Refonder le socialisme ? (I) LIBERTÉ, ÉGALITÉ ( Denis COLLIN)

samedi 7 juillet 2007.
 

En dépit d’un sursaut le 17 juin, la séquence électorale 2007 s’achève pour le Parti Socialiste sur une nouvelle défaite. En 2002, la confusion liée au score de Le Pen et à la dispersion des voix au premier tour on empêché de bien mesurer la réalité de la défaite de Lionel Jospin. Mais les résultats nus du premier tour de la présidentielle (25% pour le PS et 37% pour toute la gauche) posent maintenant la question de l’avenir du courant socialiste (et de toute la gauche traditionnelle) dans notre pays. S’il ne s’agissait que de la France, on pourrait toujours mettre ça sur le dos de l’une de nos si fameuses « exceptions françaises ». Mais on le sait bien : la crise du socialisme est profonde.

Refonder le socialisme ?

Les partis qui se disent socialistes :

- c’est l’Italie où le parti des DS se fond dans un parti centriste démocrate chrétien, le PD,

- la Grande-Bretagne où le vieux Labour a été englouti par les néolibéraux blairistes,

- l’Allemagne où la SPD en pleine débandade liquide l’état social, seule d’abord sous Schröder, puis en collaboration avec la CDU/CSU,

- l’Amérique Latine où les partis sociaux-démocrates sont des partis de droite contre qui se sont construites de nouvelles forces socialistes - comme au Brésil avec le PT, au Venezuela, en Bolivie, etc.

Comprendre cette crise dans toutes ses dimensions ce serait une tâche immense, mais il serait utile de commencer à s’y mettre sérieusement.

Sans prétendre répondre à toutes les interrogations et sans chercher à traiter la question dans toute son ampleur, je me limiterai ici à la situation française et je voudrais donner quelques linéaments pour un nouveau programme socialiste.

DÉCLIN HISTORIQUE ?

Avant toute chose, il faut clarifier les raisons de ce déclin socialiste patent. On peut chercher les causes de déclin accéléré du socialisme dans les structures sociales. Mais les raisons habituellement invoquées - disparition de la classe ouvrière, croissance des classes moyennes, etc. - ne résistent guère à l’analyse. Les ouvriers et les employés plus ou moins prolétarisés, c’est-à-dire le prolétariat au sens de Marx, constituent l’immense majorité de la population active. Du reste M. Sarkozy n’a gagné que parce que ces couches qui traditionnellement votaient à gauche ont, cette fois-ci, plutôt voté pour le candidat de l’UMP (voir enquête post-électorale du CEVIPOF).

On invoque des raisons culturelles. L’élévation du niveau moyen d’instruction de ces salariés, combiné à leur nombre, aurait dû donner au socialisme traditionnel des assises bien plus fermes que celles du prolétariat minoritaire, à peine sorti de la paysannerie, du début du XXe siècle. La sociologie et l’économie sont les alibis de la paresse intellectuelle. Il est plus commode d’invoquer quelque déterminisme socio-historique que de procéder à l’examen critique des doctrines et des politiques mises en œuvres pendant des décennies. Bien qu’un certain matérialisme un peu niais sous-estime la force des idées, c’est précisément l’incapacité intellectuelle du socialisme à tirer les leçons de sa propre histoire et à comprendre l’évolution historique qui l’a précipité dans les bras des idéologues libéraux. Entre un marxisme fossilisé et un keynésianisme repeint en rose, le socialisme a progressivement perdu tout sens pour les classes sociales qui se reconnaissaient en lui tout simplement parce qu’il a renoncé l’essentiel, c’est-à-dire au projet émancipateur pour se contenter de proposer des techniques permettant de venir assister les pauvres, de garantir la « paix sociale » et de satisfaire les aspirations d’un appareil et d’une clientèle qui se contentent fort bien de la situation présente.

Les transformations internes aux partis socialistes sont certainement très anciennes. Certains pensent que tout était joué en 1914, avec le vote des crédits de guerre par les partis socialistes des deux côtés du Rhin... Mais il reste que pour des raisons historiques complexes, ces partis sont restés les seuls partis de masse au travers desquels s’est exprimée, même de manière souvent bien détournée, l’aspiration des classes les plus défavorisées à faire valoir leurs intérêts. L’évolution des partis socialistes est donc non seulement un fait à analyser mais un enjeu politique majeur.

Pour ceux que l’alternance satisfait, pour ceux qui se résignent à la domination des « forces du marché », c’est-à-dire du capital financier, l’aggiornamento du socialisme consiste simplement à abandonner définitivement les anciennes ambitions de transformation sociale radicale et à se présenter en avant-garde éclairée du capitalisme. La « troisième voie » de MM. Giddens et Blair n’a pas d’autre signification. Mais il est chaque jour plus clair que les promesses de bonheur de néolibéralisme ne valent pas mieux que les mirages de feu la nouvelle économie. Alors que les menaces s’accumulent, alors que les budgets d’armement repartent à la hausse, alors que les fusions acquisitions menacent l’appareil productif en son noyau dur, alors que l’empire américain cherche à imposer sa loi au monde entier, la nécessité de repenser une alternative émancipatrice est évidente.

