Gilets jaunes acte XIV : trois mois jour pour jour après le début de ce mouvement

vendredi 22 février 2019.
 

1) 41 500 manifestants en France, selon le ministère de l’intérieur

D’après les chiffres officiels, contestés par les « gilets jaunes », la mobilisation pour l’acte XIV était en baisse par rapport à la semaine précédente.

Après trois mois de mobilisation, des dizaines de milliers de « gilets jaunes » ont défilé, samedi 16 février, dans plusieurs villes de France lors d’un acte XIV relativement calme à Paris mais marqué de nouveau par des heurts à Toulouse et à Bordeaux.

Le ministère de l’intérieur a dénombré 41 500 manifestants en France, dont 5 000 dans la capitale, des chiffres en recul par rapport à la semaine précédente.

Pour cet acte XIV, les intentions du mouvement ont rarement été aussi peu lisibles à l’issue d’une semaine où deux « gilets jaunes » emblématiques, le chauffeur routier Eric Drouet et l’ex-boxeur Christophe Dettinger, ont été jugés à Paris.

Des rassemblements divers à Paris

Dans la capitale, traditionnelle place forte de la contestation, un cortège de plusieurs milliers de personnes qui s’étaient retrouvées place de l’Etoile a descendu les Champs-Elysées avant de traverser la Seine en direction du boulevard des Invalides. Sous un grand soleil, les manifestants défilaient dans le calme sur fond de slogans hostiles adressés aux forces de l’ordre.

Après de brefs face-à-face aux abords de l’esplanade des Invalides avec celles-ci, les « gilets jaunes » se sont dispersés, certains rejoignant les Champs-Elysées en début de soirée. Selon la préfecture de police, 26 personnes ont été interpellées, même si les tensions semblaient moindres que lors de l’acte XIII. Un manifestant avait alors eu la main arrachée lors de heurts devant l’Assemblée nationale.

La mobilisation parisienne a toutefois connu un bref moment de tension quand le cortège a croisé la route du philosophe Alain Finkielkraut.

Différents appels parisiens coexistaient sur les réseaux sociaux, avec des mots d’ordre divers. L’un appelait à des « insurrections » et à « bloquer la place de l’Etoile le plus longtemps possible ». Le plus suivi donnait, lui, rendez-vous dimanche sur l’artère parisienne, trois mois jour pour jour après le début du mouvement, pour une manifestation « déclarée et pacifique ».

Un incident à Rouen

Une voiture bloquée par le cortège à Rouen a bousculé quatre personnes qui ont été prises en charge par les pompiers. De source policière, le conducteur, qui était avec sa femme et leur bébé, s’est retrouvé au cœur de la manifestation et des participants s’en sont pris au véhicule, montant dessus et jetant des projectiles. Le conducteur a pris peur. Il a quitté les lieux avant de se présenter au commissariat, selon la même source.

Attaque d’un fourgon de police à Lyon

A Lyon, plusieurs milliers de manifestants s’étaient rassemblés dès le début de l’après-midi dans le centre-ville, une mobilisation globalement similaire à celles des samedis précédents. En fin d’après-midi, la manifestation des « gilets jaunes » a bloqué pendant deux heures la circulation dans un sens de l’autoroute A7 qui traverse la ville de Lyon. Un véhicule de police, appartenant à la CRS autoroutière, était pris dans le trafic quand il a été violemment attaqué.

Cette violente attaque d’un fourgon de police, filmée de l’intérieur du véhicule et diffusée par la chaîne LCI, a été vivement condamnée par les autorités, en premier lieu par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. « On est pris à partie et on reçoit des pavés », entend-on dire le policier qui filme la scène au début de la vidéo, qui dure plus d’une minute.

Au volant, sa collègue tente de se frayer un chemin entre deux files de voitures, sous les jets de projectiles. La préfecture du Rhône a condamné « avec la plus grande fermeté l’attaque de CRS hier lors des manifestations de gilets jaunes à Lyon », dans un communiqué publié dimanche matin. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour des « faits de violences avec arme et en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique », confiée à la Sûreté départementale, sans interpellation à ce stade.

