Campagne « Unissons-nous pour les enfants contre le sida"

mercredi 5 septembre 2007.
 

Quels sont les objectifs de cette campagne lancée maintenant en octobre 2005 « Unissons-nous pour les enfants contre le sida » ?

Jacques Hintzy. L’objectif fondamental était d’alerter sur le sida qui touche les enfants. Nous voulions « dévoiler la face cachée du sida ». Pour cela, nous nous sommes fixé quatre axes d’effort : la prévention auprès des jeunes, la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, la fourniture d’antirétroviraux aux enfants et la prise en charge des orphelins. Ces objectifs se poursuivent car nous sommes loin de répondre aux besoins. Mais nous prouvons avec d’autres qu’il est possible de faire des progrès dans ce domaine. De nouveaux indices nous font penser que la prévention fonctionne dans certains pays : la prévalence baisse au Kenya, en Côte d’Ivoire, au Malawie, au Zimbabwe... Le Cambodge a diminué son taux de prévalence par deux en cinq ou six ans. Dans 70 pays, le recours au dépistage et aux services de consultation concerne environ 16,5 millions d’individus contre 4 millions en 2001. En quatre ans, nous avons multiplié par 4 le nombre de gens qui vont se faire tester. Et le test, c’est le début de la démarche. Sans test, rien n’est possible. 10 % des femmes enceintes séropositives reçoivent des antirétroviraux dans les pays à bas ou moyen revenus, contre 3 % en 2003. 15 % des enfants ont accès à des traitements.

Où en est-on de l’accès à des traitements pédiatriques ? Les laboratoires pharmaceutiques ont longtemps négligé des médicaments adaptés aux enfants...

Jacques Hintzy. C’est vrai que les formulations pédiatriques n’étaient pas adaptées aux enfants en termes de présentation et de dosage. Leurs coûts étaient également prohibitifs, plus de 200 dollars par an et par enfant. La fondation Clinton a pu négocier des contrats en masse et à long terme avec les laboratoires pharmaceutiques. Aujourd’hui, le prix est tombé à 60 dollars par an par enfant, coût quasi équivalent à un traitement pour adulte. C’est une grande victoire qui nous a permis de développer nos programmes d’accès des antirétroviraux aux enfants. Des génériques sont également accessibles aux enfants en Inde sous forme d’un seul comprimé, de gouttes et de bonbons... Au Lesotho, il y a deux ans, nous n’avions que des sirops à proposer. Les parents devaient faire eux-mêmes le mélange de quatre sirops. Le maniement était bien trop difficile.

Le Lesotho est un des pays que vous soutenez beaucoup. Quels types de programmes avez-vous mis en place là-bas ?

Jacques Hintzy. Le Lesotho est un pays ravagé par le sida puisque le taux de prévalence est de 30 % sur une population de 1,8 million d’habitants. C’est tellement atroce que nous avons lancé un programme d’accès des antirétroviraux pour les enfants. Ce pays a déjà perdu 10 % de sa population à cause du sida. La société est totalement désorganisée. Elle a perdu ses agents de santé, ses infirmiers, ses enseignants... Notre programme a démarré depuis le début de l’année. Des visites hebdomadaires sont organisées dans sept districts. Près de 2 000 enfants ont été testés et un millier bénéficie de soins pédiatriques. On espère couvrir 80 % des besoins de la population d’ici à 2012, contre 10 à 15 % aujourd’hui.

Que souhaitez-vous dire aux gens qui se rendront à la Fête de l’Huma et comment souhaitez-vous les interpeller sur la question du sida des enfants ?

Jacques Hintzy. Le sida est atroce car il désorganise les sociétés. Il touche plus les femmes que les hommes, ce sont donc les foyers qui sont directement décimés par la maladie. En Côte d’Ivoire, on compte cinq jeunes femmes infectées pour un homme. Or un enfant qui naît avec le sida risque de mourir dans les deux ans qui suivent s’il n’est pas traité. En se mobilisant, nous avons toutes les chances de faire reculer cette maladie. Ce sont des vies que l’on sauve.

Entretien réalisé par Maud Dugrand


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