COMMENCER PAR LE COMMENCEMENT : LA QUESTION DE LA LIBERTÉ

La question centrale du socialisme est celle de la liberté. Contrairement à ce qu’on pense habituellement. Politiquement d’abord : le socialisme naît parce que la conquête de la liberté par les révolutions du XVIIIe siècle se transforme en liberté pour les possédants d’exploiter les dépossédés de tout, en exploitation sans frein qui fait des « Magna Carta », « Bill of Rights » et autres « Déclaration des droits » de mauvaises plaisanteries : le socialisme, c’est d’abord la volonté de prendre au sérieux ces droits que les nouvelles classes dominantes cherchaient à se réserver pour elles. Historiquement ensuite : le socialisme peut être considéré comme le continuateur du grand mouvement émancipateur qui commence vers le XIe siècle, avec les franchises communales. La Commune de Paris de 1871, en quelques semaines, a proclamé à la face du monde cette unité indissoluble des libertés républicaines et de l’émancipation des classes laborieuses.

Si, avec Marx, on admet que la loi des 10 heures en Angleterre constitue la première grande victoire du mouvement ouvrier et la première véritable incursion de la classe ouvrière sur le champ politique, on en doit tirer les conclusions. Le socialisme n’est pas une technique économique pour assurer une meilleure croissance, ni une affaire de répartition des revenus. Il est d’abord la revendication d’une organisation politique qui protège les individus contre la domination. La loi des 10 heures protège les ouvriers contre la toute puissance des détenteurs de capitaux, tout comme les lois interdisant le travail des enfants ou le travail de nuit des femmes. Être libre, c’est ne pas être soumis aux volontés arbitraires d’un autre homme, mais n’accepter d’autre loi que la loi commune, décidée en dernière instance par le peuple souverain. Cette définition républicaine, qui remonte à la révolution anglaise, est passée au mouvement socialiste, du moins au mouvement socialiste qui se construit comme organisation politique des travailleurs - je mets de côté ici toutes les variétés de « réformateurs sociaux » et autres « socialistes vrais » dont Marx et Engels ont fait une critique qui n’a guère vieilli.

Si le socialisme est pensé comme le pouvoir politique de la classe ouvrière, on en peut donner une interprétation dans les termes que je viens d’esquisser :

1) L’exploitation est un déni de la liberté puisqu’elle met un homme au pouvoir d’un autre - c’est exactement ce qu’explique Marx dans son analyse du contrat de travail.

2) La liberté n’est possible que si les individus sont protégés par la loi de ce genre de domination.

3) Donc, la liberté est la liberté par la loi.

Évidemment, cette manière de poser la question du socialisme, en le plaçant dans la continuité de la tradition républicaine, nous éloigne de deux autres traditions du mouvement ouvrier qui ont, elles aussi, leurs correspondants dans les théories politiques.

Cela nous éloigne d’abord de la tradition libérale qui a son correspondant dans l’anarchisme individualiste qui conçoit la liberté comme l’absence de toute contrainte sociale et de toute ingérence. Il ne s’agit pas de promettre l’extinction de la loi, de l’État et de la politique, ainsi que le promettaient certains passages de Marx, ou la reconstruction léniniste de L’État et la Révolution. Une liberté sans loi serait tout simplement un retour à l’état de nature, c’est-à-dire une autre représentation du capitalisme de la libre concurrence. En passant, on doit noter que la convergence américaine des libéraux et des libertaires n’est nullement le fait du hasard mais est inscrite dès l’origine dans la philosophie des anarchistes.

Cela nous éloigne aussi des conceptions qui font de la liberté l’exercice du pouvoir politique à tous les niveaux - par l’exercice de la démocratie directe depuis l’atelier jusqu’à la République universelle des conseils ouvriers. J’ai eu l’occasion d’expliquer ailleurs les bonnes raisons que nous avons d’être méfiants à l’égard d’une telle conception. [1] Cela signifie donc que la question des institutions politiques les mieux aptes à garantir la liberté est une question centrale pour le socialisme. Comment les institutions représentatives peuvent-elles exprimer adéquatement la souveraineté du peuple ? Un des principaux défauts de la démocratie directe est sa propension à se transformer en tyrannie de la majorité, d’ailleurs souvent manipulée par des minorités. Comment garantir les individus contre la tyrannie de la majorité ? Si on admet que c’est là une question décisive, il s’ensuit que la question de nature des institutions et des normes juridiques devient une question essentielle, à la différence du socialisme classique qui la tenait pour une question dérivée, la politique économique et sociale résumant à elle seule la politique socialiste.