Heurts à Bordeaux

A Bordeaux, un cortège de plusieurs milliers de personnes a emprunté les rues des quartiers cossus où des tags proclamaient notamment « mort aux riches ». Au bout de l’itinéraire, des violences ont éclaté : la police a répondu à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène à des jets de projectiles. La mobilisation a réuni 5 000 personnes dans la ville, selon une source policière.

Plusieurs milliers de « gilets jaunes » ont battu le pavé à Toulouse, un des bastions du mouvement, derrière des pancartes comme « Fâché mais pas facho » ou encore « Dinosaures capitalistes, tremblez, le monde va changer ». « Seule la mort nous arrêtera », proclamait une banderole en tête de manifestation. Des échauffourées entre individus et forces de l’ordre ont éclaté en fin de rassemblement, avec des dégradations dans le centre, notamment des agences bancaires et immobilières.

Ils étaient pus d’un millier de « gilets jaunes » dans les rues de Lille. Rassemblés place de la République, les manifestants se sont élancés dans les rues de la capitale des Flandres peu avant 14 h 30 aux cris de « Macron démission ».

« Retour aux sources » pour les trois mois

En Occitanie, mais aussi dans l’Est, plusieurs groupes appelaient, eux, à fêter les trois mois du mouvement par un « retour aux sources », avec des rassemblements sur les ronds-points samedi dès le matin. En Meurthe-et-Moselle, des « gilets jaunes » étaient, ainsi, de retour sur les ronds-points, notamment à Pont-à-Mousson, Lunéville ou Essey-lès-Nancy. « Aucun blocage, ni filtrage, ne sera toléré », a toutefois fait savoir la préfecture.

Permanence parlementaire saccagée

La permanence du député de la Sarthe Damien Pichereau (La République en marche, LRM) a été prise pour cible au cours d’une manifestation de « gilets jaunes » au Mans. Sur Twitter, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand a condamné le « saccage »

Les figures du mouvement se font discrètes

Les figures historiques du mouvement sont elles-mêmes plutôt discrètes sur leurs intentions, notamment Eric Drouet, contre lequel le parquet de Paris a requis vendredi un mois de prison avec sursis pour « organisation de rassemblements non autorisés ».

Jeudi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait par ailleurs dénoncé les menaces de « coup d’Etat » d’une autre figure des « gilets jaunes », Christophe Chalençon, filmé à son insu alors qu’il évoquait la perspective d’un renversement du pouvoir par des « paramilitaires ».

Après trois mois de contestation, le soutien aux « gilets jaunes » s’effrite dans l’opinion. Pour la première fois depuis novembre, une majorité de Français (56 %) souhaitent que la mobilisation s’arrête selon un sondage Elabe diffusé mercredi.

Source : https://www.lemonde.fr/societe/arti...

2) Trois mois après le début du mouvement, nouveau rassemblement de « gilets jaunes » à Paris

Trois mois jour pour jour après le début de ce mouvement de contestation qui fragilise l’exécutif, les « gilets jaunes » ont poursuivi, dimanche 17 février, leur acte XIV, amorcé samedi en ordre dispersé. Ils étaient entre 1 000 et 2 000 à défiler dans le calme à Paris, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse. Samedi, le ministère de l’intérieur avait dénombré 41 500 manifestants en France et 5 000 à Paris, des chiffres en recul par rapport à ceux de la semaine précédente mais contestés par les « gilets jaunes » qui en ont dénombré plus du double (104 070).

Sur les Champs-Elysées, trois cents « gilets jaunes » rassemblés depuis 11 heures près de la place de l’Etoile, se sont élancés sur la célèbre artère parisienne pour rallier le Champ-de-Mars dans l’après-midi. Vers 16 heures, la quasi-totalité d’entre eux s’était dispersée et certains projetaient notamment de retourner sur les Champs-Elysées. D’après la préfecture de police de Paris, ce premier rassemblement dominical des « gilets jaunes » a réuni 1 500 personnes.

