Jean Luc Mélenchon sera en Aveyron pour une réunion publique PRS le 8 juin.

mardi 9 mai 2006.
 

Pour présenter politiquement Jean Luc Mélenchon , voici l’article très personnel de son blog en date du 2 décembre 2005 qui abordait 3 points : unité de la gauche, élection d’Evo Morales en Bolivie, sondages pour les présidentielles

" J’étais très content de voir à une même tribune contre l’amendement sur la colonisation, parmi d’autres, François Hollande, Arlette Laguiller, Alain Krivine et le Parti Communiste. Naturellement chacun a juré que c’était juste pour la cause et pas pour gouverner. Je le crois bien. C’est ce que j’entends depuis des mois. Sur la tribune du meeting de soutien à la SNCM à Marseille, c’est ce qui se disait aussi après les discours. Je plaisante : on n’a pas parlé du tout de ça . On était juste là pour soutenir des grévistes en lutte. Mais quand je vois tout le monde sur la photo à Paris, je ne peux pas m’empêcher de jubiler. Car s’il faut s’unir pour faire abroger la disposition obscène sur "l’acquis positif de la colonisation" je suppose qu’on doit pouvoir tenir le même raisonnement pour des dispositions à maints égards tout aussi concrètes et cuisantes contre la vie quotidienne des français d’aujourd’hui, d’ici et maintenant. Non ? Ca vient ! On tient le bon bout. Autre chose : vous avez vu les élections en Bolivie ! Waow !

En Bolivie les boliviens ont élu un amérindien comme président. Notons qu’on peut se moquer totalement de la couleur de peau d’un président. Je suis plutôt de cet avis. Mais quand même. Là bas, la couleur est radicalement un attribut social. La couleur des amérindiens est : pauvre et maltraité. C’est une couleur de gens patients. Dans cette Bolivie, on avait connu les terribles colères de luttes révolutionnaires des mineurs de l’étain à Potosi qui descendaient sur La Paz par camions entiers dans les années soixante dix avec des fusils et des grappes de bâtons de dynamites. J’ai connu Guillermo Lora, un autre amérindien bolivien dirigeant du Parti Ouvrier révolutionnaire de Bolivie qui était resté caché trois ans au fond de la mine sous la protection du syndicat des mineurs. Ses cheveux étaient devenus tous blancs. A cette époque, il y avait eu déjà 198 coups d’états au cours des deux cent cinquante années précédentes tellement ce pays était un lieu d’exploitation si féroce qu’on ne pouvait y stabiliser les rapports sociaux et politiques autrement qu’à coup de trique.Cette fois ci se sont les paysans qui ont vaincu leur patience ancestrale d’animaux martyrisés. Ils ont élu le chef du syndicat des paysans. Evo Moralès ! Ce type en a en acier ! Il a dit : « nous n’avons plus peur des américains ! Nous ne voulons pas être leur cauchemar, nous le sommes déjà ». Je pense que les américains ne seront pas les seuls qui vont avoir la colique au sujet de ce type. Toute la bien-pensance et même "euro new" avait déjà consacré des notules méprisantes à ce métèque archaïque comme une idée de gauche. Et de rappeler tous, sans cesse, que ce type pas possible défendrait les plantations de coca que les américains combattent. Aucunes de ces belles âmes ne se demandait pourquoi. Là-dessus Evo Moralès leur fait un bisque rage de première : « Viva la coca, viva Bolivia » Tel quel ! Ca déchire les pauvres qui prennent le pouvoir. Je crains que les yankees ne laisseront pas passer. Je parie qu’ils ont commencé à faire de la place dans les prisons secrètes et les centres de tortures de la CIA. Parce que les brutes du genre de celles qui ont inventé le plan Condor en son temps pour massacrer les copains et enlever leurs gosses à travers toute l’Amérique latine sont toujours là. Ils passent leur vie à faire des complots et des coups d’état contre Chavez entre deux séance de gégène en Irak ou en Afghanistan. Ils vont s’y mettre aussi pour Moralès. Mais nous autres, ici et partout, nous devons nous dire que ça fait une case de plus qui passe de notre côté en Amérique Latine. Comme le cycle latino est toujours en avance de dix ans sur le notre, ca donne des idées. Peut-être qu’on pourrait être courageux comme un demi Moralès. Ou comme un quart d’uraguayen du genre du président Tabares Vazquez. Celui-là a décidé de renationaliser l’eau et de marquer ça dans la Constitution du pays. Et il a pris des trotskistes dans sa coalition de gouvernement. Un pur illuminé, en quelque sorte.

