La Réunion : un système en crise profonde

lundi 27 février 2012.
 

Après une troisième nuit de violences à La Réunion, tous les regards étaient tournés vendredi à la mi-journée vers la préfecture où s’ouvrait une réunion cruciale sur la vie chère, et notamment le prix du carburant, détonateur des troubles. La table-ronde doit réunir autour du préfet Michel Lalande, les présidents des assemblées locales, des chambres consulaires, les représentants des associations de consommateurs, des compagnies pétrolières et des professionnels de la route.

Avec 850 000 habitants, La Réunion est durement touchée par la pénurie d’emplois  : plus de 150 000 travailleurs sont inscrits à Pôle emploi, soit près du tiers de la population active  ; 60% des jeunes sont au chômage, triste record. La moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Calculés en fonction de la situation en France, les minima sociaux, le Smic et les retraites ne suffisent pas face à la vie chère. Les prix sont si élevés que l’État verse à ses agents un salaire majoré de 53%. Un incident suffit pour tout enflammer. Depuis le début du mois, transporteurs et associations de consommateurs sont unis pour revendiquer une baisse de 25 centimes du prix du litre d’essence, avec un large soutien de la population. Tout transport à La Réunion se fait par automobile, le carburant est donc un produit de première nécessité. Mais le président UMP de région et le préfet tergiversent, les prix n’ont pas baissé. La venue programmée de Sarkozy explique-t-elle cet immobilisme  ?

Mardi, lorsque les transporteurs ont décidé, en échange d’une énième promesse de négociation, de lever le blocus des entrepôts des importateurs de pétrole, la population les a désavoués. C’est le point de départ des émeutes. Au lieu de discuter, le pouvoir fait venir des gendarmes mobiles de France pour accentuer la répression, une habitude dans cette ancienne colonie. Il est clair que ce n’est pas seulement une baisse du prix de l’essence qui réglera tout. La sortie de crise passe par de profondes réformes structurelles. Dans l’urgence, une réponse doit être apportée à la population. C’est le sens de la proposition du Parti communiste réunionnais  : 200 euros tout de suite et pendant quatre mois pour les plus bas revenus.

Manuel Marchal


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