Ingrid Levavasseur, l’une des figures les plus médiatiques des « gilets jaunes », qui a récemment renoncé à mener une liste baptisée « Ralliement d’initiative citoyenne » (RIC), sans pour autant renoncer à se présenter aux élections européennes du 26 mai, est présente au rassemblement.

Elle a été prise à partie par des manifestants et a quitté le cortège. Elle dit avoir été traitée de « vendue », de « corrompue », de « macroniste ». « Je ne vais certainement pas plier. Ça ne va certainement pas me décourager. Au contraire, ça va me rendre plus forte », a-t-elle assuré.

Mobilisée depuis la première journée d’action le 17 novembre, Martine Bonfilloup, 55 ans, est venue dimanche « montrer que le mouvement ne s’essouffle pas ».

« Vous avez vu que l’essence a réaugmenté ? La classe moyenne, on est taxés au maximum. »

Agée de 16 ans, Lola est, elle, venue protester contre la réforme du lycée et de l’université qu’elle compare à un « tri sélectif ». « J’ai des grands-parents qui ne gagnent pas beaucoup. Ils ne peuvent vraiment pas vivre. Je voulais voir de mes propres yeux le mouvement et montrer qu’il y avait aussi les lycéens, les étudiants », dit-elle.

La quatorzième journée du mouvement samedi s’est déroulée sans incident majeur à Paris mais a été marquée par des heurts à Toulouse et à Bordeaux, deux autres places fortes de la contestation.

Source : https://www.lemonde.fr/societe/arti...

3) Les « gilets jaunes » face à la difficulté à amplifier le mouvement

Des rassemblements samedi, d’autres dimanche et un possible retour sur les ronds-points : trois mois après le début de la contestation, les appels à manifester sont très fragmentés pour l’acte XIV.

Qui aurait cru, lors de l’acte I de la mobilisation des « gilets jaunes » le 17 novembre 2018, que cette fronde inédite serait toujours vivace trois mois plus tard, samedi 16 et dimanche 17 février marquant l’acte XIV ? Certes le nombre de manifestants décroît, selon les chiffres publiés chaque week-end par le ministère de l’intérieur, vivement contestés par les « gilets jaunes », qui ont d’ailleurs mis en place depuis fin décembre leur propre comptage, le « nombre jaune ». Mais ils étaient encore 51 000 (118 000 selon le « nombre jaune ») à défiler dans les rues pour l’acte XIII, et ce malgré les violences qui ponctuent chaque journée. Au total, plus de 1 700 manifestants et plus d’un millier de policiers et gendarmes ont été blessés.

La force du mouvement n’a cependant jamais résidé dans le nombre mais dans la détermination de ceux qui le portent et dans le soutien de l’opinion. Les prochains sondages permettront de savoir si la tendance observée mercredi dans l’enquête d’Elabe pour BFM-TV se confirme : elle révèle que tout en continuant d’approuver le mouvement à 58 %, une majorité de Français souhaite désormais que la mobilisation s’arrête. Une première depuis la mi-novembre.

S’ils nient toute baisse de mobilisation, les « gilets jaunes » reconnaissent cependant qu’ils n’engrangent pas les nouveaux soutiens qu’ils appellent de leurs vœux depuis le début pour amplifier le mouvement. La convergence espérée avec les luttes au sein de certaines professions – VTC, ambulanciers, infirmières, enseignants – ou avec les lycéens, qu’on a vu se mobiliser quelques jours en décembre, n’a finalement pas pris.

Cherchant de nouveaux modes d’actions, et malgré la méfiance que suscitent les syndicats au sein du mouvement, les « gilets jaunes » ont fini par relayer massivement l’appel de la CGT à une journée de grève nationale le 5 février, rejoignant leurs cortèges. Ils étaient ce jour-là 137 000 à manifester selon le ministère de l’intérieur, 300 000 selon la centrale de Philippe Martinez. Mais cette journée n’a pas débouché, comme espéré, sur une « grève générale illimitée ».

