Belloubet ment souvent et parfois tout le temps

samedi 28 septembre 2019.
 

Une bonne tournée de camomille s’impose au plus haut niveau du ministère de la Justice. Belloubet perd pied. D’abord elle me traite de paranoïaque. C’est plutôt nul car il s’agit d’une maladie et c’est toujours bête de flétrir quelqu’un en stigmatisant les malades. Le malade ne choisit pas sa maladie. Elle s’impose à lui. Dans une bataille politique, nous choisissons nos angles et nos arguments. Même Belloubet, si souvent indifférente aux autres, devrait être capable de respecter cela. Puis, après les injures, elle éructe les éléments de langage habituels : Mélenchon= invectives et blablabla. À présent, elle tente le coup de la mobilisation corporatiste de la justice pour couvrir ses turpitudes. Le tout avec le grotesque de la pause drapée dans du Jaurès. Je ne veux pas que mes lecteurs ratent ce beau moment de parole en carton-pâte. Ça donne ça : « Les propos de Jean-Luc Mélenchon sont absurdes. Ils sont même indignes en ce qu’ils attaquent les magistrats et en ce qu’ils mettent en cause leur probité et leur indépendance. Jean-Luc Mélenchon est dans l’invective, le fantasme, le complot… (…) ce n’est pas ce que je veux pour notre démocratie. Jaurès dit qu’il faut avoir le courage de chercher la vérité et de la dire. (…) Jean-luc Mélenchon fait l’inverse. »

C’est beau comme de l’antique « en ce que » cela qu’elle se drape avec suffisance. Le « fantasme » est ici une évocation sidérante « en ce que » cela mobilise Freud sans qu’on comprenne pourquoi. Et, métacomplotiste, « en ce que » voici qu’elle évoque la théorie du complot pour nous l’imputer. Mais qui a jamais parlé de tout ça ? Je n’évoque ni fantasme (?) ni complot et je ne l’invective d’aucune manière. Elle aimerait bien. Les parvenus qui ont gagné leurs galons en quittant le PS par surprise sont comme ça. Ils ont besoin de prouver sans arrêt à leur nouveau maitre leur absolue servilité. Un peu lourd même pour lui. Tout dans la posture. Tout ça pour faire pour oublier comment ils ont quitté un navire que leur pratique avait déjà avili à l’époque. Nicole Belloubet, première vice-présidente PS de la Région Midi Pyrénées, ce n’est pas un souvenir exaltant pour la gauche du coin ! Et d’ailleurs, à quoi sert la référence « ex-PS » dans la macronie maintenant que tout a été siphonné ? Ce serait plutôt un repoussoir. En attendant, Nicole Belloubet est trop rustique dans son maniement des bons vieux procédés d’évitement. Elle m’oblige a lui remettre mes questions sur les bras.

Je ne lui demande pas d’intervenir dans les procédures judiciaires. Je ne lui parle pas de l’indépendance des juges. Je n’ai pas évoqué leur probité non plus (c’est elle qui le fait d’une façon tout à fait inattendue). Revoilà donc la question, noir sur blanc. « Comment se fait-il qu’aucune enquête ne soit jamais lancée à la suite de nos plaintes quand nous demandons des comptes sur les fuites dans la presse des procès-verbaux d’audition et même de pièces sous scellés ? » Ces plaintes ne visent pas les journalistes ni le secret de leur source. Elles visent ceux qui remettent illégalement les documents de la justice. Ces fuites viennent des bureaux de la justice qui les détiennent. Cette diffusion est illégale et devrait valoir à ses auteurs des poursuites pénales et des mises à pied. Belloubet le sait. Elle regarde volontairement ailleurs. Elle le sait d’autant mieux qu’une mission d’étude parlementaire planche sur le sujet. Ses conclusions ne seront pas flatteuses, j’en prend le pari.