LIBERTÉ ET PROPRIÉTÉ

Il y a une intuition profondément juste chez les penseurs du libéralisme classique : une homme libre est propriétaire - affirmation qui servit de justification au suffrage censitaire. Les marxistes, le plus souvent, ont vu dans cette thèse unissant liberté et propriété une preuve indiscutable du caractère « bourgeois » de la révolution française. Pourtant, si le prolétaire peut être dominé par le capitaliste, c’est d’abord parce qu’il a été dépouillé de tout, qu’il est le non-propriétaire absolu, ou plutôt que sa seule propriété est sa force de travail et celle de ses enfants, puisque la « prolé » est la progéniture. C’est pour cette raison que Marx définit la révolution sociale, « l’expropriation des expropriateurs » comme le « rétablissement de la propriété individuelle du travailleur sur la base des acquêts de l’ère capitaliste ».

Si nous définissons le socialisme comme un républicanisme conséquent, c’est-à-dire comme une manière radicale de penser la définition républicaine de la liberté comme non-domination, alors nous devons réaffirmer qu’il n’y a pas de socialisme possible sans des incursions décisives dans les rapports de propriété capitaliste, sans poser la question de la « propriété individuelle » du travailleur sur la base de la socialisation du processus de production. Ce qu’on pourrait encore appeler « appropriation sociale ».

L’appropriation sociale suppose tout d’abord l’existence de biens publics, suffisamment développés. Les libéristes affirment que les individus mènent des existences séparées et que l’État n’est qu’une sorte de société de gardiennage collective. La République ne peut exister que si les citoyens qui la composent partagent quelque chose d’essentiel qui les lie les uns aux autres. Ces biens publics ne sont pas simplement des moyens pour l’usage des citoyens qui pourraient tout aussi bien faire appel à des sociétés de service privées ; ils sont la matérialisation du lien social et politique, du fait que nous avons besoins les uns des autres et que, finalement, la richesse est toujours une richesse socialement produite, quels que soient ensuite ses modes de répartition.

Les biens publics doivent couvrir :

1) Les institutions fondamentales qui garantissent la dignité et l’estime de soi des individus. Ce couvre donc l’école (qui n’est pas un service public comme l’eau ou la voirie mais une institution proprement politique), la culture et la santé.

2) Les services publics, c’est-à-dire tous les biens dont on estime qu’ils constituent des biens sociaux primaires (au sens de Rawls) devant être répartis égalitairement, indépendamment des conditions sociales ou géographiques. L’énergie (électricité et gaz), les télécommunications, les transports en font à l’évidence partie.

3) Les industries stratégiques, c’est-à-dire toutes celles dont dépend la souveraineté de la nation. À juste titre, les associations qui se préoccupent de la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde réclament « le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes ». De la même façon le droit des peuples à se soigner eux-mêmes ou à se défendre eux-mêmes font partie de ces exigences essentielles qui ne sont pas principalement économique mais d’abord politiques parce qu’elles vont avec la liberté d’un « citoyen libre dans une cité libre ».

De cela découle qu’un programme de nationalisations est une partie indispensable d’un nouveau programme socialiste. Même le libériste Bush a procédé à des renationalisations (la sécurité dans les aéroports), comme son prédécesseur Reagan avait nationalisé de fait les principales caisses d’épargne. On se demande bien pourquoi des socialistes se sentiraient honteux de proposer la nationalisation de la distribution des eaux ou des réseaux de télécommunications ! La privatisation honteuse du réseau d’autoroute, la vente « par appartements » de la SNCF, la privatisation d’EDF/GDF sont autant de mauvais coups sur lesquels on devrait revenir.

La vie d’ailleurs se charge de montrer que dès qu’il ne s’agit plus ramasser le maximum d’argent dans le minimum de temps, les capitalistes sont impuissants à avoir une vue à long terme. Les déboires d’Airbus, les invraisemblables cafouillages de Galileo montrent que la gestion privée est loin d’avoir l’efficacité qu’on lui prête.

Il est non seulement nécessaire de défendre la propriété collective dans un certain nombre de secteurs, mais il est encore plus urgent de mettre un terme à la privatisation générale des conditions même de la vie humaine. Ainsi la brevetabilité du vivant est insoutenable, quels que soient les arguments utilitaristes qu’on puisse invoquer en sa faveur. La sous-traitance des fonctions de l’État à des entreprises privées, y compris les fonctions régaliennes ne se peut justifier en aucune façon [2].