« Le gouvernement pratique la stratégie du chaos et a mis en place une répression incroyable dans les manifestations pour étouffer le mouvement. Il est évident qu’il sera dur de l’amplifier dans la rue car les gens ont peur. La grève est un moyen pacifique de se mobiliser. Mais c’est un mode d’action qui fait également peur aux plus précaires ou à ceux qui ont peu de moyens », concède François Boulo, porte-parole des « gilets jaunes » de Rouen, dont l’appel à la grève du 5 février a été très médiatisé.

Dans ce mouvement si prompt à couper les têtes qui dépassent, cet avocat de 32 ans, mandaté par les « gilets jaunes » de trois ronds-points de Rouen pour porter leur message, s’est imposé en quelques semaines parmi les rares figures légitimées par la base du mouvement, aux côtés d’Eric Drouet, de Priscillia Ludosky et de Maxime Nicolle, alias « Fly Rider ». François Boulo est désormais l’une de ses voix principales, courant de studio de radio en plateau de télévision pour tenter de convaincre le plus grand nombre, avec son profil rassurant de gendre idéal, « qu’une autre politique est possible ».

150 000 visiteurs en quinze jours

D’autres « gilets jaunes » ont lancé des sites Internet proposant sondages ou débats. Parmi les projets les plus ambitieux, celui de la plate-forme le-vrai-debat.fr qui veut concurrencer celle du grand débat national, utilisant pour ce faire le même outil technologique.

Contrairement à la plate-forme gouvernementale, le champ de consultation n’est pas limité à quatre grands thèmes mais s’étend également aux sujets de société. « La plate-forme ne va pas en contradiction avec l’action sur le terrain le week-end. C’est un outil supplémentaire, expliquait récemment l’un des administrateurs du site, « gilet jaune » dans le Vaucluse, lors d’un live Facebook. C’est grâce aussi à la pression que les “gilets jaunes” portent sur le terrain qu’on a la possibilité d’être entendus. »

Selon ses administrateurs, 150 000 visiteurs ont consulté le site en quinze jours, pour déposer 19 260 revendications – dont certaines se recoupent. Synthétisées par une équipe de chercheurs et de statisticiens bénévoles, il est prévu d’affiner une série de revendications mi-mars lors de conférences citoyennes sur tout le territoire. Cette démarche vient en parallèle à celle de la centaine de délégations de « gilets jaunes » de toute la France qui ont lancé un appel commun fin janvier, à Commercy (Meuse), et prévoient de se retrouver en avril à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour discuter de leurs revendications.

Méfiance et disgrâces

Le live Facebook du « vrai débat », mi-février, était cependant révélateur des difficultés auxquelles se heurtent tous les « gilets jaunes » prenant des initiatives : méfiants, nombre d’internautes les interrogeaient sur leurs intentions cachées, leurs liens supposés avec des partis politiques ou des candidats. Pour se légitimer, il leur fallait rappeler qu’ils avaient eu le soutien de Priscillia Ludosky ou d’Eric Drouet. « Seul “Fly”, Priscillia et Eric sont réellement écoutés », résumait une internaute, montrant toute la difficulté, pour ce mouvement se voulant horizontal de le rester.

Tombée en disgrâce aux yeux d’Eric Drouet et de « Fly Rider », qui la suspectent de chercher la lumière, Sophie Tissier – qui fait partie d’un groupe qui, depuis le 5 janvier, déclare les manifestations – a porté plainte contre deux « gilets jaunes » après avoir été malmenée dans le défilé parisien, le 19 janvier. Avant elle, Ingrid Levavasseur avait subi une violente campagne sur les réseaux sociaux l’accusant de « trahir » le mouvement, après qu’elle a décidé de prendre la tête de la liste Ralliement d’initiative citoyenne, pour les élections européennes. A la suite de nombreux désaccords, elle a quitté cette liste mercredi, tout en laissant entendre qu’elle pourrait bientôt figurer sur une autre.

Aline Leclerc

Source : https://www.lemonde.fr/societe/arti...

