Avec la crise du Covid-19, les syndicats signent un retour en force

lundi 8 juin 2020.
 

Inquiets pour leur sécurité et leur santé au travail, les Britanniques se tournent en nombre vers les organisations syndicales, qui se retrouvent désormais dans une position d’influence jamais vue depuis des décennies, estime le magazine The Economist.

“Habituellement, les problématiques de sécurité et de santé au travail intéressent peu.” Désormais, constate The Economist, tout le monde s’en préoccupe. Et pour cause : avec l’épidémie de Covid-19, de nouveaux risques professionnels ont émergé, poursuit le magazine économique. En témoigne la tragique histoire de Belly Mujinga, une employée de guichet à la gare de Victoria, à Londres, décédée le 5 avril, deux semaines après avoir été agressée par un client porteur du virus.

Ce type d’incident explique en partie le regain de d’influence des organisations de défense des intérêts des travailleurs, outre-Manche. “L’autre facteur, c’est l’unité souhaitée par le gouvernement britannique dans la guerre contre le Covid-19.” Les syndicats ont ainsi été invités à participer à l’élaboration du Job Retention Scheme (Programme de sauvegarde de l’emploi), qui garantit la prise en charge par l’État de 80 % du salaire des employés touchés par le ralentissement de l’activité.

Des victoires sur le terrain

“Le mouvement n’avait jamais été aussi proche du pouvoir depuis les années 1970”, assure The Economist. Mais est-il capable de conserver cette puissance retrouvée ? Les premiers signes paraissent encourageants, note l’hebdomadaire. Sur le terrain, d’abord, les victoires s’enchaînent :

“En convainquant Tim Martin, le patron de la chaîne de pubs Wetherspoon, de revenir sur sa décision de ne pas payer ses salariés pendant la crise, le syndicat de la restauration a remporté un succès qui n’est pas passé inaperçu. À cela s’ajoutent d’autres réussites, plus modestes ou moins spectaculaires. Une autre organisation, le TUC, a obtenu que les intérimaires à long terme perçoivent les mêmes émoluments que leurs collègues directement employés par les entreprises. Une troisième, Unite, a décroché le droit pour les travailleurs temporaires de l’hôtel Marriott de bénéficier du chômage technique.” Ensuite, ajoute The Economist, les organisations peuvent compter sur le soutien grandissant des Britanniques pour leurs thèmes de prédilection, comme la hausse du salaire minimum et l’abolition des “contrats zéro heure”, qui ne garantissent aucun temps de travail minimum au salarié. Ces dernières semaines, cette sympathie s’est traduite par une hausse des adhésions. Unison, l’un des principaux syndicats britanniques, a par exemple enregistré 40 000 nouvelles adhésions depuis le début du mois de mars, rapporte l’hebdomadaire

“Ne pas finir comme les chiots après Noël”

Galvanisées par ces bons résultats, les organisations comptent profiter de leur nouvelle visibilité pour marquer les esprits et avancer leurs pions. “On ne veut pas finir comme les petits chiots abandonnés quelques jours après Noël”, métaphorise Frances O’Grady, secrétaire générale du syndicat TUC, dans les colonnes de The Economist.

Les quatre plus gros syndicats du pays ont ainsi appelé leurs adhérents à ne pas retourner au travail tant que la sécurité des travailleurs n’est pas pleinement assurée. Et ce, en dépit des consignes du gouvernement, qui appelait à un retour au travail le 13 mai dernier. Dans le même temps, le mouvement garde un œil sur l’après-pandémie en appelant à la création d’un Conseil national pour la reconstruction et la relance. “Histoire de faire entendre leur voix encore un peu plus fort.”

The Economist

Courrier International

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