Violences sexuelles : la justice et la société

mercredi 27 novembre 2019.
 

Lettre hebdomadaire de Mediapart

Cette semaine, avant la marche féministe #Noustoutes, Mediapart a continué de documenter le sujet des violences sexuelles, alors que retentit dans les médias la petite musique d’une mobilisation qui se ferait contre la justice, d’un « tribunal médiatique » qui tournerait au « lynchage » contre les hommes.

Pourtant, ainsi que l’a expliqué sur notre plateau l’actrice Adèle Haenel, il ne s’agit pas de rejeter le pouvoir judiciaire mais de le convaincre de la nécessité de faire sereinement son autocritique. Car celui-ci, au même titre que le contre-pouvoir médiatique, n’est pas exempt de reproches et doit faire face à une douloureuse perte de confiance, et pas que sur le plan des violences sexuelles (lire notre enquête, où sont interrogées toutes les composantes de l’appareil judiciaire.) Nous avons également enquêté sur les réticences des juges à user d’ordonnances de protection en matière de violences conjugales, notamment en raison d’un principe de précaution jugé attentatoire aux libertés.

Alors que le Grenelle des violences conjugales doit rendre lundi ses conclusions et faire ses premières annonces, il faut espérer que la secrétaire d’État Marlène Schiappa s’éloignera de son obsession de la com’ et de l’obsession gouvernementale de s’ébrouer dans l’agenda de l’extrême droite), pour prendre au sérieux un sujet désormais incontournable.

Déjà un rapport de l’Inspection générale de la justice a analysé que dans la moitié des meurtres conjugaux commis en 2015 et 2016 et définitivement jugés, un signalement avait déjà été fait à la police ou à la gendarmerie. Il faut également lire le témoignage de Marie, une victime d’attouchements lorsqu’elle était mineure, qui a attendu d’intégrer la police pour dénoncer son agresseur.

Un autre témoignage permet de mettre en perspective les discours atrabilaires sur une fantasmée justice médiatique. Celui de Noémie Kocher, actrice et scénariste qui a poursuivi et fait condamner le réalisateur Jean-Claude Brisseau pour harcèlement sexuel, en 2005. C’était avant #MeToo et avant Adèle Haenel. À l’époque, la presse et une grande partie du monde du cinéma s’étaient déchaînées contre elle.


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