4) François Boulo, l’avocat de la cause des « gilets jaunes »

A 32 ans, ce porte-parole mobilisé à Rouen est devenu une des figures médiatiques du mouvement qui a commencé en novembre 2018.

Contre toute attente, quand début février Eric Drouet, figure centrale des « gilets jaunes », a demandé dans un sondage Facebook aux membres du mouvement qui les représenterait le mieux à la télévision, ce n’est pas son nom qui est arrivé largement en tête, mais celui de François Boulo. L’avocat, âgé de 32 ans, mobilisé à Rouen, doit sa popularité à une vidéo dans laquelle il appelle à la grève générale illimitée. Publiée mi-janvier par le site Le Média, elle a été vue près de deux millions de fois.

Son histoire avec les « gilets jaunes » a commencé le 17 novembre 2018. En faisant son footing, il tombe sur des manifestants mobilisés sur le rond-point de la Motte à Rouen. Il y reviendra quotidiennement. « Au départ, ils me prenaient pour un type des RG, ou un journaliste, raconte-t-il. Quand ils ont su que j’étais avocat, ils se demandaient ce que je faisais là. » Fines lunettes en écaille, ton précieux, ce fils d’un chef de PME, qui se qualifie volontiers de CSP +, reconnaît qu’il est loin du profil type de ceux qui protestent depuis trois mois.

« Mais je viens d’une famille gaulliste sociale où il n’y a jamais eu de mépris de classe. Mes parents n’ont pas le bac, souligne-t-il. Quand les “gilets jaunes” ont vu que j’étais sincère, que je prenais du temps pour être avec eux, ils m’ont fait confiance : la fracture entre nous s’est réduite instantanément. »

Or justement, pour lui, le défi est de « réunir les gens pour mettre fin aux fractures ». C’est là qu’il estime que son profil atypique peut lui permettre de jouer un rôle particulier : rompu aux codes bourgeois, éloquent, mesuré, il espère rassurer « la classe moyenne supérieure » et la convaincre « qu’une transformation est possible », que ce chaos dont ils ont peur, « c’est Macron qui est en train de le créer ».

Conscients qu’il serait mieux armé qu’eux pour se battre dans l’arène médiatique, les « gilets jaunes » de trois ronds-points de Rouen ont choisi de lui donner un mandat, révocable à tout instant, pour porter leur parole. « Je défends mes convictions, qui sont en accord avec le mouvement », précise-t-il.

« Il faut déverrouiller ça »

En un mois d’interviews, on l’a entendu citer Victor Hugo – « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches » –, dire son intérêt pour les travaux de l’historien Emmanuel Todd et des économistes Jacques Sapir et Frédéric Lordon, demander des peines plancher pour les évadés fiscaux, et filer souvent la même métaphore : « On nous explique depuis quarante ans que la richesse est constituée par un gâteau et que la seule manière d’améliorer la vie des gens est d’augmenter la taille du gâteau, car on ne peut pas changer la clé de répartition, les très très riches en prenant une moitié, et le reste de la population devant se partager l’autre. Mais aujourd’hui, avec les contraintes écologiques, nous ne pouvons plus augmenter le gâteau : la seule solution est de changer la répartition. »

Pour saisir cette « formidable opportunité de refonder le contrat social » qu’offre le mouvement des « gilets jaunes », l’enjeu est désormais, pour lui, de « convaincre les leaders d’opinion influents, les journalistes, les éditorialistes, de sortir du déni et de faire leur aggiornamento ». « Leur place est confortable, ils ne veulent pas que ça change. Il faut déverrouiller ça. » Un aggiornamento qu’il a fait lui-même il y a une dizaine d’années, après avoir voté Nicolas Sarkozy en 2007 : « J’étais dans le coma politique. J’ai beaucoup travaillé pour devenir un citoyen éclairé. » Il a donc arrêté momentanément de plaider au tribunal pour plaider sur les plateaux de télévision. Avec un argumentaire déjà éprouvé : « Parmi mes amis, beaucoup ont voté Macron ! »

Aline Leclerc

https://www.lemonde.fr/politique/ar...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message