PCF : 2 congrés pour quel parti ? (par Alain Krivine)

dimanche 8 juillet 2007.
 

« Le rapport que je vous présente aujourd’hui est personnel. » C’est avec cette précision exceptionnelle dans les annales du PCF que Marie-George Buffet a ouvert les travaux de la direction nationale. En reconnaissant la chute électorale permanente du PCF, la secrétaire nationale propose l’ouverture d’un grand débat « sans tabou », qui devra respecter trois exigences : la sincérité, la souveraineté des communistes et le respect des décisions démocratiques prises à l’issue d’un congrès extraordinaire devant se tenir les 8 et 9 décembre, et du 34e Congrès fixé fin 2008.

Après avoir affirmé « que l’extrême gauche avait perdu 1 million de voix en cinq ans et était incapable d’obtenir une représentation institutionnelle et de contribuer efficacement à changer la vie », l’oratrice s’efforce de répondre au déclin du PCF, en posant toute une série de questions sans donner la moindre réponse : cela va de la surestimation éventuelle de la dynamique du « non » de gauche au référendum, à des interrogations sur les effets sociaux de la mondialisation, le développement de l’individualisme et du communautarisme, en passant par le projet communiste et la notion de parti, etc.

Bref, un questionnement total, à la mesure du désarroi des militants et de la direction. Le congrès de décembre sera organisé « débarrassé de la gangue statutaire qui encombre la liturgie des congrès ordinaires », dixit l’Huma du 25 juin. Dès lors, il n’y aura « pas de base commune, pas de fenêtres alternatives et pas de textes alternatifs sur lesquels il faudrait se compter »... Il y aura un questionnaire et des rencontres militantes. Mais, déjà, les bouches s’ouvrent : les refondateurs, avec Pierre Zarka, trouvent la date trop rapprochée pour avoir un vrai débat. Robert Hue envisage, quant à lui, la création d’un autre parti, débarrassé du mot « communiste », trouvant un soutien provisoire et inattendu dans cette démarche de la part de Maxime Gremetz... qui souhaite un parti « pour construire une société nouvelle qui placerait au cœur l’être humain et pas le profit roi », et qui annonce qu’il ne rejoindra le groupe communiste à l’Assemblée que si ses camarades exclus dans la Somme sont réintégrés. De son côté, Élisabeth Gauthier a les yeux rivés sur la création en Allemagne de Die Linke, qui rassemble une fraction de la gauche sociale-démocrate, une partie de l’extrême gauche et l’ex-Parti communiste de l’Allemagne de l’Est.

En fait, dans cette situation de crise, tout le monde veut refonder un parti. Mais sur quelle base ? Communiste ou non ? De l’extrême gauche au PS ? Tous ont une perspective commune : devenir majoritaires dans les institutions. Nul doute que ce sera là un des débats de fond que nous aurons avec les militants de ce parti, à qui nous proposons, dès maintenant, à eux comme à toutes les forces de gauche politiques et syndicales, un front commun de résistance aux agressions sarkozyennes.

Alain Krivine


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