Le 6 mai, votons contre Sarkozy (LCR)

samedi 5 mai 2007.
 

Pas un jour sans une provocation du candidat de l’UMP. La génétique pour justifier les inégalités, la remise en cause du droit de grève ou Mai 68 : les cibles sont multiples. Frénétiquement réactionnaire, Sarkozy s’est présenté comme candidat de la rupture. Il est plus sûrement celui de l’affrontement social, le premier candidat de droite depuis des lustres à afficher un tel agenda de remise en cause des droits fondamentaux, sociaux ou démocratiques.

On savait que toute sa stratégie se fondait, depuis cinq ans, sur la récupération par la droite des électeurs du Front national. Il a réussi en partie ce pari, à l’instar d’autres droites européennes, comme Berlusconi en Italie, et il a recyclé les idées lepénistes. Sarkozy se vante d’avoir fait perdre 1 million d’électeurs au FN. Mais ne sera-t-il pas le premier homme de pouvoir à faire entrer le FN dans le jeu politique institutionnel ? Fantasme ? C’est exactement ainsi qu’a procédé Berlusconi en Italie avec l’Alliance nationale, et les deux hommes cachent peu leur proximité ! Ministre de l’Intérieur pendant près de quatre années du dernier quinquennat, il a instrumentalisé ce poste afin de développer une politique sécuritaire et inégalitaire qu’il justifie désormais sur le fond. Si tout est déjà joué à la naissance, comme il l’a exprimé dans une revue philoso-phique et dans un quotidien, à quoi peut-on donc servir l’éducation, la protection sociale, la prévention ? Ces idées prospèrent aux États-Unis, mais elles n’avaient jusqu’alors pas complètement traversé l’Atlantique. Elles ont pour immense avantage, ici comme là-bas, de justifier les gigantesques remi-ses en cause sociales dictées par les mutations du capitalisme. L’État se débarrasse de ses fonctions sociales afin de se recentrer sur ses missions répressives. C’est le libéralisme autoritaire. Sarkozy, c’est le patron des flics et l’homme des patrons : un frère au Medef, des amis à la tête des grands groupes qui contrôlent les médias.

Dans leur soif de profits, ces grands groupes réclament toujours plus de marchés. Ils s’attaquent aux services publics, à la protection sociale, au code du travail et au salaire direct ou indirect, dont le niveau est jugé beaucoup trop élevé. On le sait : Sarkozy au pouvoir, ce sont de nouveaux cadeaux pour les riches, des dizaines de milliers de prisonniers supplémentaires, dont une majorité de mineurs, des dizaines de milliers d’expulsions de sans-papiers, une remise en cause du droit de grève sous prétexte de service minimum, une dislocation définitive du code du travail avec un contrat de travail unique qui inscrira dans le marbre la flexibilité et la précarité. Pas étonnant qu’avec un tel programme, il s’attaque à Mai 68, tant ses propositions constituent un anti-68 et tant est forte sa volonté d’en découdre avec ce qui avait été acquis, non par des élections, mais par des grèves générales en 1936 ou 1968. Alors oui, pas d’hésitation, nous voulons barrer la route à Sarkozy, dimanche 6 mai, dans les urnes et, si malheureusement il était élu, dans la rue, par les résistances et les mobilisations sociales.

Face à une droite dotée d’un projet musclé et d’un programme de combat, il est plus qu’urgent d’affirmer une gauche aussi fidèle aux intérêts du plus grand nombre que Sarkozy l’est auprès de la minorité de privilégiés qui détien-nent le pouvoir économique... et les médias. Or, ni dans son programme, ni dans sa campagne, la candidate du PS n’a offert une alternative au projet de la droite. Alors qu’il fallait construire des repères solides face au discours ultra-libéral, face aux idées nationalistes, xénophobes et sécuritaires, le PS et sa candidate se sont continuellement situés sur le terrain même de la droite et du Medef. En vantant les profits, en refusant d’abolir l’ensemble des mesures fiscales et sociales accumulées depuis cinq ans et qui ont creusé les inégalités, en s’opposant aux revendications de hausse du pouvoir d’achat pour les salariés, les retraités ou les jeunes. En proposant des petits drapeaux, La Marseillaise et l’ordre juste.

Pas étonnant, dès lors, que des électeurs confondent la gauche et la droite, le PS et l’UDF, Royal et Bayrou. Et qu’une fois au deuxième tour, la direction du PS prépare les esprits à une coalition avec l’UDF, c’est-à-dire un nouveau pas vers la droite, comme en Italie, où le gouvernement Prodi utilise les voix de gauche pour mener une politique de droite. Notre programme et notre stratégie ne sont pas ceux de Ségolène Royal. En appelant à voter contre Sarkozy, nous exprimons un vote d’élimination, pas un vote d’adhésion. Nous restons fidèles à nous-mêmes : libres et indépendants ; bien déterminés à construire la force anticapitaliste dont les travailleurs, les jeunes, les classes populaires ont tellement besoin pour décréter l’urgence sociale.

Pierre-François Grond


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message