30 ans de la CIDE : Des droits de l’enfant bien mal respectés

samedi 23 novembre 2019.
 

Le 20 novembre 2019 seront célébrés les 30 ans de la convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Adoptée en 1989 à l’unanimité des États membres de l’ONU, c’est le premier traité international juridiquement contraignant concernant les droits des enfants. Seuls les États-Unis ne l’ont pas ratifiée à ce jour. La CIDE est donc le texte le plus ratifié au monde.

1989, c’est aussi la date de la chute du mur de Berlin et l’idée que le monde capitaliste, dorénavant l’unique possible, permettra à tous de sortir de la pauvreté et d’accompagner le déploiement de la paix partout dans le monde.

Trente ans après on constate que ce texte a marqué un tournant dans la considération des enfants en tant que personnes à part entière. Mais en même temps le système économique capitaliste aggravant les inégalités, les guerres, les catastrophes écologiques et les migrations forcées, ont eu et continuent d’avoir des conséquences dramatiques sur la situation des enfants dans le monde.

Les garanties fondamentales inscrites dans la CIDE.

La Convention internationale des droits de l’enfant est un texte qui proclame 40 droits pour les enfants. Son message essentiel est le suivant : un enfant, c’est-à-dire tout être humain âgé de moins de 18 ans, n’est pas seulement un être fragile qu’il faut protéger mais c’est une personne à part entière qui a le droit d’être éduquée, soignée, protégée, quel que soit l’endroit dans le monde où il est né. Il est également inscrit dans la CIDE que les enfants ont droit de s’amuser, d’apprendre, de s’exprimer.

Les droits de l’enfant sont constitués de garanties fondamentales et de droits humains essentiels : le droit à la vie, le principe de non-discrimination, le droit à la dignité à travers la protection de l’intégrité physique et mentale (la protection contre l’esclavage, la torture et les mauvais traitement…), le droit à une identité, à une nationalité, le droit à l’éducation, le droit à un niveau de vie décent, le droit de jouir du meilleur état de santé susceptible d’être atteint, le droit de vivre avec ses parents, le droit de bénéficier d’une protection en cas de maltraitance. Enfin, des droits sont spécifiquement reconnus aux enfants réfugiés, handicapés et issus de minorités ou de groupes autochtones. Une situation des enfants dans le monde loin de respecter ces engagements.

Malgré ces engagements, la situation actuelle des enfants dans le monde, et notamment des filles, reste catastrophique. Pour ne citer que quelques chiffres : dans le monde, 152 millions d’enfants travaillent ; chaque année 12 millions de filles se marient avant l’âge de 18 ans ; on estime à plus de 200 millions le nombre de jeunes qui ont été victimes de mutilations génitales ; près de 4 millions d’enfants réfugiés ne sont pas scolarisés ; on estime à 300 000 le nombre d’enfants soldats ; un enfant sur 5 de moins de 5 ans dans les pays en voie de développement vit dans des foyers extrêmement pauvres.

À ces situations et ces risques directs pour la vie des enfants, il faut ajouter les risques indirects de malnutrition, de maladie, de décrochage scolaire et de travail dans des conditions dangereuses ou qui relèvent de l’exploitation. Deux causes principales à cette situation qui par bien des aspects est pire qu’en 1989 pour les enfants : les guerres et les crises écologiques. Deux fois plus d’enfants en 2017 qu’en 1989, vivent dans des pays en guerre.

Si les enfants de plusieurs pays, notamment les pays d’Amérique latine suite aux révolutions bolivariennes des années 2000, ont pu sortir de l’extrême pauvreté, celle-ci concerne aujourd’hui majoritairement les enfants vivant dans des pays en guerre. C’est 1 enfant sur 5 en 2017 à l’échelle mondiale. Au Moyen-Orient, les enfants sont les plus exposés : 2 enfants sur 5 vivent dans un rayon de 50 km autour d’un lieu de conflit. Au-delà de l’extrême pauvreté, les conflits ont aussi pour conséquences les migrations forcées, la traite des enfants et notamment des filles. Entre 2004 et 2016 le nombre d’enfants victimes de traite a plus que doublé dans le monde. Conséquence de tout cela, le suicide est aujourd’hui la troisième cause de mortalité chez les jeunes de 15 à 19 ans. L’impact du changement climatique sur la situation des enfants.

Le changement climatique aggrave les crises, entraînant déplacements et conflits. Plus fragiles que les adultes, les enfants sont les premières victimes des conséquences des crises écologiques : la sécheresse et le manque d’eau, les catastrophes naturelles, les maladies tuent en premier lieu les enfants, qui représentent 80% des décès causés par les changements liés au climat. Plus d’un demi-milliard d’enfants vivent dans des zones qui ont un risque d’inondations extrêmement élevé ; 115 millions sont menacés à un niveau élevé ou extrêmement élevé par les cyclones tropicaux ; près de 160 millions sont exposés à des degrés élevés ou extrêmement élevés de sévérité de sécheresse.

Et quand ils survivent aux migrations forcées du fait du changement climatique ou des guerres, les enfants peuvent se retrouver dans des centres de rétention, avec leurs parents ou séparés d’eux, dans les pays d’Europe ou aux États-Unis. Au-delà des textes, agir.

Face à cette situation dramatique des enfants dans le monde, la responsabilité des pays européens et de la France notamment sont immenses. Mettre fin aux accords inégaux signés avec les pays en développement qui engendrent désastre économique et migrations des familles. Participer à la stabilisation du monde, et ne pas s’engager derrière les États-Unis dans les guerres au Moyen-Orient. Arrêter les ventes d’armes dans les pays en guerre. Prendre des mesures concrètes pour réorienter nos modes de production et de consommation afin de limiter le réchauffement climatique responsable des sécheresses, des catastrophes naturelles et de la montée des eaux de la mer. Et pour les enfants en France.

En France, certes la situation n’est pas aussi catastrophique que dans d’autres pays du monde. Néanmoins, un million d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, 19.000 sont maltraités et 240.000 enfants sont placés ou pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. 150 000 filles et garçons quittent chaque année le système scolaire sans aucune perspective.

Les politiques actuelles de Macron encouragent cet état de fait : baisser les allocations chômage, ne rien entreprendre contre la flambée des prix de l’immobilier, casser le code du travail et installer la précarité pour de nombreux travailleurs ; mépriser les enseignants et baisser les moyens pour la justice et les collectivités territoriales en charge de l’accueil des enfants nécessitant une protection.

La situation des enfants doit être une priorité : et pour cela, une meilleure répartition des richesses, des ressources pour une vie digne et des moyens suffisants dans les services publics de l’enfance et de l’Éducation nationale sont nécessaires, bien plus qu’une politique migratoire maltraitante.

Claire Mazin


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