Je pense qu’on a du oublier de parler à tous ces progressistes de folklore de ce qui compte à gauche. C’est-à-dire des idées de Romano Prodi. Voila l’avenir comme on le sait tous depuis que cet intellectuel distingué est venu expliquer le fonctionnement du loto à la tribune du congrès du PS. Car c’est à lui que nous devons le passionnant débat sur les primaires à gauche et ça c’est du sérieux. Je sais bien que seuls 40 % des électeurs socialistes déclarent être prêts à participer à ce genre de farce si on le leur propose. Donc pas de danger que les idéologues d’audimat insistent. Mais c’est quand même dans « La Croix » qu’on peut lire ça. "La Croix" s’intéresse souvent à des questions sérieuses. Certes ce n’est que le résultat d’un sondage. Et encore ne portait-il que sur cinq cent soixante dix sondés. Mais supposez que dans le prochain « Chasseur Français » un sondage sur cinq cent quatre vingt sondés donne dix points de plus à cette idée ? Hein ? Qu’est ce qu’on fait alors dans ce cas ? On est bien embêté ! Et ce n’est pas l’autre fou avec sa coca ni son nigaud de voisin avec sa flotte nationalisée qui ont la moindre idée sur le sujet. Ca prouve que rien de sérieux ne les intéresse. C’est quand même pas ça qu’on va appeler un modèle, comme dira « Le Nouvel Observateur ». Je me demande si « Auto moto » ne devrait pas faire un sondage sur ce que pensent les gens de la nationalisation des autoroutes. Je plaisante. Car tout le monde connaît le résultat d’avance. Il y a déjà eu, dans un autre sondage, soixante pour cent d’ingrats pour dire que le capitalisme n’était pas un bon système. Ce n’est pas la peine de spéculer sur ce que veulent de tels lamentables archaïques. Surtout quand "Le Nouvel Observateur" nous donne le vrai frisson avec sa « une » subversive sur les présidentielles à gauche avec un portrait géant de Ségolène Royal : « et si c’était elle ? ». Yaooo ! En plein dans le mille les vieux ! Aussi excitant que quand les mêmes journalistes (les mêmes) avaient inventé l’opération « monsieur X » en 1969 pour torpiller l’union de la gauche ! Le prochain numéro va sans doute nous dire pourquoi faire « ça pourrait être elle » comme on dit déjà partout à la mine et à l’usine. Mais rien que l’idée déjà c’est si fantastique. Ca m’interpelle quand même quelque part comme on dit chez les branchouillards. En effet elle a dit que le niveau de la vente de ce numéro du journal serait une indication sérieuse à ses yeux concernant l’envie du peuple pour sa candidature. J’étais pas encore habitué à l’idée des primaires et voila déjà une autre nouveauté : le nombre de portraits achetés en kiosque. Là, je crois que je peux pas suivre. Mieux vaut en rester au débat sur les primaires. Les cultivateurs de coca boliviens commencent juste à nous les envier. Rappelez vous que, eux, la coke ils la plantent. Ils n’en consomment pas. Ils sont donc plus lents à comprendre tout ce qui vibrionne.Et il n’y a pas eu un seul journal bolivien pour titrer "et si c’était lui" dix huit mois avant. A ce moment là Moralès était juste considéré comme un animal à remettre à sa place. Il y est, nom d’un chien et plutôt deux fois qu’une. Viva Bolivia !

pour en lire plus : http:www.jean-luc-melenchon.fr


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