales », sans toutefois plus de précisions.

Autre sujet de discorde : l’environnement. Quel mix énergétique pour lutter contre le réchauffement climatique ? Pour Eric Zemmour, la solution reste le nucléaire, qui permet à la France « d’être le pays qui émet le moins de CO2 ». « Abandonner le nucléaire, c’est abandonner la souveraineté de la France, c’est abandonner 200 000 emplois directs », a-t-il expliqué, souhaitant « réinventer une écologie de droite, enracinée, près de la nature ».

M. Mélenchon propose, lui, d’« abandonner » le nucléaire dans les prochaines années à cause, notamment, du risque d’accident et de la question des déchets. Le député souhaite ainsi « déployer l’hydroélectrique, redéployer les hydroliennes, l’énergie géothermique et améliorer la sobriété dans la consommation énergétique. Ça va mettre au travail des dizaines de milliers de gens ».

Enfin, dans les derniers instants de la soirée, les deux débatteurs ont été interrogés sur l’état de la démocratie en France, et notamment sur l’abstention massive lors des dernières élections. Cette fois, MM. Mélenchon et Zemmour se sont accordés sur l’analyse : « Quoi que les électeurs votent, le résultat est le même », estiment-ils. « Les politiques depuis trente ans se sont rassemblées comme des sœurs jumelles, estime M. Zemmour. Le point d’orgue de cette ressemblance, c’est Emmanuel Macron, enfant de la droite libérale et de la gauche libérale. »

De son côté, le candidat de La France insoumise a notamment mis en cause les traités européens : « Ceux qui gouvernent n’ont plus aucune marge. Je prends l’engagement absolu que le programme sera appliqué d’un bout à l’autre si je suis élu. » Avant de rappeler son souhait de mettre en place une assemblée constituante pour « abattre la monarchie présidentielle ». Il a aussi plaidé pour le référendum d’initiative citoyenne et l’institution de référendums révocatoires des élus.

A l’issue du débat, Eric Zemmour a de nouveau été interrogé sur son intention, ou non, de se présenter à l’élection présidentielle. Et une nouvelle fois, le polémiste d’extrême droite a laissé planer le doute : « On verra. Vous permettez que je choisisse mon moment. » Or, à moins de 200 jours du premier tour, « vous vous rendez compte qu’il y a des gens qui n’ont même pas de programme ? », s’est amusé M. Mélenchon en clôture de ce débat, dans une dernière pique à son adversaire du soir.


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