Comment construire des alternatives progressistes en Europe  ?

samedi 4 août 2018.
 

A) Quels sont les grands enjeux portés par les prochaines élections européennes  ?

Charlotte Girard Depuis 2005 et l’écrasement des peuples qui ont dit non au projet d’Union européenne contenu dans les traités, les enjeux sont toujours les mêmes  : faire obstacle à la société néolibérale prédatrice du travail humain et des ressources de la planète. Les acteurs ont changé, mais l’adversaire demeure.

Il faut stopper la construction européenne de Macron et Merkel, et lui substituer un programme humaniste, social et écologique. À la «  souveraineté européenne  » tant vantée par Macron, il faut opposer la souveraineté populaire. Il faut lier les enjeux européens et nationaux. Lorsque l’oligarchie nuit aux conditions d’existence du peuple en France en évadant ses profits et en nous privant de services publics, elle le fait aussi à partir de leviers européens qu’elle contrôle sous la forme de lobbys, de normes juridiques, etc.

C’est ce qu’illustrent les négociations des traités de libre-échange comme le Tafta ou le Ceta. Nous devons donc maintenir le pouvoir du peuple face à l’oligarchie. Pour cela, nous devons construire une conscience autour de l’idée que sortir des traités européens actuels est possible et nécessaire. C’est possible parce que le seul pouvoir légitime est celui d’une majorité démocratique  ; il suffit qu’elle s’exprime. C’est nécessaire parce que la maîtrise de notre avenir en commun en France passe par la reconquête de la démocratie en Europe.

B) Comment construire le rassemblement des forces favorables à la mise en mouvement d’alternatives progressistes pour l’UE  ?

Charlotte Girard Comme au niveau national, nous avons besoin de clarté. En 2017, la proposition politique sans équivoque de la France insoumise a mis le projet de l’Avenir en commun dans le carré de tête. Cette méthode qui évite la confusion a fait ses preuves. Le modèle de gouvernance dominant aujourd’hui en Europe est celui des grandes coalitions où la social-démocratie gouverne avec la droite libérale. La Commission avec le couple Moscovici-Juncker et l’Allemagne de Merkel avec le SPD donnent l’exemple. Macron et son gouvernement d’extrême marché suivent. Il faut s’y opposer pour convaincre qu’on ne va pas verser dans cette pratique confusionniste. Il ne faut pas laisser croire qu’on peut s’accommoder des traités et ne pas céder à l’austérité imposée par l’UE, comme l’a fait Syriza.

C) En quoi ces alternatives pourraient-elles consister  ?

Charlotte Girard Les alternatives progressistes se construisent en deux temps  : s’opposer et proposer, comme le fait la FI à l’Assemblée. Transposée à l’UE, c’est la stratégie plan A/plan B qui consiste à rompre avec les traités européens tels qu’ils sont et à construire des alternatives avec ceux qui conviennent que les institutions actuelles rendent impossibles des politiques favorables à l’intérêt général  : des règles antidumping social et fiscal, un protectionnisme solidaire et écologique, une lutte effective contre l’évasion fiscale, le développement des services publics et d’une agriculture paysanne, la sortie planifiée du nucléaire et du charbon avec des investissements massifs dans les énergies renouvelables. L’accord que la France insoumise a signé avec Podemos – Espagne – et Bloco – Portugal – va dans ce sens. Il doit se prolonger par des actions concrètes  : c’est le sens de la campagne commune contre l’évasion fiscale. La France insoumise et Podemos vont mener des initiatives concertées dans leurs assemblées nationales et au Parlement. La perspective est d’élargir aux autres mouvements et associations qui luttent dans le même sens et de populariser les arguments pour que le peuple s’en empare.

Propos recueillis par par Jérôme Skalski, L’Humanité


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