La France insoumise n’a pas de temps à perdre avec Valls et Bouteldja

dimanche 10 décembre 2017.
 

La France insoumise défend le républicanisme. Certes, les autres grandes formations politiques du pays s’en revendiquent toutes. Mais c’est sous forme de slogans publicitaires creux : ces « valeurs républicaines » sans cesse évoquées mais jamais définies. Ou pour dénaturer ces valeurs : par exemple la « laïcité » à géométrie variable du FN et d’une partie de LR, ce masque pour diaboliser les Français d’origine maghrébine. La France insoumise, elle, est la seule grande force politique à défendre le républicanisme pour ce qu’il est vraiment : un projet politique concret.

La liberté républicaine, c’est abolir le pouvoir de la caste. C’est refuser la loi du plus fort qui usurpe le mot « liberté ». C’est refuser que quiconque soit enfermé à vie dans une identité collective qu’il le veuille ou non, au seul motif de sa religion présumée, de son orientation sexuelle, de ses origines ou de sa couleur de peau. C’est donner à chacun les moyens et les droits nécessaires pour s’épanouir, s’émanciper, s’éduquer, se cultiver. C’est garantir à tous le droit de croire ou de ne pas croire grâce à la neutralité spirituelle de l’Etat et des services publics, c’est-à-dire la laïcité.

L’égalité républicaine, c’est abolir les privilèges. C’est refuser que le mot « égalité » soit usurpé sous la forme d’une charité publique au compte-gouttes. C’est abolir le culte des inégalités croissantes et « ruisselantes ». C’est assurer à tous des services publics de qualité. C’est ne voir dans notre population que des citoyens à égalité politique de droits et de devoirs. C’est ne connaître qu’une seule communauté : la communauté nationale, cadre d’expression et de concrétisation de la souveraineté du peuple.

La fraternité républicaine, c’est abolir le chacun pour-soi. C’est refuser le mensonge d’un égoïsme généralisé qui conduirait miraculeusement au bien-être de tous. C’est refuser à la fois le séparatisme social des riches et le communautarisme raciste d’où qu’il provienne. C’est redistribuer les richesses, de chacun selon sa prospérité à chacun selon ses besoins, parce que « société » du latin socius signifie « l’alliance ». C’est se rappeler que l’universalisme républicain donne à la France le devoir de défendre la fraternité des peuples.

Entre autres incompatibilités évidentes, l’antisémitisme, le communautarisme, le racisme, sont donc incompatibles avec la France insoumise, puisque rien de tout cela n’est républicain. Jean-Luc Mélenchon l’a expliqué clairement dans un récent courrier à la Licra.

Donc lorsque Manuel Valls accuse en boucle La France insoumise de complaisance avec le communautarisme, il ment. Et lorsque dans une tribune à Libération, une poignée de partisans de Houria Bouteldja reprochent à Jean-Luc Mélenchon de ne pas la soutenir, ils devraient plutôt ne pas s’en étonner.

Manuel Valls et les rares partisans de Houria Bouteldja doivent surtout s’attendre à se heurter au silence de La France insoumise. A cela une raison simple : le manque de temps. La victoire complète du projet de société républicain, on le voit bien, reste à atteindre. Y parvenir tout en sauvant l’écosystème indispensable à la vie humaine : telle est la mission que la France insoumise, de facto première force d’opposition du pays, s’est fixée. C’est un labeur énorme, auquel travaillent chaque jour des milliers de militants. Donc le temps manque pour réagir aux provocations de personnalités marginales, de groupuscules marginaux, qui ont en commun d’être en mal désespéré de publicité.

Les grands médias doivent d’ailleurs s’interroger. Quand un groupuscule aux thèses racistes ne pèse rien dans la population réelle, ne sont-ils pas irresponsables de lui donner une si vaste publicité ? Quand Manuel Valls est réduit à une place objectivement marginale dans le paysage politique, n’est-il pas anormal de lui donner une exposition médiatique aussi massive ?

Thomas Guénolé Politologue

A la une SUD-Éducation 93 : l’aboutissement logique et programmé d’une stratégie « indigéniste » jeudi 30 novembre 2017 Par Évariste Pour réagir aux articles, écrire à evariste@gaucherepublicaine.org Permalien vers cet article De l’antiracisme à la racialisation

Le stage organisé par SUD-Education 93 les 18 et 19 décembre indigne et choque, par le détournement opéré des mots et pratiques syndicales, bien éloignés de l’antiracisme qu’il prétend défendre. Le mieux, est de parler de choses factuelles, et de regarder à la fois le programme, la sémantique politique choisie, et les intervenants.

