La semaine où finit le pain blanc du pouvoir

mardi 23 janvier 2018.
 

Cette semaine a montré des inflexions dans le paysage politique. Je pense que le pouvoir a vraiment mangé son pain blanc pendant les six mois précédents. Car voici le moment où les multiples discours de Macron, qui ont saturé l’espace médiatique et fait vibrionner sans fin les lieux de pouvoirs, rencontrent la réalité. Celle que les gens ont commencé à découvrir avec les licenciements facilités, les choix de discrimination et la sélection à l’entrée de l’université, par exemple. La réplique sociale mûrit.

Dans les hôpitaux, les mouvements se comptent par centaines. Certains se déclenchent contre les conditions de vie et de travail quotidien devenues insupportables. D’autres parce que les nouvelles coupes budgétaires annoncées font comprendre à de nombreux personnels jusque-là le nez dans le guidon que l’avenir sera un enfer pire que le quotidien actuel. Dans les lycées et les facultés, une opinion hostile se construit, s’exprime, se déploie. Les syndicats de lycéens sont en action. Là où ils sont présents, ils sont écoutés comme jamais. L’UNL-SD a organisé les premiers blocages en début de semaine. Et pour nous : de notre côté, nous contribuons de toutes nos forces en faisant un grand et sérieux travail d’information en profondeur. Je pense que d’ici la fin du mois nous en serons à plus d’un million de tracts diffusés, plusieurs centaines de lycées approchés où atteint de l’intérieur, sans oublier les entrées de fac et celles des salons des étudiants.

Mais cette information politisée n’aurait aucun impact sans sa rencontre avec un état d’esprit dans la jeunesse. La méfiance règne. Le refus d’être la génération sans liberté de choix de sa vie gagne les esprits. Et cette méfiance spontanée rencontre à son tour une situation absurde et chaotique qui sent le mauvais coup. Absurde en effet, cette situation où il faut que les administrations appliquent une loi qui n’est pas adoptée. Elle se cabre. Chaotique, cette situation où il faut agir à toute vitesse sans les moyens pour le faire. Car il faudrait aller vite et fort comme l’exigerait la tactique de Macron. Du coup, les médias eux-mêmes se sentent obligés de rendre compte de ces réalités. Maintenant, tout le monde écrit et reconnaît qu’il s’agit d’une loi de sélection et de tri à l’entrée des universités. Les deux réunis portent un nom : discrimination. Beaucoup de médias acceptent donc de voir et de donner à voir la pagaille qui monte et les protestations qui l’accompagnent.

Ce fond social va rencontrer des opportunités électorales. Oh bien sûr, pas partout. Pour l’instant, on ne dispose que de cinq élections législatives partielles, dont quatre dans des circonscriptions où la droite est sortante. Mais dans ce contexte, ces élections législatives partielles peuvent être un bon révélateur politique et un signal majeur. On sait que l’abstention y sera massive. Plus importante encore que celle de juin dernier qui avait dépassé les cinquante pour cent. On nous dit que, comme nous n’étions au deuxième tour dans aucune d’entre elles, ces combats sont perdus d’avance pour nous. Erreur. Nous croyons que nous pouvons faire apparaître le refus montant du macronisme. Et que, dans cette bataille, nos arguments contribuent à faire réfléchir. Les quartiers vont-ils se faire entendre ? Les jeunes vont-ils utiliser l’élection ? Et de leur côté les électeurs populaires, hypnotisés par Macron en juin dernier, sont-ils toujours aussi acquis à la cause de celui qui les frappe sans relâche ? Pour ma part, je ne le crois pas.

Mes amis sont très mobilisés sur le terrain. Les campagnes sont très actives. C’est en soi un signal fort. Les contacts sont bons et généreux. Les députés de notre groupe participent activement aux campagnes. Des dizaines de personnes s’investissent. Naturellement, cela ne nous permet pas de pouvoir deviner où nous en sommes. Il est peut probable que qui que ce soit le sache ou puisse le savoir tant la situation est fluide, tant le « dégagisme » est à la fois fort et capable de prendre des formes différentes dans la vie et dans les urnes. Nous sommes et nous resterons la première force de l’opposition populaire, j’en suis certain. Ce n’est pas rien après les mois de bashing ininterrompus que nous venons de vivre. Parviendrons-nous à accrocher le second tour dans ces deux premières partielles du 28 janvier ? Ce serait évidemment un évènement politique dont la signification dépasserait le succès pour nous. Mais il n’est pas sûr que dans nos milieux sociaux on pense que ce soit une opportunité pour agir. Nous sommes donc actifs et déterminés, en sachant que beaucoup dépends de notre capacité à mettre en mouvement des gens qui sont très hésitants et peu informés. En tous cas, une fois de plus, nous aurons fait notre devoir.


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