Il reste que l’expérience des nationalisations de 1981 peut ne pas paraître très concluante. Après tout, avec des fonds publics ont a redressé des entreprises en difficulté (pour les recéder ensuite au secteur privé !) sans modifier en quoi que ce soit les rapports sociaux. Il est vrai que les entreprises nationalisées n’ont jamais été l’amorce d’un autre type de rapports sociaux puisque - et cela a été un important débat des années 81-83 - le gouvernement de la gauche unie a décidé finalement qu’elles devaient être gérées comme les entreprises du secteur privé, la participation de quelques élus du personnel au conseil d’administration n’étant qu’une mesure symbolique pour donner quelques gages aux travailleurs sans toucher à l’essentiel. La nationalisation n’a donc de sens que comme le moyen d’une transformation des rapports sociaux, par la gestion ouvrière et le contrôle public. [3]

L’ÉGALITÉ

Le socialisme est fondamentalement égalitariste. Il ne s’agit pas d’un égalitarisme métaphysique (les hommes seraient « égaux » par essence, comme créations de Dieu ou je ne sais quoi encore) mais d’une égalitarisme structurel qui découle de la conception de la liberté comme non-domination, c’est-à-dire de la vocation émancipatrice du socialisme. La liberté n’existe pas sans l’égalité des droits et cette dernière n’existe pas si les inégalités sociales dépassent ce qui est nécessaire au bien commun.

Les « socialistes » de type troisième voie, y compris le dernier gouvernement de la « gauche plurielle » française et la candidate Royal de 2007, réduisent l’égalitarisme socialiste à deux éléments : 1° l’égalité des chances et 2° un filet de sécurité pour les « exclus ». Il n’y a pas une once de socialisme dans tout cela ! L’égalité des chances n’est rien d’autre la libre concurrence et la compétition entre les individus comme règle sociale de base. Quant au soucis des « exclus », même les libéristes y peuvent être sensibles - ainsi la théorie de l’impôt négatif de Milton Friedman.

Le socialisme part de l’idée que les inégalités de condition n’ont aucune légitimation naturelle ; si des inégalités sociales (dans les positions de pouvoir comme dans les revenus ou la fortune) peuvent être admises c’est

1) dans la mesure où elles peuvent être utilisées socialement au profit du plus grand nombre : mieux payer le médecin qui doit faire 10 ans d’études que le masseur kinésithérapeute qui n’a besoin que de deux ou trois ans d’études, cela permet d’assurer que la société trouvera des médecins dont elle a besoin.

2) Dans ce qui ressortit au choix libre des individus - que l’un préfère avoir une plus grande maison et l’autre plus de loisirs, par exemple. Le type d’inégalités qui résulte de ces choix différents est parfaitement inadmissible et ne contrevient pas au principe d’égalité.

Les inégalités de revenu sont donc inévitables puisqu’elles découlent de conditions objectives (les ressources étant limitées, jusqu’à un certain point le principe « à chacun selon son travail » reste la clé de ventilation la moins mauvaise) et subjectives (les dispositions différentes des sujets par lesquelles ils expriment leur liberté). Ces inégalités, cependant restent nécessairement limitées. Même en gardant l’actuelle échelle des salaires dans un pays comme la France et en exceptant les « salaires » pharaoniques de quelques PDG, on est dans une fourchette de 1 à 20 qui peut paraître très importante mais n’est rien par rapport aux inégalités engendrées par la propriété. Ce qui nous ramène au point précédent : l’égalité est possible si on cesse de faire de la propriété la clé de répartition des revenus. Il va de soi, cependant, qu’une politique socialiste devrait aussi réduire l’échelle des salaires, si le compromis entre les exigences de la justice sociale et l’efficacité économique n’est pas toujours facile à déterminer.

Le revers de l’égalitarisme est, pour tous ceux qui le peuvent [4], une obligation de travailler. Qu’on s’entende : il suffit d’appliquer le principe « qui ne travaille pas ne mange pas ». Les théories du « revenu social d’existence », reprise moderne des vieilles thèses abondancistes, si elles peuvent paraître séduisantes, présupposent en effet de fortes inégalités sociales et l’orientation vers une société duale : d’une part une masse plus ou moins vaste d’assistés qui peuvent entrer ou sortir du marché du travail et d’autre part des salariés insérés dans la dynamique économique et pouvant gagner beaucoup d’argent et qui seraient progressivement liés à la classe dominante. On remarquera que l’impôt négatif de Milton Friedman - grand théoricien libériste et maître à penser des Chicago’s Boys - peut être comparé au revenu d’existence ou en constituer un complément.

(à suivre)


[1] Voir Revive la République

[2] Voir mon article « Privatisation de l’État » in Nouvelles Fondations n°5, mars 2007

[3] Là encore, voir Revive la République où la dynamique de ces mesures est développée.

[4] Ceux qui ne sont ni trop jeunes, ni trop vieux, ni malades ou handicapés

samedi 30 juin 2007


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