La LCR rêve de métamorphose anticapitaliste

mardi 28 août 2007.
 

Le projet d’un nouveau parti élargi aux jeunes des quartiers a été lancé ce week-end.

Peu de vagues. Les militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), réunis ce week-end à Port-Leucate (Aude) pour leur université d’été, ont accueilli assez sereinement l’idée d’un nouveau parti « anticapitaliste », censé remplacer à terme la LCR. « C’est le moment de sauter le pas », croit Pascal, sympathisant de Bourg-en-Bresse. Reste à définir - « sans concessions », préviennent certains - les bases de la future formation qui pourrait voir le jour d’ici un an.

Leitmotiv.

Adoptée fin juin par la direction nationale, la proposition avait été lancée dans la foulée de la présidentielle. Avec ce leitmotiv, muer pour mieux résister. Seule rescapée du front antilibéral grâce au score honorable de leur candidat à la présidentielle, la LCR assure qu’il existe un espace à gauche pour une force d’opposition « radicale ». « Face à une droite dure et un PS qui vire social libéral, la constitution actuelle de la Ligue n’est plus une réponse adéquate », explique Claude, militante à Perpignan depuis 1968 et « prête à tenter » la métamorphose. Le PS, qualifié de « ra mollo », d’« inexistant », voire de « traître en pleine dérive centriste », en prend pour son grade. Confrontés à « une droite extrêmement réactionnaire », les socialistes « offrent un spectacle lamentable de confusion et d’indécision », assène Alain Krivine, leader historique de la LCR, qui veut « s’adresser à un mouvement social actif mais orphelin de débouchés politiques ».

Car la LCR promet de ne pas jouer solo. Elle espère faire venir dans le giron de sa formation des jeunes des quartiers populaires et des acteurs des récents mouvements sociaux (grèves de 2003, émeutes dans les banlieues, CPE...). Selon un militant de Saint-Denis, le futur parti répond aux attentes « de nouvelles couches de populations révoltées mais très peu politisées ». Objectif affiché par Besancenot : agréger ces « gens prêts à faire un bout de chemin avec nous » sans leur imposer les structures et le passé de la formation trotskiste.

« La question sera : jusqu’à quel point accepte-t-on des divergences par rapport à notre propre ligne ? », concède néanmoins Félix. La LCR pose d’emblée plusieurs conditions, dont l’indépendance à l’égard des institutions et du PS. Mais quelques voix redoutent déjà un périlleux numéro d’équilibriste et pointent deux écueils : diluer leurs revendications dans un plus petit dénominateur commun, ou créer une « LCR bis » tout juste relookée. Pour disperser les doutes, Besancenot prône « un juste milieu entre le tout neuf et le tout vieux ».

Echec.

La question des rapports avec les anciens partenaires de la gauche radicale apparaît aussi délicate à trancher. Echaudés par l’échec des comités antilibéraux à dégager une candidature unitaire, nombre de militants refusent une énième tentative de coalition. « Les choses étant bloquées par le haut, on essaie par la base, répond Besancenot. On ne va pas mettre Buffet, Laguillier et Bové autour d’une table mais parler aux anonymes des quartiers populaires et aux collectifs locaux. » Tout en précisant que les partis intéressés sont « les bienvenus ».

Une stratégie qui ne fait pas l’unanimité : chef de file d’une tendance minoritaire qui veut poursuivre cette politique d’alliances avec les autres formations, Christian Picquet accuse la direction de « renvoyer à une image de fermeture ».

Pour entériner la formation du nouveau parti, les militants devront voter au congrès prévu en décembre.


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