LFI : de l’Avenir en commun à la reconstruction du Peuple.

jeudi 11 novembre 2021.
 

La force du peuple en mouvement pour construire son unité.

L’action de La France Insoumise ne se réduit pas à de simples actions électorales et à la promotion d’un programme de gouvernement (l’Avenir en commun) mais ambitionne de reconstruire un peuple fragmenté par plus de 40 ans de néolibéralisme qui n’est rien d’autre que le peuple français. Ce peuple ne se reconnaît plus majoritairement dans sa représentation politique comme en témoigne les taux d’abstention records à l’occasion des élections nationales.

La France Insoumise (LFI) n’est pas un parti mais un mouvement politique qui s’est construit pour appuyer la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle 2017. Son programme politique élaboré collectivement est l’Avenir en commun qui comprend 357 mesures précises pour changer la vie économique sociale, politique et culturelle dans un sens progressiste, écologiste et au service de l’intérêt général. Ce programme a aussi servi de base pour les candidats de la France Insoumise lors de l’élection législative qui a suivi.

Mais la fonction politique de La France insoumise ne se réduit pas à la promotion de l’Avenir en commun. Elle a aussi pour mission la reconstruction du Peuple. Le peuple français, comme tout peuple est une construction politique. Celle-ci s’est développée avec la notion d’État-nation et s’est appuyée sur les principes républicains de l’égalité, la liberté, la fraternité et la laïcité.

Mais ces principes ont été sans cesse affaiblis depuis des dizaines d’années par des politiques néolibérales de plus en plus éloignées des réalités sociales. La puissance de l’État a été très entamée par des vagues de privatisation successive, par une interpénétration croissante entre le pouvoir politique et le pouvoir économique prenant parfois la forme de corruption. L’autorité de l’État a ainsi été discréditée. En même temps l’idée de Nation a été effacée par la puissance décisionnelle des institutions supranationales ayant plus ou moins de légitimité démocratique (commission européenne, fond monétaire international, etc.). D’autre part un grand nombre de missions confiées aux régions ont dépossédé l’État de sa puissance et de son périmètre d’intervention..

D’autre part, les principes républicains ont été dévoyés par l’ultralibéralisme : la liberté devient la liberté d’exploiter toujours plus au nom de la compétitivité, de produire n’importe où, n’importe quoi et n’importe comment, De promouvoir un libre échangisme sauvage au niveau planétaire. L’égalité est devenue de plus en plus formelle puisque les inégalités économiques n’ont jamais été aussi importantes depuis le début du XXème siècle. Quant à la fraternité, elle est battue en brèche par un individualisme idéalisé par un libéralisme faisant la promotion dans tous les domaines de la concurrence et de la compétition. Cette tendance est renforcée par le repli sur soi, la peur des autres dans une société instable et sans perspectives dont les mouvements réactionnaires font leur fond de commerce politique.

En outre, en concentrant un grand nombre de pouvoirs sur le président de la république, la Ve République fonctionne comme une monarchie républicaine où les citoyens se sentent dépossédés de tout pouvoir. Ainsi, la notion de peuple français bâtie sur la notion d’État-nation républicain se trouve désagrégé.

Mais le peuple se trouve aussi fragmenté en raison de l’évolution du salariat, devenu très hétérogène par la diversité des qualifications et des conditions de travail et de vie. La segmentation de la prédiction au niveau international et la mondialisation financière rendent difficile l’identification "d’un ennemi de classe" commun, identification qui favorise une unité d’action des travailleurs.

La division du peuple se trouve encore aggravée par les manipulations politiciennes opposant différentes catégories sociales les unes aux autres : les résidents nationaux contre les immigrés, les "assistés" contre les actifs "qui se lèvent tôt", les fonctionnaires contre les salariés du privés, les musulmans contre les catholiques, etc. Les notions d’identité ethnique, religieuse ou nationale et les problèmes sociétaux (mariage pour tous, etc.) sont instrumentalisés créant ou renforçant ainsi des manœuvres politiciennes des partis qui en font leur fond de commerce.

Enfin la notion de "peuple de gauche" s’est trouvée vidée de son sens par une politique du parti socialiste converti à l’ultralibéralisme sans même parler de sa politique de répression antisyndicale dépassant par sa violence celle des partis de droite. Et pour couronner le tout, la division des partis situés à gauche du PS, rend ces derniers inopérants pour construire une quelconque unité du peuple dont ils ont d’ailleurs beaucoup de mal à définir le périmètre.

C’est en tenant compte de tous ces facteurs désagrégateurs que Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise mènent leur action politique pour refonder ou fédérer le Peuple français. Agit donc pour restaurer la force de l’État sans sombrer dans l’étatisme, pour redonner de la puissance à la Nation française sans sombrer dans le nationalisme grâce notamment à un certain indépendantisme militaire (sortie de l’OTAN et un protectionnisme solidaire, pour redonner du sens et du contenu aux principes républicains en fondant une sixième république au service de l’intérêt général , pour mettre en place une politique économique, sociale et culturelle écologique et humaniste : telles sont les missions de La France Insoumise.

La lutte contre la fragmentation du peuple passe aussi par la mise en œuvre de l’Avenir en commun se déployant sur 5 grands axes dont nous avons dressé un panorama dans l’article suivant : France Insoumise : les cinq lignes de front du penser global http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

On constate donc que l’Avenir en commun est un outil central pour construire une société nouvelle mais que l’action politique de La France Insoumise ne se réduit pas uniquement à la mise en œuvre de ce programme. Son action réside aussi dans la reconstruction du peuple français, mission qui ne peut être accomplie que par un mouvement et non un parti politique

Mais alors quelle conception du peuple ? Nous renvoyons à notre article : Mélenchon – Le Pen : 2 conceptions opposées du peuple. http://www.gauchemip.org/spip.php?a... Rappelons avec Chantal Mouffe, que construire un peuple implique la définition d’un "Eux" et d’un "Nous". Pour LFI, le Eux est constitué de l’oligarchie économique, financière et médiatique contrôlant l’essentiel des moyens de production, d’échange et d’information et le N nous est composé de l’ensemble des salariés des salariés du secteur publics et du secteur privé auquel on peut adjoindre les artisans , les petits commerçants, les travailleurs indépendants , les les chefs des petites et moyennes entreprises notamment subordonnées à des de normes d’ordre. Ainsi, le peuple ne se définit pas par rapport à des critères idéologiques (peuple de droite/peuple de gauche par exemple) mais par rapport àde critères d’exploitation et de domination. Remarquons que généralement que le Eux et le Nous coexistent pacifiquement dans la même Nation sauf en période des guerre civile. Ou de révolution violente. La révolution citoyenne est une révolution Pacifique, non-violente, se réalisant notamment au travers la tenue d’une assemblée constituante, et conduisant par un processus démocratique à mettre un terme à la domination d’une infime minorité de la population sur l’ensemble de la société.

Hervé Debonrivage


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