Mayotte Une île abandonnée par l’État

vendredi 30 mars 2018.
 

Mayotte, région la plus pauvre de France et de l’Union européenne, traverse depuis plus de trois semaines une profonde crise sociale. La grève générale est étendue à toute l’île : blocage du port de Mayotte, barrages montés sur les axes routiers principaux, opération île morte, manifestations populaires... Une des plus grandes manifestations s’est tenue le 7 mars à Mamoudzou. Ce mouvement n’est pas sans rappeler celle qui a embrasée la Guyane l’année dernière, et celles des Antilles quelques années plus tôt.

L’insécurité, l’immigration, le manque patent d’investissement depuis de trop longues années et le désengagement de l’État conduisent la société mahoraise au bord de l’implosion. Les besoins immédiats à Mayotte, ne serait-ce qu’en matière d’infrastructures de base, tel que le traitement des eaux usées, d’écoles, de structures médicales, de logements, s’élèvent à près de deux milliards d’euros. Mayotte donne le sentiment d’être laissé à l’abandon par l’État.

80 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, le taux de chômage est évalué à 26 %, sans que soit prises en compte les personnes en situation irrégulière. La situation humanitaire est devenue impossible. L’on pourrait même se demander si la Convention internationale des droits de l’enfant se trouve respectée par l’État français : des milliers de mineurs sont laissés à l’abandon.

Mayotte est la seule île de l’archipel des Comores, colonie Française jusqu’en 1975, à avoir choisi de rester française par référendum. D’Anjouan, une île encore plus pauvre à moins 70km, de nombreux comoriens partent quasi quotidiennement à Mayotte par traversée de nuit au péril de leurs vies, entassés à 40 dans des bateaux prévus pour 5, dans l’espoir d’un avenir meilleur. Le phénomène est tel que les 70 km qui séparent Mayotte d’Anjouan sont devenus un véritable cimetière marin : des estimations portent à 20.000 le nombre personnes qui y auraient trouvé la mort ses 20 dernières années. L’immigration vers Mayotte est importante et ne peut être ignorée : un peu plus de la moitié des adultes de 18 à 79 ans qui résident à Mayotte n’y seraient pas nés, selon l’Insee.

Les tensions humaines, économiques, sociales, politiques extrêmement vives qui traversent Mayotte ne pardonnent pas l’abandon politique et le désengagement de l’État. Tous les voyants sont au rouge. Il faut au plus haut niveau des engagements forts, concrets, chiffrés, signés, un calendrier et des solutions loin d’être simplistes ou exclusivement sécuritaires ; cela pour permettre une sortie par le haut de la crise souhaitée de tous.

En l’absence de réponses de l’État, manifestons aux mahoraises et aux mahorais notre solidarité la plus totale.

Olivier Plumandon


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