On y apprend ainsi que le programme commence par « qu’est-ce qu’un-e élève racisé-e ? » avec l’intervention de Nacira Guénif et Marwan Mohammed. La première est bien connue pour être l’une des vitrines « scientifiques » des Indigènes de la république et certains vont même jusqu’à raconter qu’elle est l’auteure des discours et écrits d’une grande partie de l’organisation raciste. Une erreur de casting isolée ? pas du tout ! Peut-être une volonté de faire vivre un espace de débats avec des contradicteurs ? encore raté ! La seconde plénière de la journée, autour de « l’islamophobie dans l’éducation nationale, enjeux et débats » est animée par Marwan Muhammad , ancien directeur du CCIF (le sulfureux collectif de lutte contre l’islamophobie, qui distille davantage l’islamisme politique que la défense contre le racisme anti-musulmans). Cet ami de Ramadan, l’est aussi des mouvements associatifs très contestés : sa présence sur « Al-Kanz », site internet controversé ou encore ses liens avec Barakacity – qui derrière des actions dites humanitaires prône un islam rigoriste, ne laisse que peu de place au doute. Le responsable de cette ONG, Idriss Sihamedi, avait fait scandale lors de son passage à la télévision début 2016, quand après des demandes répétées de ses contradicteurs pour savoir s’il condamnait Daech ou le soutenait, il finissait par lâcher les propos suivants : « S’ils tuent des gens, s’ils brûlent des gens dans des cages. Je vais pas vous dire oui. S’ils tirent sur des femmes enceintes. Je vais pas vous dire ‘non je condamne pas’. Donc je pense que oui. Mais je suis gêné de la question. » Décidément tout ce petit monde se connaît bien, et ce n’est pas la présence d’un membre du Cercle des enseignant-e-s laïques (sic) qui change la donne. Et pour cause, ce cercle, qui est un collectif de professeurs de « différentes disciplines ayant publié avec Jean Baubérot un « Petit manuel pour une laïcité apaisée » aux éditions La Découverte, semble agir comme tête de pont des Indigènes de la République. La boucle est bouclée, avec la volonté de toujours tenir un double discours.

Les autres intervenants sont tous du même acabit : Fatima Ouassak du « Front des Mères », a un style et une pensée aussi bien à elle : « Parents noirs, arabes et musulmans, parents habitant les quartiers populaires, êtes-vous sereins quand vous confiez vos enfants à l’école le matin » écrivait-elle dans un texte publié cet été, sur le site « contre-attaques »1 dont nous laissons nos lecteurs se faire une opinion par eux-mêmes. Cet article a été repris sur une série de sites dont l’objectif politique n’est plus à démontrer. Il faut dire que son premier texte, signé avec Diariatou Kebe évacuait le combat antiraciste sur la question raciale, où le monde serait séparé entre blancs et non-blancs. Exit les classes sociales, et quoi de mieux que pour lutter contre le racisme, que de faire l’amalgame entre origine réelle ou supposée, ethnie d’appartenance réelle ou supposée et religion. Cette essentialisation poussée à son comble conduit aujourd’hui à des discours racialistes qui font froid dans le dos. La présence, au passage, de Pierre Tévanian qui en 2011, lui aussi proche des Indigènes et l’un des initiateurs d’un appel en 2011 contre Charlie Hebdo après une attaque au cocktail molotov, et d’Omar Slaouti, membre du NPA, va permettre à tout ce petit monde de se retrouver sous le prétexte d’une formation syndicale. Gouvernement et extrême-droite soufflent sur les braises

Cette offensive « indigéniste », qui va du simple relativisme culturel au racisme et à l’antisémitisme caractérisés, profite sans doute aux luttes de pouvoir au sein des organisations, où les adhérents se voient être pris au piège. Mais si l’incendie a été allumé par le choix du bureau de SUD-Education 93 qui en porte la responsabilité, il n’est pas le fruit du hasard et on doit aussi dénoncer ceux qui soufflent sur le feu pour le propager dans le mouvement social, telle la Fondation Copernic dans son communiqué du 22 novembre en défense de SUD-Education 93 sous couvert de défense des libertés syndicales. Il faudrait être bien naïfs ou aveugles pour s’étonner par ailleurs des tentatives d’instrumentalisation de la situation par le gouvernement d’un côté, et de l’autre l’extrême-droite traditionnelle, l’occasion était trop belle ! Le premier, qui s’en prend davantage aux libertés syndicales qu’à l’idéologie sous-jacente et en même temps clairement affichée lors de ce stage, n’aidera pas les militants laïques et de classe. L’antiracisme radical ne peut pas non plus refuser de questionner et de combattre le racisme d’État. La seconde, qui défend un programme et des idées basées également sur la discrimination et le racisme. Il faut alors, dans cette période, à la fois s’opposer au gouvernement pour la liberté des défenses syndicales et notamment du droit à la formation syndicale, et s’opposer radicalement à l’extrême-droite traditionnelle qui n’attend que ça pour diviser le peuple. Une fracture qui peut devenir une rupture dans Solidaires, et ailleurs !