Je lui ai posé cette question par écrit. Elle me répond le 30 juillet. Curieusement la lettre ne m’arrive que le 12 septembre. Elle prétend que mes accusations sont des « allégations ». Ce mot veut dire « des faits dont l’existence reste à prouver ». Dès lors pour elle « rien ne justifie la saisine de l’inspection générale de la justice ». Donc si ces fuites étaient prouvées, elle s’intéresserait au délit que cela constitue ? Alors quoi ? Personne ne fait le service après-vente au cabinet de madame Belloubet ? Personne ne lui a montré un journal ? Depuis combien d’années ?

Des fuites il y en a partout. Au point que l’avocat qu’elle a choisi pour défendre, au frais de l’État, les malheureuses victimes de nos décibels, maitre Dupont-Moretti, le roi de la camomille, a pu écrire : « Ces gens-là ont tué le secret de l’instruction ». Face au journaliste qui l’interrogeait, Madame Belloubet ne savait pas non plus que la France faisait l’objet d’une mise en cause Européenne pour le fonctionnement de sa justice. Belloubet ne savait que répondre. Il y était pourtant question de « ses » procureurs (Oh ! Ce possessif utilisé si malencontreusement ce jour-là !) Et pourtant cette mise en cause, c’était avant que le procureur de Nice ne passe aux aveux. Le pauvre diable avait nié que Geneviève Legay ait été frappée par un policier, juste pour aider Macron en mentant. Elle oublie tant de chose, madame Belloubet !

« Les magistrats qui ont ordonné la perquisition sont libres des choix qu’ils font » ajoute-t-elle. Autrement dit : elle n’a rien à voir avec ça. Depuis un an, c’est sa ligne de défense : elle n’était pas au courant, puisque le Parquet prendrait librement ses décisions sans en référer à son ministre de ses décisions. C’est un mensonge. Il est impossible que la Garde des sceaux n’ait pas été mise au courant de la préparation de 17 perquisitions simultanées, la mobilisation de 100 policiers, d’une dizaine de parquetiers contre une des principales forces d’opposition, le président d’un groupe parlementaire et deux sièges politiques. Le ministre de la Justice est toujours informé par des remontées d’information des parquets dans ce genre d’affaire. C’est tellement vrai que le dernier ministre de la justice de François Hollande, Jean-Jacques Urvoas, est aujourd’hui poursuivi en justice pour avoir transmis ces informations sensibles au principal intéressé. Il s’agissait de fiches sur une enquête pour fraude fiscale instruite à l’encontre de Thierry Solère dont Urvoas avait donc bien été en possession.

Belloubet croit qu’on a une aussi mauvaise mémoire qu’elle. À moins qu’elle ait carrément oublié ses propre propos. Car Nicole Belloubet a elle-même avoué tranquillement disposer de « remontées d’informations régulières ». C’était avant les perquisitions contre la France insoumise. Juste le 14 décembre 2017, elle déclarait sur Public Sénat : « il m’arrive de solliciter des informations du parquet » et précisait même dans quels cas : « elles portent sur des affaires qui s’attachent à l’ordre public, elles concernent des affaires qui touchent des questions internationales sensibles, des affaires qui traitent de personnalités particulières ». Des affaires qui traitent de « personnalités particulières » ? Comme le Président d’un groupe parlementaire d’opposition par exemple ?

En fait, à l’époque elle disait la vérité. Car ce suivi est prévu par les règles légales. Une circulaire du 31 janvier 2014 précise les cas dans lesquels les parquets généraux (il s’agit pour nous de la procureure générale de Paris, Catherine Champrenault, que Belloubet a bien connu lorsqu’elles étaient toutes les deux au PS) doivent faire remonter des informations sur des enquêtes. On lit : « les procédures devant être signalées répondront aux critères suivants qui pourront être cumulatifs : gravité des faits (préjudice humain, financier, atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou au pacte républicain) de nature à nécessiter une action coordonnée des pouvoirs publics ou à leur donner un retentissement médiatique au niveau national, insertion dans un champ de politique pénale prioritaire, qualité des mis en cause ou des victimes, et dimension internationale de la procédure ». Dans notre cas, les perquisitions ont bien nécessité une « action coordonnée des pouvoirs publics » entre services de police, de gendarmerie et parquets de plusieurs régions. Il était facile de prévoir qu’elles auraient « un retentissement médiatique au niveau national ».

