Hauts-de-France : un accord EELV/LFI porteur d’espoirs

dimanche 7 mars 2021.
 

A trois mois des élections régionales, EELV et LFI viennent de se mettre d’accord pour un accord dans les Hauts-de-France dès le premier tour. Quelque chose serait-il en train de se décoincer à gauche ?

On croyait les écologistes entêtés dans une stratégie autonomiste et les insoumis récalcitrants à l’idée d’une soupe aux logos dans le cadre des élections régionales de juin prochain et c’est pourtant bien une stratégie d’union que viennent de valider, contre toute attente et à la surprise générale, EELV et LFI dans les Hauts-de-France. L’eurodéputée écologiste, par ailleurs présidente de la Commission Transports au Parlement européen, Karima Delli, conduira une liste avec les insoumis dans la région présidée par Xavier Bertrand. L’enjeu dans cette région est important puisque la gauche s’était effacée en 2015, comme dans la région Provence-Alpes-Cote-d’Azur, pour ne pas prendre le risque de voir le Front national prendre les commandes de la région – bien qu’au second tour Marine Le Pen ait recueilli près des 46% des voix.

Des alliances en construction

Ainsi hier, un communiqué du député Ugo Bernalicis et d’Evelyne Becker – tous deux chefs de file LFI aux régionales – a confirmé cet accord : « La discussion avec Europe-Ecologie-Les-Verts et Karima Delli, cheffe de file dans la région des Hauts-de-France, offre les conditions d’un accord tel que nous l’appelions de nos vœux ». L’étonnement est d’autant plus grand que, depuis plusieurs semaines, les communistes semblaient assurés de bénéficier du soutien des insoumis et du Parti socialiste pour la candidature de Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord, à l’élection régionale. « Comme les communistes s’allient chaque jour toujours plus avec les socialistes dans la plupart des régions et que Roussel refuse de sceller un accord national avec nous – alors qu’il était demandeur dans le Nord –, ça devenait très compliqué. Nous avons pris nos responsabilités face aux tergiversations du PCF », lâche un cadre LFI.

Pour autant, les insoumis ne ferment pas la porte : « Nous appelons nos camarades du Parti Communiste Français et leur chef de file régional, Fabien Roussel, à rouvrir la discussion afin de construire ensemble ce rassemblement qui pourrait l’emporter face à Xavier Bertrand », écrivent en chœur Becker et Bernalicis. Côté place du Colonel Fabien, on grince des dents : « Roussel est furax. Il va attendre quelques jours pour réagir mais tout est possible. Il envisage tous les scénarii à ce stade. Et quand je dis que tout est possible, c’est que même le pire est possible ». Le pire sans doute serait un accord en tête-à-tête avec le Parti socialiste qui pourrait ne pas être assuré de passer le second tour. Et si le chef de file des socialistes, Patrick Kanner, était prêt à s’aligner derrière Roussel, désormais sans les autres partenaires de la gauche rassemblés derrière lui, rien n’est moins sûr. « La dynamique va être du côté de Karima Delli », assure un proche du sénateur socialiste. De là à lâcher les communistes, il n’y a qu’un pas. Comme Roussel, Kanner devrait prendre son temps avant de réagir officiellement.

La présidentielle 2022 en ligne de mire

Mais si Place Publique, le mouvement initié notamment par Raphaël Glucksmann, aura visiblement sa place sur les listes de Karima Delli, un accord peut-il avoir lieu avec le Parti socialiste ? « Il n’y a pas de place pour les tambouilles. On ne négocie pas une région contre une autre comme voudraient le faire les socialistes », lance Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV. Pour autant, l’écologiste veut croire qu’un « rassemblement le plus large possible à gauche est possible parce que ça fait sens dans une région où le danger de l’extrême droite est très présent ». Et d’ajouter : « L’écologie doit être au cœur du projet. Si les communistes et les socialistes sont d’accord avec ça alors ils ont leur place à nos côtés ». Pour le député insoumis, Ugo Bernalicis, interrogé par France Bleu Nord sur l’éventualité d’un accord avec les socialistes : « Je ne suis pas demandeur d’un accord avec le Parti socialiste mais je n’y suis pas hostile non plus », a-t-il répondu.

L’enthousiasme n’est pas au rendez-vous mais LFI est prête à fermer les yeux. Si les communistes et les socialistes rejoignaient ce rassemblement, une dynamique à gauche pourrait alors créer la surprise en juin prochain, quand, en 2015, la dispersion des voix l’avait pulvérisée avec un PS à 18% (liste de Pierre de Saintignon), un PCF (liste de Fabien Roussel) à 5% faisant jeu égal avec les écologistes (liste de Sandrine Rousseau). Un rassemblement inédit dans un contexte de dispersion de la gauche et des écologistes qui exaspère leurs électeurs et leurs sympathisants et qui pourrait inspirer d’autres régions où les accords ne sont pas encore totalement scellés. « Comme dans les régions Provence-Alpes-Côte-D’Azur, Pays de la Loire ou Grand-Est », veut croire Sandra Regol. Une chose est sure, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle, les résultats du scrutin dans les Hauts-de-France seront scrutés à la loupe.


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