Dans Solidaires, l’incendie reste pour le moment invisible en dehors, car aucune organisation n’a communiqué publiquement son désaccord même si quelques communiqués de fédérations (SUD-PTT ou SUD-Santé) ont été discrètement diffusés provoquant au sein même des différents secrétariats une exacerbation des tensions. La volonté d’imposer une ligne dans Solidaires sur la question de l’islamophobie, d’un anti-racisme détourné, ou de fréquentations avec le PIR, ne date pas d’hier : plusieurs responsables syndicaux, minoritaires et ayant abandonné depuis un petit moment le syndicalisme d’entreprise ou d’administrations, s’amusent à faire de la politique en profitant du temps syndical pour relayer ces positions en interne… et aller jusqu’à désormais les imposer, en prenant le risque d’une implosion de Solidaires.

Ce qui se déroule n’est pas limité à SUD-Education 93. On pourrait montrer que depuis des années les idées du différentialisme et du communautarisme progressent chez les personnels de l’enseignement et de la recherche, depuis le lynchage dont a fait l’objet le directeur de l’IUT de Saint-Denis, Samuel Mayol, jusqu’à l’invitation de Houria Bouteldja pour un « séminaire d’études décoloniales » à l’université de Limoges qui n’a été annulé qu’au nom de l’ordre public et non du caractère inacceptable des idées de l’invitée2.

Plus généralement, comme l’a souligné Thomas Guénolé dans une tribune parue dans Libération (« La France insoumise n’a pas de temps à perdre avec Valls et Bouteldja »)3, l’espace médiatique offert à des groupuscules ou des pratiques groupusculaires du PIR pose un véritable problème :

« Les grands médias doivent d’ailleurs s’interroger. Quand un groupuscule aux thèses racistes ne pèse rien dans la population réelle, ne sont-ils pas irresponsables de lui donner une si vaste publicité ? Quand Manuel Valls est réduit à une place objectivement marginale dans le paysage politique, n’est-il pas anormal de lui donner une exposition médiatique aussi massive ? ».

Si cette exposition est certes anormale, il il ne faut cependant pas la sous-estimer tout en la combattant. On assiste donc, en spectateurs désabusés, à une ligne de relativisme culturelle et de non-mixité raciale, incarnée par le mouvement indigéniste, et de l’autre, un ancien premier ministre représentant du libéralisme. Faudrait-il se contenter de ce non-choix, avec d’un côté un mouvement social de transformation sociale et de combat forcement accolé aux fréquentations sulfureuses et ayant comme lubie la lutte contre l’universalisme, et de l’autre un partisan de l’universalisme dans les mots et pourtant destructeur des conquis sociaux et ennemi du monde du travail ? Ce détournement de la laïcité ne peut être accepté et représente un véritable danger.

Ce cirque n’a que trop duré, dont les militants de classe antiracistes et laïques se sentent davantage prisonniers de jour en jour. Il est donc temps de réagir. Que peut faire le mouvement social antiraciste et laïque ?


Nous pensons que cette question est centrale, et ceci à plusieurs niveaux. Un prochain texte sera publié plus spécifiquement sur « nos responsabilités dans les organisations ». Dans un premier temps, il convient aux laïques et antiracistes, de s’organiser dans leurs organisations et syndicats, mais aussi de réfléchir de manière transversale à être plus forts. Il faut multiplier les initiatives d’éducation populaire, il faut multiplier les rencontres, passerelles entre nous, et se préparer à mener un combat d’ampleur pour lier combat laïque et social, sur des bases réellement antiracistes et donc universalistes.

http://contre-attaques.org/magazine...

Voir http://www.ufal.org/laicite/propaga...

http://www.liberation.fr/debats/201...


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