Nicole Belloubet était donc au courant, contrairement à ce qu’elle dit. Elle a suivi toutes les étapes de notre persécution judiciaire, y compris des perquisitions. Et cela parce que c’était une obligation de ses services que de la tenir au courant. S’ils ne l’ont pas fait, c’est une faute de la procureure Champrenault, bonne amie de Belloubet au temps du PS. C’est possible compte tenu du degré d’amateurisme dont elle fait preuve à l’ordinaire et au cas particulier de la rafle organisée contre nous. Mais si Champrenault a fait son travail conformément à ses obligations, (ce qui peut s’être produit en effet), alors Belloubet savait tout. Et si elle était au courant à l’avance c’est donc qu’elle a approuvé l’opération, à moins qu’elle l’ait suggérée.

Comment a-t-on pu lui cacher, et pour quel motif, que trois réunions de préparation de cette opération ont eu lieu, et cela alors même que la procureure Champrenault n’avait pas encore l’autorisation pourtant obligatoire de procéder à cette opération d’envergure ? La ministre de la Justice de Macron a donc bien autorisé une opération exceptionnelle de perquisitions. Une opération politique contre un groupe parlemenatire d’opposants. Et cela sur la seule base de dénonciations sans preuves de la part d’une députée d’extrême-droite et d’un rapporteur perturbé de la commission des comptes de campagne. Depuis, donc : elle ment en disant qu’elle n’y est pour rien. À moins qu’elle n’ait tout oublié. Qu’elle oublie jusqu’à l’existence de trois biens immobiliers, Pourquoi pas. Mais cent policiers et quinze perquisitions, c’est trop !

Nicole Belloubet ne sait pas ce que c’est d’être ministre dans un État républicain. À part faire voter des lois liberticides ou ridicules comme elle l’a fait, la tâche est plus étendue. Un ministre est à la tête de son administration. En République, cela signifie qu’elle est censée être responsable et de s’assurer de son bon fonctionnement. Que son administration soit devenue cette machine à produire des fuite de presse montre quelle pétaudière hors de contrôle est devenue la maison dont elle a la charge. Mais en macronie, les chefs ne prennent aucune responsabilité. Ainsi, quand des magistrats commettent de façon répétée des délits en permettant sans cesse que soit violé le secret de l’instruction, elle ne fait rien. Et ne rien faire c’est souvent en réalité laisser faire. Mais en acceptant que la loi soit ainsi bafouée sur son propre palier, elle pousse à la politisation de « ses » effectifs. Ils n’ont pas d’autres choix. Alors chaque réseau avance ses pions, pousse ses candidats et ainsi de suite.

En fin de compte, des gens comme Nicole Belloubet, menteuse en série, laissant l’autorité de l’État se diluer dans les complots et manœuvres de palais, coûtent cher. Elle abime l’image de la justice et dégrade le fonctionnement de l’État. Il est probable que ce comportement vienne d’atteindre d’autres limites. Celle ou l’action du président qui l’a nommée est directement percutée par la veulerie et l’inefficacité du ministre. Car le plan contre nous, insoumis, avec ses rebondissements en forme de diversion, place tout le monde dans une situation sans issue. Nous, contraints au frontal avant une condamnation annoncée d’avance ; le système judiciaire couvert de ridicule par le fonctionnement d’un Parquet en délire ; le pouvoir politique contraint à des conflits et des surenchères absurdes. Ça c’est le bilan actuel de Belloubet. À mon avis, Macron s’en est rendu compte.


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